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Vie de La Brochure
20 mars 2021

Le rugby à XIII en 1940

Voici un article de La Dépêche de 1940 à un moment où le rugby à XIII devine qu'on va l'interdire mais où il espère encore, et se défend. D'un point de vue général Marie-George Buffet avait demandé en 2002 un rapport sur la question du sport sous l'occupation. Ce rapport a donné lieu à un livre quinze ans après (!) au prix de 30 euros alors que généralement des rapports sont à disposition gratuitement sur internet (ils sont déjà payés avec l'argent public)  : La politique du sport et de l'éducation physique en France pendant l'Occupation Jean-Pierre Azéma, Patrick Clastres, Marianne Lassus, Comité d'histoire des ministères chargés de la jeunesse et des sports (France). On y parle de l'interdiction du rugny à XIII mais je ne suis pas allé voir. Bref voici le document plutôt amusant. JPD 

La Dépêche 5 septembre 1940

LE RUGBY A TREIZE CONTINUE

Dans son assemblée générale, tenue dimanche dernier, la Ligue française de rugby à treize a décidé de continuer son œuvre de maintenir l'activité de ses clubs et de poursuivre la pratique du Jeu régi par ce code particulier.

Notons qu'il a été décidé aussi d'appliquer à tous les joueurs les règles du plus strict amateurisme. Mais c'est un sujet que nous n'avons pas, pour aujourd'hui l'intention d'examiner. La distinction entre amateurisme et professionnalisme dépasse tel ou tel sport : on ne peut concevoir que tel Jeu soit exclusivement professionnel et que la pratique doive en être interdite aux amateurs.

En particulier, sur le point qui nous occupe, le rugby à treize, depuis son importation en France, a fait de nombreux adeptes dans les rangs des joueurs amateurs et il a rassemblé sous son égide un ensemble imposant de clubs dont on ne saurait soupçonner le désintéressement ni le bon esprit sportif.

PAS LE MEME JEU

Le Jeu de rugby à treize, s'il est directement dérivé du rugby à quinze, en est devenu assez différent pour revendiquer sa personnalité propre. Et les Rugby-Unions de Grande-Bretagne l'ont elles-mêmes reconnu, en dressant entre les deux règles une telle frontière qu'elles interdisent à leurs adhérents la pratique du rugby à treize. De même qu'elles se sont opposées aux efforts de la Nouvelle-Zélande et du Pays de Galles pour introduire dans les règles dites orthodoxes certaines innovations inspirées du rugby à treize : comme le retrait du demi derrière la mêlée ou l'interdiction du coup de pied direct en touche.

Les différences ne sont pas grandes. dira-t-on... Sans doute, mais elles suffisent à donner aux deux jeux des allures qui les distinguent nettement l'un de l'autre.

La mêlée perdant de son importance donne dans la ligne d'avants la suprématie à la vitesse, au lieu, du poids et de la puissance. Ce n'est pas mieux, c'est autre chose.

Le retrait obligatoire du demi derrière la mêlée favorise les départs des lignes arrières, comme l'interdiction du coup de pied direct en touche enlève à la défensive un moyen dilatoire négatif. Le fameux « jouer la montre » perd beaucoup de sa vertu.

Mais je n'ai point l'intention de récapituler toutes ces différences. Elles existent et suffisent à faire du «XV» et du «XIII» deux jeux qui ont chacun leur individualité.

PLUS ACCESSIBLE

Ajouterai-je que le code des treize est plus accessible à ceux qui n'ont point acquis la forte discipline, la vieille tradition soigneusement conservée dans les collèges et les clubs d'outre-Manche. Le rugby à quinze est un sport où la tradition tient une place telle que les règles écrites ne la suivent que de loin. Et que l'on peut, de très bonne foi, suivre la règle à la lettre et pratiquer un sport qui n'a du vrai rugby que le nom.

La règle du rugby à treize moins traditionnelle, est plus aisée à mettre en œuvre. Surtout en ce qu'elle permet bien moins le «truquage». Ce qui est d'ailleurs tout à l'éloge du rugby à quinze. Dans celui-ci, on peut tricher, si l'on n'est pas retenu par sa conscience, par son amour du «fair play ». Mais alors, on ne joue plus au rugby, et c'est par ce « self control » qu'il est vraiment un sport d'élite.

Le rugby à treize, plus ouvert, plus clair, rend ces petites tricheries plus difficiles : elles se voient trop.

L'ORGANISATION DES CHAMPIONNATS

Arrêtons ici ces considérations générales pour en revenir aux décisions de l’assemblée de la Ligue.

Elle a jeté les bases des compétitions qui seront disputées au cours de la saison qui s'ouvre.

A la base, championnats départementaux ou interdépartementaux. Ceci de toute évidence, afin d'éviter en début de saison les déplacements onéreux. Que tous les matches, dans ces conditions, ne soient pas parfaitement équilibrés, voilà qui est hors de doute.

L'intérêt sportif y perdra ? On le veut bien, Quoique, à l'occasion, des équipes de classe équivalente se trouveront en présence. Du moins les clubs modestes y trouveront-ils au contact des grands, de précieux enseignements, et les grands eux-mêmes, exempts du souci du résultat pourront-ils perfectionner leur jeu et acquérir un entraînement profitable,

Deuxième étape : les championnats des « cinq provinces » : Languedoc, Roussillon, Guyenne, Béarn et Provence. Cela commencera à devenir plus sérieux; chaque championnat départemental y déléguera ses deux ou trois premiers, selon son importance.

Puis les premiers, ou les deux premiers de chaque championnat de province, seront qualifies pour le championnat de France.

Dans son ensemble, cette organisation se tient et permet quelque espoir. Les petits clubs auront un début de saison au cours duquel ils pourront se perfectionner et faire leurs preuves. Ils pourront, à l’occasion, affirmer leur mérite. L'histoire du rugby français prouve que cet espoir n'est pas toujours vain.

Et le championnat de France, ouvert aux clubs qui auront fait leurs preuves dans cette série d'éliminatoires sera un moment de couronnement de la saison.

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