Donner du sens au non sens ?

Peut-être me faut-il d’abord donner des exemples.

Dans un article précédent j’évoque la notion de progrès. Autrefois c’était simple, il y avait le progrès à gauche, et les réactionnaires à droite. Chacun pouvait dialoguer sur la base d’un sens commun du mot. Aujourd’hui on ne sait plus le sen du mot.

Dans un article précédent j’évoque un Equatorien de gauche qui accuse Correa d’être un anti-impérialiste qui s’agenouille devant l’impérialisme chinois. La Chine est-elle impérialiste ? Un pays puissant devient-il inévitablement impérialiste ? Mais qu’est-ce que l’impérialisme ?

A chaque pas soit il faut un grand talent pour redonner du sens à des mots égarés soit l’incompréhension guette celui qui écrit.

Prenons le mot science qui a toujours signifié à la fois découverte d’une vérité, puis remise en cause de cette vérité.

Voilà que tout se fige : soit la science dit la vérité soit elle dit le mensonge. Et la science est condamnée dans les deux sens.

Sauf que le langage étant ce qu’il est, la réalité poursuit son chemin ! Celui bien sûr de la logique capitaliste qui est dans l’obligation de masquer la dite logique qui lui échappe en partie.

Ce qui nous renvoie au mot histoire et donc au mot religion…

 Faut-il d’autres exemples ? Démocratie, Immigration, Football etc…

L’opération consistant à la perte de sens est-elle organisée, programmée, inévitable ?

Donner du sens n’est pas un problème seulement d’aujourd’hui mais aujourd’hui –suis-je le seul ?- j’ai la sensation d’avancer mes mots dans des sables mouvants. A moins qu’il ne s’agisse d’une tempête de mots qui interdit tout abri pour développer une autre logique.

Je pense au mot et à la réalité qui firent ma vie : l’école.

Elle était toujours en débat avec d’un côté ceux qui pensaient que l’ignorance était signe de soumission et qu’au contraire le savoir était source d’émancipation. En conséquence que dire de tout savoir déversé pour faire de nous les plus ignorants du monde ?

Nous sommes pris en tenaille entre l’arbre qui cache la forêt et une forêt sans arbres ! L’arbre qui cache la forêt est un fait ancien pour réduire le champ de vision, et la forêt sans arbres est matérialisée par l’art abstrait.

Face aux forces dominantes dont le souci permanent est de cacher la réalité (car elle n’a rien de virtuel) comment trouver l’expression (le discours) capable de nous conduire à elle ?

J’ai beau m’arracher les cheveux la solution m’échappe. Comme je cultive ma propre généalogie je sais que d’autres ont cherché et eux aussi sans succès, sauf que la solution devient de plus en plus décisive.

J-P Damaggio