Biden le président du numérique

Biden est le nouveau président des USA. Donc pour la troisième fois de l’histoire le président sortant a été battu. J’ai écrit un article Trump a perdu et auparavant et si Trump perdait et donc aujourd’hui nous avons la réponse, à savoir un événement certes symbolique mais, venant des USA, toute symbolique est considérable quand on se souvient du poids global du pays. J'ai repris l'article sur Trump a perdu en le complétant.

Comme dans plusieurs autres pays du monde les gestionnaires de la pandémie y ont laissé des plumes ou vont y laisser des , mais ce point seul n’est pas la cause de la mutation en cours. Il joue seulement le rôle d’accélérateur.

Après le Trump spectacle à tous les étages, nous allons avoir le Biden numérique. J’ai entendu les pleurs au nom de la liberté d’expression, quand twitter a viré Trump, ou quand CNN n’a pas retransmis le discours du président, comme si, en leur fondement mêmes, les réseaux asociaux étaient un élément de la liberté d’expression ! Le XIXème siècle a inventé des réseaux vraiment sociaux appelés partis politiques, syndicats, associations loi 1901. Ils créaient du collectif mais on va me répondre, que sans facebook pas de gilets jaunes, à savoir, un grand moment de rencontres sociales ! Un grand moment très beau j’en conviens, mais éphémère ou gazeux comme dirait l’autre. Les réseaux asociaux visent à nous atomiser toujours plus, et à tuer la mémoire par la victoire de l’éphémère (bien tenir les deux bouts du problème). J’ai écrit deux livres sur les gilets jaunes et j’ai vérifié à chaque instant l’individualisation et l’éphémère. Les réseaux asociaux ne contribuent à liberté d’expression que dans la mesure où l’expression est individuelle et donc destructrice des liens collectif. D’où le retour du religieux, du communautarisme car l’individu humain seul dans l’espace et le temps, meurt par avance !

Et Biden dans tout ça ?

Il est le porteur de cette nouvelle bourgeoisie numérique habitée par la force du numérique mais aussi par sa faiblesse. La force tient à sa capacité à communiquer, qui rime avec niquer aimait dire mon ami Max Biro, et la faiblesse tient au faible lien avec la matière concrète, je veux dire la production industrielle.

Il existe à présent Facebook, Youtube, Twitter, Instagram, Twitch et Tik Tok et comme pour les chaînes d’infos en continu l’overdose est au bout. La nouveauté s’appelle Tik Tok avec la Chine qui pointe le bout de l’oreille. J’utilise seulement facebook et c’est déjà beaucoup !

Donc nous vivons dans un monde sous contrôle avec d’un côté les USA qui brassent un vent porteur de milliards, et de l’autre la Chine qui embrasse des milliards porteurs de produits. Même Trump n’a pas pu redonner aux USA la gloire de 1945 ! Faut-il se réjouir de cette marginalisation des USA que Biden va assumer ? Je me suis réjouis quand le Vietnam a obligé les USA à quitter le pays mais aussitôt un nouvelle stratégie s’est mise en place pour rendre le système capitaliste plus fort. La bourgeoisie numérique va travailler à la réorganisation des forces pour aller vers un capitalisme plus puissant encore, et si elle doit composer avec le pouvoir chinois pourquoi pas ! Comme la mutation libérale des années 1980 a réussi à changer les données de la lutte des classes, la nouvelle mutation (contenue dans la précédente) suppose, pour la combattre, une prise de conscience de sa nature et une réorganisation des ripostes. Trump aurait retardé cette mutation trop attaché qu’il était à son rôle d’acteur et d’ailleurs à trop promotionner l’éphémère il s’est rendu éphémère. Peut-il revenir vu que les problèmes de fond de la société made in USA vont persister et vu que Biden a annoncé que pour une fois le sortant ne se représenterait pas ? Il peut peut-être devenir gouverneur de la Floride et là pas de limitation du nombre de mandats !

Juste un point de plus : la place du religieux aux USA a été vérifiée une fois de plus avec la cérémonie d’investiture. Là il ne s’agit pas d’un spectacle mais au contraire d’une ossature du système. Et ce point structurel comme d’autres, est un modèle à destination mondiale car il est de plus en plus adaptable à toutes les bourgeoisies. Plus les réseaux asociaux créent du vide autour de chacun plus la retrouvaille religieuse devient une fête, pas une prière mais bien une fête comme les Noirs des USA ont survécu (et survivent) en s’aidant d’une religion en fête.

J-P Damaggio