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Vie de La Brochure
30 mai 2021

Saint-Antonin, ville thermale, 1962

 

l'escalier st-antonin

Au début des années 1980 quand je me suis lancé dans l'éude de l'usine à fer de Bruniquel j'ai rêvé d'écrire aussi sur l'histoire thermale de Saint-Antonin. Le rêve ne sera jamais réalité mais voici un article de Piere Bayrou de 1962 qui serait une belle base de travail. En effet la tradition voudrait que les inondations de 1930 aient mis un terme aux thermes (voir article de 2014) or c'est là une façon de disculper les véritables assassins du projet ! Pierre Bayrou n'aura pas vu se réalisr le rêve de 1962 ni les suivants malgré les sommes d'argnt public tombées dans de bobes mains. J-P damaggio. 

 La Dépêche 2 juillet 2014 (les balivernes)

Au début de XXe siècle, le maire Paul Capin rêvait de faire de la cité, une ville thermale. Pour ce faire, il entama d'importants travaux pour amener les eaux de la source de Saleth, en amont, jusqu'en ville. Cette eau minéralisée était depuis longtemps connue pour soigner notamment le diabète et la goutte. Des bains sont ainsi inaugurés en 1924 place des Moines. Six ans plus tard, l'inondation de mars 1930 ruinait le projet de cure thermale, le système d'adduction d'eau ayant été emporté par l'Aveyron. Un coup dur pour la ville qui attendra 1990 pour exploiter à nouveau sa fameuse eau de la source de Saleth, mise en bouteille sous le nom de Saint-Antonin. Une eau minérale connue depuis des siècles pour être riche en calcium, magnésium et pauvre en sodium.

 La source minérale de Salet, La Dépêche, mai 1962 Pierre Bayrou)

L'heure est venue de parler d'elle, puisque nous savons qu'elle est l'objet, en ce moment, des attentions officielles, et que certain projet d'adduction est en train de se préciser dans la pensée de nos édiles. Il ne s'agit plus, cette fois, de quelque ambitieuse chimère d'hurluberlus mal informés. Les choses ont changé, en effet : Un esprit de résolution et de clairvoyant réalisme anime désormais nos administrateurs. C'est surtout à leur usage que nous publions les notes que voici : Elles sont de nature, croyons-nous, à les encourager, les aider peut-être à réaliser leur dessein.

On aurait tort de croire que c'est seulement une tradition locale et récente, fondée sur un empirisme naïf, qui attribue à notre source ses vertus et ses bienfaits. Certes, quelques uns d'entre-nous se souviennent encore de l'aimable usage qui réunissait à Salet, tous les ans, dans la semaine qui précédait la fête de septembre, quelques douzaines de buveurs d'eau. Autour de la margelle ronde d'où jaillissait, au fond d'un creux, la source bénéfique, on les voyait tous les matins (ouvriers, commerçants, bourgeois qui s'étaient accordé spontanément une semaine de congé) deviser fraternels et joyeux, attentifs néanmoins à bien faire leur cure. Mais nous vivons en d'autre temps : Les servitudes économiques se sont alourdies pour la plupart des travailleurs. Ce n'est plus qu'individuellement et comme à la dérobée qu'on va faire aujourd'hui sa cure à Salet. Mais quiconque en a constaté sur lui-même le salutaire et durable effet ne renonce plus à ce traitement. On vient même d'assez loin remplir à la source bouteilles et bonbonnes, et tels amis montalbanais se reconnaitront, j'en suis sur, dans cette allusion.

Notre ville station thermale

Il ne s‘agit là pourtant que de la chétive survivance d’un vogue qui fut grande au cours d’un long passé. Bien des textes retrouvés par nos fouilleurs d’archives, nous révèlent que notre ville fut, dès le Moyen Age, «une station thermale» selon l'expression de l'historien Latouche. Dans son ouvrage : « La vie en Bas-Quercy du 14e au 18e siècle », cet auteur nous apprend qu’en 1294 on trouvait déjà des bains publics à Saint-Antonin. Une donation de cette année-là mentionne certaine « rue qui conduisait aux bains». A la fin du 17e siècle, une crue de l'Aveyron ayant emporté le talus où coulait la source du Salet l'assemblée municipale se préoccupa d'en retrouver et dégager le cours. «Au mois de mai de l'année dernière (1699) lesdits sieurs maire et consuls firent faire des réparations à la fontaine des eaux minérales de Salet, à la prière et sollicitation du peuple ; firent chercher la source dans la rivière par Jean Ferrière Roman et baillèrent au dit la somme de douze livres neuf sols.»

 

Une renommée ancienne

La renommée de cette eau allait grandissant. En 1720, M. J.-B. de Laugeois, intendant de la généralité de Montauban (c'est-à-dire le plus important des fonctionnaires de la région) étant malade de la dysenterie à Villefranche-de-Rouergue, s'y fit envoyer des eaux minérales de Salet. (Délibération municipale du 1er septembre 1720.) Deux ans plus tard, son successeur fit mieux : Il vint avec sa femme et sa suite faire une saison à Saint-Antonin-Noble-Val. Voici le début de la délibération du 27 décembre 1722 qui mentionne ce fait : «Proposé par ledit sieur de Marssa, premier consul, que Monseigneur de Bernage, intendant de la généralité de Montauban ayant envoyé un des ses officiers en cette ville pour avertir les dits seigneurs consuls qu’il devait arriver incessamment avec Mme l’intendante, son épouse en la présente ville, à dessein d’y faire quelques séjours à cause que Madame l’intendante venait peur y prendre les eaux minérales de Salet et qu'on devait préparer en diligence les logements nécessaires pour ledit seigneur intendant, Mme l'intendante et pour messieurs et dames de leur suite et leurs domestiques, etc. »

