Elena Ferrante

Je termine la lecture de cette écrivaine cachée qui serait en fait un couple écrivant très âgé. Elena Ferrante serait un pseudo en hommage à Elsa Morante. L'amie prodigieuse qu fut un immense succès de librairie a donné lieu à un feuilleton télé. La vie mensongère des adultes suit les traces du précédent : vie de gamines, les luttes avec les parents, le rapport savoir physique et savoir intellectuel, la ville de Naples confrontée à Milan, avec à la fin le détour par Venise..

La nouvelle héroïne de Ferrante se nomme Giovanna. Le milieu dans lequel elle grandit ne ressemble pas à celui de Lena et Lila, les deux héroïnes de l’amie prodigieuse, venues des bas quartiers napolitains mais les soucis sont les mêmes.

On reste à Naples et si Giovanna est fille d’enseignants cultivés et reconnus, politiquement engagés, comme leur couple d’amis, parents d’Ida et Angela, ses complices, elle découvre l’existence d’une tante paternelle cachée, qui symbolise les dits bas quartiers, Vittoria.

Nous avons encore une vie de jeune fille faite de troubles, d’émois et de trahisons, dans l’ombre de parents à la fois présents mais enfermés dans leur désir d’érudition.

L’histoire est racontée à la première personne avec narratrice qui accumule les complexes sur son physique en comparaison de celui de son amie si jolie mais ignorante.

Nous assistons à la confrontation de deux mondes qui semblent irréconciliables. Giovanna apprendra à connaître, aimer et se méfier de cette tante, femme de ménage, alors que son frère enseigne la philosophie et l’histoire. L’un a renié l’autre. L’autre n’a plus que mépris. La question du mensonge occupe une part importante. Il y a ceux des adultes, bien sûr, mais aussi ceux de Giovanna : « Je perfectionnais ma manière de mentir en disant la vérité. » Si le thème de l’amour est présent, l’auteur n’écarte pas celui du sexe et de son apprentissage. Comme un passage à la vie adulte, avec ainsi la promesse d’une suite prévisible vu que la gamine raconte sa vie à 12-18 ans et qu’en conséquence tout est en place pour un deuxième tome. Entre le monde populaire et le monde intellectuel, Roberto fait figure de massacreur de clichés. J-P Damaggio