Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vie de La Brochure
23 janvier 2021

La religion aujourd’hui : clergés et croyants

Réduire les guerres de religion à des guerres économiques c’est mépriser les croyants et masquer les clergés.

Je veux bien, derrière toute réalité, y chercher l’explication économique qui dirige le monde, mais cette explication n’efface pas les autres faces de ce même monde. La religion fut bien antérieure au capitalisme et elle lui sera bien postérieure. Pourquoi ? Car la religion reste un fait largement populaire qui, dès sa naissance, dépasse les conditions matérielles de son apparition.

L’exemple est bien connu de la guerre contre les cathares : pour la France du pouvoir, les Albigeois (terme que je préfère à celui de cathare) furent un prétexte de guerre, pour élargir le champ de la dite France, sauf que les Albigeois n’ont pas été inventés par ceux qui avaient besoin du prétexte ! Les Albigeois furent une réalité religieuse et, facilement, le pouvoir en place a pu utiliser la foi catholique, pour mener sa croisade.

Autant je m’insurge quand on masque les dessous économiques, autant je m’insurge quand on réduit le fait religieux à lui-même.

On a donc en parallèle une évolution considérable du fait religieux et de l’autre une évolution considérable du fait économique. Et ces deux évolutions n’avancent pas du même pas. Le socialisme cher à l’URSS devait en finir, de par le système économique et social, avec le monde des croyants, et il n’en fut rien. Alors les maîtres de la Russie d’aujourd’hui se changent en serviteurs serviles d’un clergé capable d’échanges de service.

Je ne fais là que reprendre la double vision que Marx avait de la religion : un opium utilisé par les clergés, un besoin historique pour des croyants. Certains ont cru et croient encore qu’en détruisant l’opium, le besoin disparaitrait, et tel est le mépris exprimé envers des croyants qui, de tout temps, ont démontré que s’ils pouvaient être dépendants de la drogue, ils pouvaient aussi s'en libérer.

Tout ce détour pour contester radicalement qu’à trop parler de l’islamisme on risque d’alimenter une guerre de religion, et quand on trouve ce propos dans la bouche de ceux qui nient les guerres de religions sous prétexte qu’il s’agit seulement de guerres économiques, la bouche est bouclée.

Le système de complaisance envers l'islamisme commence en délaissant d’abord le mot Algérien au profit du mot Maghrébin, puis le mot Maghrébin au profit du mot musulman. Un Algérien n’est pas un Marocain et tous ne sont pas les mêmes musulmans. Pour qu’ils deviennent les mêmes musulmans les islamistes veulent en revenir à l’islam des premiers temps, celui d’avant les nations.

Donc dénoncer fermement l’islamisme c’est redonner aux croyants la possibilité de leur propre foi, et non pas celle utilisée pour une guerre de religion. Le modèle est venu d’Iran. Pour combattre à juste titre le développement du pouvoir du Shah, l’islam est devenu le moyen de créer la communauté capable de s’opposer à la destruction de toutes les communautés voulues par le capitalisme. Sauf qu’en retour, le nouveau clergé en place n’a toléré qu’un type de communauté la sienne ! De la destruction des communautés (la source fondamentale du retour actuel au religieux), on est passé à l’imposition d’une seule communauté ! Voilà un lien concret entre évolution économique et religieuse.

Et il faudrait que partout dans le monde le modèle se répète pour le bien des clergés ! Donc en France, les musulmans, symbolisant la classe exploitée, devraient devenir le fer de lance de la révolution sociale ! Voilà la pensée qui pousse vers la guerre de religion, et non l’inverse ! Et toute complaisance envers cette pensée là est le pire des non sens pour tout espoir de révolution sociale, car elle masque le rôle des clergés, et interdit toute évolution des croyants. Dans le contexte français, elle alimente le vote FN-RN. Des bien-pensants viennent alors rappeler que la religion, catholique a commis l’inquisition et qu’il faut laisser à l’islam le temps d’évoluer. Mais pourquoi cette évolution de la religion catholique ? Car les clergés ayant été cantonnés à un rôle social limité, les croyants ont pu alors évoluer. Aucun clergé n’est la source d’évolutions religieuses qui se réalisent seulement par l’action des croyants (une grande partie du bas clergé fut à la source de la Révolution française) et pas forcément les hérétiques qui souvent n’aspirent qu’à créer un autre clergé.

J-P Damaggio

Publicité
Publicité
Commentaires
Vie de La Brochure
Publicité
Archives
Newsletter
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 1 023 471
Publicité