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Vie de La Brochure
25 janvier 2021

Cladel, La Commune et l’anti-centralisme

buste cladel

Cladel donna de la Commune un portrait anti-centraliste né de la configuration du roman I.N.R.I. : un héros quercynois et une héroïne parisienne. En voulant redonner leurs droits aux communes, les communards étaient-ils vraiment anti-centralistes ou Cladel se sert-il du sujet pour confirmer l’engagement de sa vie, comme il est possible de le lire dans le passage que je reprends. Sur ce point comme tous les autres il y a eu plusieurs communes.

D’abord précisons : le centralisme est l’excès de centralisation, comme le nationalisme est l’excès de patriotisme.

La Révolution a créé en effet des départements contre les régions mais pour une raison simple : les régions avaient été utilisées comme instrument des rois pour mieux exercer leurs pouvoirs, et les départements étaient une institution politique plus réduite pour rapprocher le pouvoir du citoyen.

Or dans le projet de la Commune, le pouvoir communal désignerait des délégués pour le département et les départements des délégués pour la nation sans passer par l’échelon intermédiaire des régions. Certes la pyramide était inversée, le pouvoir allant cette fois du bas vers le haut, avec chaque échelon pouvant exercer ses propres droits, sauf que si la France a pu passer de la centralisation au centralisme cela tient bien sûr au centre toujours plus avide de pouvoir, mais aussi au fait que la tâche lui était facilité par l’écart considérable entre les départements et Paris. De même le très grand nombre de communes permettait au pouvoir central d’émietter le pouvoir local. Depuis nous avons eu le retour aux Régions : Auvergne, Aquitaine, Bretagne, Provence, ayant comme les départements… des préfets à leur tête, et des Etats Unis d’Europe qui n’ont rien de l’esprit de la Commune. JPD

Buste de Léon Cladel (1894) par Antoine BOURDELLE (1861-1929) | Statue en bronze | Musée Jardin Bourdelle à Egreville | Photo Hervé Leyrit.

Ce buste est en extérieur alors que celui de Montauban est au musée !

 I.N.R.I.

En l'état nouveau, les indigènes de la basse classe à laquelle ils appartenaient tous [les révoltés du 18 mars 1871], s'applaudissaient du triomphe de leur ville, la première du monde à tout jamais, et les provinciaux, eux, sentaient très bien, de leur côté, que la centralisation de toutes les forces de cette prodigieuse métropole, où beaucoup d'entre eux avaient élu domicile, étant brisée, elles ressusciteraient leurs petites patries du Nord ou du Midi, de l'Est ou de l'Ouest absorbées par la France en 90, quand furent instituées ces divisions arbitraires appelées départements.

On avait cru, jadis, que les provinces s'immoleraient entièrement à l'unité nationale, avec leurs mœurs, leurs coutumes, leurs lois et même leurs dénominations respectives et ce fut une funeste erreur que partagèrent les pires de nos gouvernants et les meilleurs de nos historiens,

Oh ! non, non, il n'avait jamais été dans la pensée des peuples de la langue d'Oc et de la langue d'Oil d'abdiquer leur autonomie en s'unissant plus étroitement à celui de la reine des cités, Athènes et Rome à la fois.

S'il avait été vrai qu'ils se fussent assez contraints, en 90, pour paraître oublier de quelle province, ils étaient et que, jusqu'au jour de la Fédération où chacun put se croire Français, ils eussent eu l'humilité de ne voir en eux-mêmes que de vils Provençaux, d'ineptes Limousins, ou de sauvages Comtois, auraient-ils été secoués, en 91, d'un si beau transport en entrevoyant, ceux du Midi, que, non seulement la Guyenne, le Languedoc, le Dauphiné, le Roussillon, l'Auvergne allaient revivre, chaque région de sa vie propre, mais encore que, dans la Guyenne, il y aurait, aussi florissants que jadis, le Périgord, le Rouergue, le Quercy, la Gascogne, l'Armagnac, la Lomagne ; en Languedoc le Gévaudan, le Carcossez, le Velay, le Lauraguais, le Vivarais ; en Dauphiné le Grésivaudan, le Valentinois, le Tricastin ; en Auvergne, la Limagne, le Combrailles, et la Planèze de Saint-Flour; ceux de l'Ouest et du Centre en se disant que la Bretagne, le Maine, l'Angoumois et la Saintonge, l'Anjou, le Poitou, le Berry, le Nivernais, la Tourraine, ainsi que les divers territoires dont ces pays se composent, le Léonais, la Cornouaille, le Penthièvre, l'Aunis, le Bocage, la Plaine, le Marais, la Brenne, la Sologne, le Morvan et la Champagne, pouilleuse ou non, jouiraient, ainsi qu'autrefois, de leurs inaliénables franchises ; enfin, ceux du Nord et de l'Est habitant la Bourgogne, la Normandie, la Flandre, la Picardie, l'Artois, la Lorraine et l'Alsace conçurent à merveille aussi que, tout en continuant à se rattacher au conglomérat national, ils seraient en outre, désormais, ce qu'ils avaient cessé d'être depuis quatre-vingts ans déjà, c'est-à-dire Alsaciens, Lorrains, Picards, Flamands, Normands ou Bourguignons, et caetera.

Bref, en un mot, tous les citadins venus des quatre points cardinaux se montraient aussi ravis du futur régime que leurs frères de l'lle-de-France et chacun saluait l'aurore d'une ère nouvelle où la concorde et l'harmonie régneraient des Pyrénées à l'Oural, où, grâce à l'alliance internationale des travailleurs et chaque commune du vieux continent possédant la plénitude de ses droits, il serait facile de supprimer les frontières ainsi que les rois et tous les oisifs, non moins inutiles qu'elles-mêmes, et de fonder enfin les Etats-Unis de l'Europe.

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