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Vie de La Brochure
1 juin 2021

Tulle contre Brive en matière d’accordéon

maugeine frères

Hier soir un documentaire télé nous a rappelé l'histoire de l'entreprise Maugein. Une histoire qui allie, culture populaire, ingéniosité, artisanat mais le documentaire a oublié Brive au profit de Tulle.

Pour Tulle, tout commence par l’histoire de Jean Maugein, accordeur de piano de son état, puis ouvrier de la manufacture d’accordéons briviste Dedenis. Très vite l’élève va effacer le maître et Tulle effacer Brive.

Tout débute par le menuisier François Dedenis de Brive qui répare un accordéon allemand et qui décide d’en fabriquer si bien qu’en 1900 il récupère officiellement le nom de fabriquant d’accordéons.

Lors de la fête patronale de Brive du 26 août 1906, un concours d'accordéons, de vielle, de chabrette est organisé; la «Maison Dedenis» offre un instrument au vainqueur du concours d'accordéons. Le vainqueur est un certain... Maugein de Tulle ! Là mode de l'accordéon (diatonique pour l'essentiel) va grandissante et la concurrence est sans doute rude pour Dedenis même à Brive : le Radical de la Corréze publie un encart publicitaire où «J. Contenson, 4 rue de la République à Brive la Gaillarde » propose des «Accordéons Français, Italiens, Autrichiens... de concert, bal et salon, accordéons Stradella 3 jeux, 12 basses, 21 touches. les plus sonores et les meilleurs du monde ... ».

Stradella est le Brive d’Italie.

Cette victoire de Maugein en 1906 annonce le déplacement de Brive à Tulle de la fabrication au terme de multiples péripéties, d'aventures humaines et musicales, de réussites industrielles et commerciales.

Arrêt de l'usine entre1914 et 1918 mais en 1919 c’est l’explosion. Il produit 5000 accordéons par an, surtout diatoniques et François Dedenis embauche le dit Maugein qui depuis 1906 était devenu accordeur de piano.

En 1927 François Dedenis, à l'occasion du Centenaire de l'Accordéon, est décoré de la Légion d'Honneur par Henri de Jouvenel, puis fait chevalier en 1930. Il est au sommet de sa gloire si bien qu’il n'a pas préparé l'avenir avec assez d'intuition. Maugein de son côté a misé sur le chromatique et ne fait du diatonique qu'en appoint.

 Visionnaire au caractère bien trempé, Jean Maugein comprend très vite la technicité de l’instrument et le potentiel que peut représenter le marché de l’accordéon. Il prend rapidement son autonomie et décide de fonder en 1919, un petit atelier qui fabrique, vend et répare des instruments.

Dès 1920, ses deux frères cadets Antoine et Robert le rejoignent. En septembre 1922, ils constituent tous les trois la société “Maugein Frères”.

L’entreprise se lance alors dans la production proprement dite, la fabrication d’abord artisanale prend de l’ampleur, et les trois frères décident en 1924 de construire une première usine de 700 m2. Ils ont de l’audace et font le pari de délaisser la production des accordéons diatoniques au profit d’une production en série d’accordéons chromatiques, alors tout récents. C’est ce pari qui leur permet de prendre la première place dans la production française.

 L’entreprise aura jusqu'à près de 300 employés en 1939.

Après les années de guerre, les trois frères reprennent leur souffle. En 1945, face à l’émergence de la musique américaine, du jazz notamment, la fabrication se diversifie et s’enrichit de nouvelles ergonomies de claviers et de caisses à décors spécifiques.

Les frères Maugein font encore une fois la preuve de leur adaptabilité au marché en modernisant la production. L’innovation liée à l’excellence d’un savoir-faire unique, reste leur leitmotiv et Georges le fils d’Antoine vient prêter main forte à son père et ses oncles

La fin d’une époque

Malgré leur volonté, c’est tout un contexte économique et culturel qui vient redistribuer les cartes.

L’accordéon devient l’expression d’une génération passée, la manufacture Maugein accuse ce changement marqué par une régression de ses ventes. Jean, Antoine et Robert, âgés, se retirent progressivement, puis en 1977, Georges qui s’est efforcé de faire perdurer l’activité, décède.

 En 2012, le dirigeant, René Lachèze, arrière-petit-neveu de l'un des fondateurs, souhaitant se retirer, il a remué ciel et terre pour assurer la pérennité des vingt emplois nécessaires à la fabrication de 600 accordéons par an. Il est envisagé que l'entreprise soit reprise par les salariés, qui contrôleraient alors 40 % du capital d'une société coopérative d'intérêt collectif.

Le vendredi 6 décembre 2013, Maugein est placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Brive, avec poursuite de l’activité. Avec le redressement judiciaire, une période de six mois s’ouvre, pendant laquelle une offre de reprise peut être déposée.

Grâce notamment au soutien financier du footballeur natif de Tulle Laurent Koscielny, l'entreprise est reprise le 14 février 2014 par une nouvelle équipe à la barre du tribunal. 11 emplois sur les 17 sont conservés.

Elle tourne aujourd'hui avec 15 personnes qui fabriquent 300 accordéons par an. J-P Damaggio

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