Ces textes, à défaut de bien d'autres que l'on pourrait trouver dans les publications de notre ami regretté, l'historien Jean Donat, établissent suffisamment l'ancienneté du renom de Salet et de l'usage thérapeutique qui fut fait de ses eaux. Il en est allé d'elles comme il en fut partout des autres eaux minérales : Les Romains déjà les utilisaient empiriquement. Les analyses qui en furent faites dans les temps modernes n'ont certes pas plus ajouté à leurs vertus curatives qu'elles n'ont expliqué celles-ci. Elles ont seulement permis de connaître leur composition chimique. Nous savons exactement quelle est celle de l'eau de Salet. L'analyse faite, en 1909, par le laboratoire de l'école des mines nous a renseignés sur ce point. Les chiffres que nous a donnés cet organisme officiel, et que nous avons publiés dans notre guide illustré — dont la troisième édition va paraître dans quelques jours — sont tout à fait révélateurs : Les médecins et les chimistes, comme le profane usager, peuvent constater qu'avec ses 2,19 grs par litre de substances diverses (dont 84 cg d'acide sulfurique et 57 cg de chaux), notre eau de Salet est, à quelques centigrammes près, le même que l'eau sulfatéo-calcique de quelques autres stations mondialement réputées.,.

C'est donc à la famille des eaux sulfatées - calcique froide, qu'appartient l'eau minérale de Salet.

On en connait, en France, deux groupes principaux : le groupe vosgien, avec Vittel et Contrexéville et le groupe pyrénéen, le nôtre avec Capvern, Ossat, Barbazan et Aulus.

Dans leur Précis d'hydrologie et de climatologie clinique et thérapeutique les professeurs Delore et Milhaud écrivent :

« La plupart de ces eaux, surtout les froides, ont une action diurétique, éliminatrice des déchets. Celle-ci est associée a une action hépatobiliaire ou sédative... »

Certes, de telles paroles n'apprendront rien à tous ceux qui ont éprouvé eux-mêmes l'effet bienfaisant de l'eau de Salet. Une telle garantie, est pourtant de nature, puisqu’elle est donnée par la Faculté elle-même, à seconder par un effet psychosomatique bien connu de tout médecin l’action qu'elle exerce déjà, matériellement sur leurs reins, leur vessie, leur intestin et leur foie

Et quant aux sceptiques, s’il peut en être encore, que pourraient-ils avoir à penser et à dire contre cette péremptoire et docte décision.

 C'est au début du siècle, on le sait, que la municipalité de Saint-Antonin entreprit et réalisa la première adduction de l'eau de Salet. Une société fermière des eaux, fut constituée financièrement et légalement.

Hélas, par une incroyable erreur technique, une faute impardonnable plutôt, on utilisa, pour la canalisation des tuyaux une fonte ordinaire.

Etant donne la composition de cette eau, dont l'analyse avait pourtant révélé l'activité particulière, quel apprenti bachelier n'eût prévu les réactions chimiques qu’allaient provoquer sur le fer les acides sulfuriques et autres, dont elle est puissamment chargée ?

 

Arriva donc ce qui ne pouvait manquer d’advenir : dès qu’il fut «mis en route» le «griflon» à trois becs érigé au pied de l’escalier monumental se mit à vomir un liquide étrange, innommable : couleur de rouille, boueux, puant. Aussitôt, bien entendu, déconfiture totale de l’infortunée société.

Il nous reste pourtant de cette tentative — c'est un reliquat qui a bien son prix — d'abord le captage même de la source, irréprochable travail technique, qui a quadruplé le débit primitif ; ensuite le bel escalier elliptique qui relie l'antique promenade des Moines à la terrasse du bord de l’eau ; enfin, l’établissement thermal proprement dit, devenu maintenant notre établissement de douches et notre salle des fêtes.

Il est bien certain que, si nos édiles réalisent le projet qu’ils sont en train de mettre au point, nous n’avons pas à craindre qu’une erreur comparable à celle d'autrefois puisse jamais être commise : nos technicien, actuels, en particulier notre ami l’ingénieur Rigaud, n'en sont plus à pareille ignorance ou à pareille étourderie.

Bien entendu, toutes précautions seront prises : de nouvelles analyses seront faites, qui décideront si cette eau — dont la composition est certainement demeurée la même – risque ou non d’avoir une action quelconque sur la matière plastique dont les nouveaux tuyaux seront faits.

Bref, nous avons pour notre part, espoir et confiance. Bientôt l’eau bienfaisante jaillira sur la promenade des Moines dans le hall de l’établissement des douches.

Elle sera pour l’instant à la libre disposition des touristes chaque année plus nombreux chez nous, comme on sait, et dont le nombre ne pourra que croitre, du moment qu'ils sauront trouver dans un paysage reposant, le bénéfice d'une cure aussi efficace que celles qu’ils vont chercher ailleurs «au haut et au loin», à plus grande fatigue et sûrement à plus grands frais. Pierre Bayrou

les bains saint antopnin

 

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