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Vie de La Brochure
16 décembre 2020

Un clin d'oeil à Lila Downs

https://www.youtube.com/watch?v=iRbWAwtZyOU

lila downs

 

Par hasard je repense à Lila Downs. Une autre façon d'aller voir le Mexique. JPD.

Voici un article que je lui avais consacré quand elle passa à Toulouse.

17 juin 2011

Lila Downs, Justicia, Toulouse

Mercredi 15 juin, 20h, le soleil est impeccable sur la Prairie des Filtres à Toulouse, le concert de Lila Downs peut commencer. Nous sommes en plein air, les gens vont et viennent, téléphonent, mangent, parlent, ils sont de plus en plus nombreux et loin sur la scène la « diva » danse de tout son corps et chante de toutes ses voix. Elle n’est plus la femme svelte d’il y a dix ans mais qu’importe les rondeurs elle porte en elle une énergie à faire bouger la condition humaine. Elle peut jouer la chère « palomba » mexicaine (elle cherche la traduction qui pourrait être le vulgaire pigeon mais qui devient la belle colombe) ou le simple poulet, chaque chanson est un spectacle en soi et je pense par bien des côtés à Juliette qui pousse plus loin ses projets : c’est tout le spectacle qui est conçu comme une chanson !

Lila Downs porte toujours ses bottes de cow boy que les caméras montrent parfois avec précision sur le grand écran bien pratique en la circonstance et comme la plupart des chanteurs des Amériques elle offre un répertoire reprenant des classiques de la chanson mexicaine, et ses créations personnelles. Les musiciens chantent avec elle. De toute la programmation sur cette scène du Rio Loco elle est la seule femme comme Nathalie Natiembé (de la réunion) est la seule femme sur la scène village. Là comme ailleurs la place faite aux femmes est minime, ce qui fait que les femmes sont rares à se lancer dans une pareille folie, donc on ne peut que leur faire une place minime… Parmi les musiciens de Lila, une femme, l’accordéoniste qui, autant que la harpe ou le cajon, apporte un son mexicain.

Quand on ne connaît pas un répertoire, il est difficile de tout suivre aussi je vais m’en tenir au moment où elle se met la casquette nord-américaine et prend en partie le ton du rap ou du slam pour chanter Justicia, un morceau que vous découvrirez sur internet sous mille formes.

Comme avant chaque morceau, Lila Downs s’empare d’un signe distinctif, un châle, une bouteille de mezcla en l’honneur de sa région d’Oaxaca et cette fois elle met la casquette typiquement nord-américaine. Une musique réduite à quelques coups secs de batterie, une voix de rap mais là aussi c’est le mélange, le métissage, au bout d’un moment revient la douce mélodie, la subtilité d’une voix qui n’est plus martelée un peu comme si à la dureté de la révolte il fallait ajouter mes merveilles de l’espoir.

Justicia est le moment le plus politique de la soirée et comme pout les autres chansons le texte n’est pas linéaire avec le rythme classique couplet, refrain. Comme avec tant d’autres artistes des Amériques, les mélodies prennent le pas sur les textes aux refrains répétés à haute dose. Son interpellation de la Justice, comme Eluard interpella la Liberté dans un poème fameux, déroute l’auditeur. On comprend quand arrive une sorte de refrain : « ¡Justicia! / Te busqué en la calle, / te busqué en el diario, / la televisión, / en las voces sordas de los tribunales. » (Justice ! je t’ai cherché dans la rue, sur le journal, à la télévision, dans les voix sourdes des tribunaux.). Mais on a l’impression qu’il y en a un autre : « Sigo creyendo, que lo malo acaba, / que lo bueno viene, / la conciencia te llama. » (je continue de croire en la fin de mal, et en l’arrivée du bien, et que la conscience fait appel à toi. » ; un peu comme si le texte était double avec d’un côté le rapport de la chanteuse à la quête de justice et de l’autre le fait des autorités qui refusent la justice.

Le 16 octobre 2009 dans sa ville de Tlaxiaco qui avait décidé de lui rendre un vibrant hommage, la version de Justicia est différente car la chanson peut évoluer, se donner un couplet de plus et au Mexique le cajon n’est pas le seul élément sud-américain de la batterie. Mais, dans la bouche de l’artiste, la même rage, le même corps en mouvement, et la même espérance en de rêves de justice.

Que l’évocation de ce moment du concert n’efface pas le reste et que l’artiste n’efface pas la qualité de ses cinq musiciens, du Venezuela, Chili, Mexique qui à chaque moment ont fait cœur avec la chanteuse.

17-06-2011 Jean-Paul Damaggio

 

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