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Vie de La Brochure
14 août 2021

Vilar-Castan : D’Avignon à Montauban

programme festival 1974 (2)

J’ai toujours été un admirateur de Félix Castan sans pour autant adhérer à toutes ses conceptions et ici je veux questionner sa conception centrale de la ville.

Le Festival de 1974 comme le démontre sa programmation met la ville au cœur de sa réflexion et le siège de 1621 en est un prétexte justifié.

Ce siège est mis en œuvre par l’homme d’Avignon qui va croiser à Montauban, au cœur du Festival… un ancien copain de l’Ecole Normale d’Avignon, Jacques Latu.

Je n’ai pas connaissance d’une étude sur les rapports Castan-Vilar (Vilar qui aurait fait la moiié du chemin selon Castan) or, tous deux appartenant à l’univers communiste et culturel, elle serait d’une grande utilité.

Pour Castan le Festival d’Avignon amena Paris dans la ville de province tandis que le Festival de Montauban devait défier Paris.

Deux démarches opposées reposant pourtant sur la même conception de la ville !

Castan a toujours aimé théoriser à partir de ses pratiques et c’est donc petit à petit qu’il a investi le Festival de Montauban découvrant alors que cette ville originale avait un «destin» celui d’affronter le centralisme que le Festival d’Avignon ne faisait que renforcer.

Pouvoir établir un lien avec Benedetto qui à Avignon avait poussé à la création du Festival Off, fut sans doute un grand bonheur pour lui. Et bâtir ce lien avec la création du siège de Montauban fut un bonheur parfait. Mais de quelle ville s’agit-il ? De la ville féodale d'hier mais aussi d'aujourd'hui !

Après le château-fort, la ville fut conçue comme lieu de protection du monde rural environnant d’où les fortifications si emblématiques à Avignon car elles ne subirent pas la destruction vu que cette ville fut par son histoire, non pas un adversaire de Paris mais un allié !

Au départ, même Paris eut son environnement rural, mais le développement de la ville fait que toute la commune est devenue urbaine. Et c’est ici qu’apparaissent deux notions clefs : la commune et l’urbain.

La Révolution française est passée par là : elle a créé les communes afin d’en finir avec l’opposition urbain-rural pour unifier les deux secteurs par le moyen de la citoyenneté.

Mais, tout en réussissant à détruire le féodalisme, la Révolution ne pouvait empêcher les retours de bâton qui font qu’aujourd’hui encore nous vivons parfois dans une monarchie républicaine.

Le paradoxe voudra que toujours la gauche se situera du côté de l’urbain contre le rural (je l’ai vérifié jusqu’au Pérou) si bien qu’en cet acte fondateur qu’est la Commune de Paris, cette commune devenue presque totalement urbaine, va voir contre elle des Versaillais définis comme des ruraux, ce qui reste à démontrer.

Pour Félix Castan, face à Paris la Capitale, les villes se devaient de devenir des contre-capitales, théorie urbaine par excellence alors que la commune de Montauban, vu son étendue est encore aujourd’hui la commune la plus rurale du Tarn-et-Garonne !

Dans sa théorie la partie rurale n’existe pas et existe encore moins chez ceux qui limitent Montauban à la ville haute. Pour l’anecdote je rappelle que jusqu’à présent toutes les places de parking de la ville basse sont gratuites et toutes celles de la ville haute sont payantes !

Or il existe en France, historiquement, un couple inséparable entre la force des communes et la force du centralisme ! La Révolution a créé à la fois les communes et la nation, et l’émiettement des communes a pu renforcer doublement la force de la nation : car la commune est devenue le lieu d’apprentissage concret de la nation, et par son émiettement elle a laissé les mains libres au pouvoir central.

Vilar ne s’est pas contenté d’apporter Paris à Avignon puisqu’il a tenu compte des richesses de la ville papale pour adapter son projet national culturel (et non pas parisien) à un lieu précis.

Et le Festival off qui a transformé les églises en salle de théâtre comme Vilar a transformé une Cour du Palais des Papes en scène de spectacle, est pour une part en continuité avec le Festival officiel. On peut même dire qu’à présent Avignon est beaucoup plus la capitale théâtrale des villes de France, que la transposition à Avignon de la scène parisienne.

Le féodalisme qui court toujours dans notre république fait que c’est la gauche qui a recréé le Duc d’Aquitaine (et les autres) tout en métropolisant le pays. Inversement la droite se présentant par Sénat interposé comme la voie de la France rurale joue le rôle inverse.

Sauf que les président de région ou de métropole sont plus centralistes que jamais démontrant enfin que Paris n’est pas la cause du centralisme mais un des effets. Pour sortir du centralisme il me semble indispensable d’en revenir à la Révolution française, avec la constitution de communes des temps présents et d’une nation lui correspondante.

La focalisation, chère à Castan, sur les villes, en lieu et place des communes (et ce n'est pas une question de mot) est une erreur vérifiable quand il parle des paysans.

J-P Damaggio

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