Bernanos à Majorque, Dabit à Minorque

Une coïncidence a voulu qu’au même moment deux écrivains français se soient installés aux Baléares pendant qu’y vivait l’assassin de Jaurès (mais lui était à Ibiza).

Par contre il n’y a aucun hasard si Bernanos était à Majorque et Eugène Dabit à Minorque et il n’y a aucun hasard si l’un est toujours connu (remis en scène par Lydie Salvayre dans Pas Pleurer) et si l’autre est totalement oublié !

Bernanos pouvait retrouver à Majorque cet univers monarchiste qui occupait son esprit.

Dabit pouvait retrouver à Minorque cet univers populaire qui occupait son esprit.

En conséquence il n’y a aucun surprise quand on découvre qu’en juillet 1936 Majorque est passé aussitôt dans le camp fasciste, et Minorque est restée loyale à la République.

Pendant des années j’ai étudiée le cas de la Sicile mais j’ai conservé une connaissance très superficielle de la Sardaigne, de la Corse et des Baléares. Depuis quelques mois je creuse le cas de cet archipel aux nombreux symboles.

Eugène Dabit n’était pas à Minorque au moment du terrible coup d’Etat (le poète Alberti et sa femme se sont fait surprendre à Ibiza). Il était en URSS avec André Gide où pour cause d’une maladie qui apparut suspecte à Louis Aragon, il est mort le 21 août 1936 à l'hôpital de Sébastopol à 38 ans.

Il a publié L’île pour célébrer Minorque et son peuple.

Je ne conteste pas le talent de Bernanos, la beauté de Majorque, mais un système qui, je n’en suis pas étonné, efface Dabit et Minorque au profit de Bernanos et Majorque même si, pirouette de l’histoire, Louis-Ferdinand Céline lui dédie en 1937 Bagatelles pour un massacre. J-P Damaggio

P.S. Il existe un prix Eugène Dabit du roman populiste.