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Vie de La Brochure
1 décembre 2020

Manuel Vázquez Montalbán et El Zurdo

Vazquez Montalban el zurdo

J’ai déjà évoqué le livre dont je donne l’épilogue. Un livre sur lequel je reviendrais souvent. Aujourd’hui le ciel est gris alors je me suis mis au travail. Recopier l’épilogue en espagnol et le traduire. Pour donner les deux versions car je doute de la bonne qualité de ma traduction. El Zurdo est mort juste à la sortie du livre et il témoigne ici d’une vie avec Manolo. Chaque mot est émouvant. J-P Damaggio

1) Le dessin de MVM par El zurdo et l'auto-portrait d'el zurdo

 Epilogue du livre Manuel Vázquez Montalbán, Cambiar la vida, cambiar la historia

Llúis Juste de Nin, El Zurdo

A Manolo

Ils disent qu'avec le temps, les souvenirs s'estompent. Ce n'est pas mon cas, du moins pour ces années qui vont du procès de Burgos à la mort du dictateur, et au-delà, jusqu’au clan puant auteur de la tentative de coup d'État au Congrès des députés, ces sauvages se tirant comme des voleurs suivant les ordres de qui... et de qui, camarades? Je n'ai pas encore vu de gros bonnets sur le banc des accusés. Bientôt j'espère.

Des temps de rébellion, de risque, de peur aussi, mais certainement des moments de camaraderie et de solidarité aussi, avec l'illusion de pouvoir changer les choses. Pour changer la vie, changer l'histoire.

Lluís_Juste_de_Nin

Voici des noms de l'époque comme Emili, Maria, Neus, Angels, Manolita, Jaime et Manolo, oui, Manolo Sánchez Montalbán. Ce Manolo qui a signé avec un milliard de pseudonymes comme Manolo V El Empecinado, l'un de ses plus distingués ! Pour Mundo Obrero, il a choisi Manuel Sánchez Molbatán. Curieusement, nous avons appris que la police politique sociale était convaincue qu'il s'agissait de Simón Sánchez Montero.

Imaginez combien ma relation avec lui fut intense dès qu'on m'a assigné l’illustration de son article hebdomadaire, quand j’étais le caricaturiste officiel du CCOO[1] de Catalunya, sous le nom de El Zurdo, dans la section satirique Mundo Zurdo.

«El Empecinado» a eu confiance en moi, en mon dessin quand on m’a proposé de nous réunir pour illustrer son article hebdomadaire. Je me chargeais de l'envoyer à Paris, à une adresse claire, là-bas, tout près de la Place de l’Opera, où se trouvait la rédaction de l'organe central du PCE et devant celui qui s'est avéré être un grand ami, Federico Melchor, et sa femme catalane Victoire.

En tant que dessinateur, je me rendais fréquemment à Paris et que ce soit par courrier ou parfois de la main à la main, j'apportais occasionnellement notre travail à la rédaction. Un à un, j'ai rencontré des noms mythiques du parti communiste, certains confirmant leur réputation et d'autres créant bientôt en moi une grande déception. Manolo était un enseignant et un confesseur de mes doutes, et c'est lui qui m'a dit les partager également, ces mêmes pensées.

«Après tout, Zurdo, me dit-il, tu es un Nin, disons que les entrailles du POUM[2] émergent en toi.» Il était clair Manolo, il n'a jamais été un sectaire ni même un partisan. J'ai admiré et appris sur Gramsci, Victor Serge et aussi sur le cousin de mon grand-père, Andreu Nin, victime de Staline et de ses acolytes. Je lui dois beaucoup, camarades, je te dois beaucoup, Manolo.

C'est aussi toi, Manolo, qui m'a conseillé de publier et non de réserver uniquement à ma famille un premier roman graphique que j'avais réalisé et qui a finalement est sorti en 2004 sur Planeta : «Souvenirs au crayon d'une famille catalane». Ce fut un tel succès que j'ai commencé une collection authentique de volumes comme un puzzle de l'histoire de la Catalogne, basée sur des classiques tels que Le Comte de Montecristo d'Alexandre Dumas, La foire des vanités de William Makepeace Thackeray, L’éducation sentimentale de Flaubert, La Montagne Magique de Thomas Mann... et aussi des biographies comme l'exil de Francesc Macià, la biographie d'Andreu Nin, ou celle de Salvador Seguì : "L'enfant de Sucre"... Cette année j'ai publié le numéro 16 avec lequel mon puzzle historique est en cours de réalisation. Et tout cela grâce au courage que m'a donné mon bien-aimé et tant désiré Manolo, professeur de pensée et de raison, et surtout d'anti-dogmatisme.

Et ce ne serait pas juste si je ne parlais pas de mon autre grand professeur, Andrés Vázquez de Sola, éducateur de ma ligne de dessin, et du concept propre de synthétique, de compositions, m’incitant à étudier le meilleur sans jamais imiter. Mon grand professeur, que j'ai eu la grande chance de rencontrer dans son exil parisien.

Andrés et Manolo, mes professeurs, «amis par sempre» (en catalan dans le texte).

Epilogue_du_livre_Manuel_V_zquez_Montalb_n_en_espagnol



[1] Commissions ouvrières, le syndicat proche des communistes

[2] POUM parti propre à la Catalogne éliminé pendant la guerre civile par les communistes.

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