Zola-Cladel, lettres de Julia

Il y a eu autant de points d’accord que de points de désaccord entre Cladel et Zola.

Et Cladel en particulier n’hésita pas à marquer sa différence. En 1878 Zola présente Cladel.

Cependant leur amitié a traversé les épreuves et ces deux lettres de la veuve de Cladel à Zola en témoignent. Elles ne sont pas datées mais la première, sans nul doute, fait suite à l’enterrement de Cladel où Zola rendit un grand hommage au vieil ami. La deuxième qui fait référence au roman Paris, doit donc être d’avril 1898. J-P Damaggio

Cher monsieur,

Merci merci du fond du cœur. A la fin de cette semaine quand j’aurai revu mes plus jeunes enfants encore éloignés de moi et ne connaissant pas tous leur malheur, quand je serai retourné à la tombe de mon cher Léon, quand enfin, j’aurai repris un peu conscience de moi-même, j’irai avec ma grande fille à Meudon pour serrer le main généreuse qui a tracé les belles lignes que vous avez bien ( ?) avec si grande et sincère émotion et pour vous apporter ce portrait, le dernier qu’on a pu faire de celui que vous avez tant touché l’an dernier et qui vous en a été si profondément reconnaissant.

Bien à vous Monsieur pour les miens avec les bonnes affections de ma grande Judith

Veuillez recevoir pour Madame Zola mes meilleurs sentiments de curiosité Julia Cladel

24 rue Pavée             Samedi 2 avril

 Cher monsieur,

 Comme vous devez me juger mal de ne vous avoir pas encore remercié pour l’envoi de Paris ! vous qui malgré vos innombrables et incommensurables et inoubliables préoccupations avez songé, malgré tout, à vos vieilles amies. C’est que moi aussi j’ai eu de grosses émotions d’un tout autre ordre que les vôtres mais bien astreignantes, je vous assure. Ma grande fille vient d’être malade, elle a eu la scarlatine, maladie peu dangereuse mais qui laissait craindre des complications étant suite de notre déménagement sans doute : elle se sera trop fatigué au rangement de ses chers livres. Nous habitons maintenant 24 rue pavée au marais, là où habite Daudet chez qui, si je ne me trompe nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Aurez-vous un jour le désir de revoir ce coin et vous ferez nous la bonne surprise d’y venir pour quelques heures auprès de nous !

Je ne vous dis pas combien ça serait aimable de votre part. Je préfère que vous en jugiez par la plaisir que nous en éprouverions.

Recevez cher monsieur, pour vous et Madame Zola les sentiments affectueux de toute la famille.

Julia Cladel