Goldoni au Festival d’Avignon

Au Festival d’Avignon la vedette c’est toujours Molière mais Goldoni n’est pas oublié.

Nous avons découvert Il Campiello joué par une troupe de jeunes. Contrairement à la grandeur de la Place St Marc, Il Campiello est à Venise, une place populaire de la ville où débarque un étranger (un Napolitain) au milieu des bavardages des dames de la rue. «La rue, c’est chez eux » et l'étranger a préféré s'installer dans une auberge de ce quartier car bien que riche il accorde plus d'attention au peuple..

Nous sommes tout à fait dans l’univers de Goldoni.

Il est question de querelles classiques : qui va se marier avec qui ?

Goldoni a fait le chemin inverse de Molières. Ce dernier a mis de la vie dans le théâtre tandis que l’Italien a mis du théâtre dans la vie ! Goldoni a pris pour base la tradition de la Commedia d’elle arte qu’il a transformé (en limitant l'usage des masques par exemple comme on le voit sur la photo), tandis que Molières a créé une tradition théâtrale qui continue aujourd’hui. Cette année il y avait même dans le Festival In trois pièces de Molière en suivant, spectacle auquel nous avons assisté et qui a donné de l’auteur comique une autre image.

 Le Goldoni que nous avons vu était un peu statique avec les femmes au balcon. Le grand repas et la grande fête offerte par l’étranger, qui étaient exceptionnels pour les gens du quartier, ne pouvaient être un élément de la mise en scène.

Il y a bien eu une bagarre à coup de manches à balais mais peu amusante et les chansons, malgré l’enthousiasme mis par les acteurs pour les chanter n’étaient pas non plus convaincantes.

C’était la Venise en hiver à l’heure des fiançailles de la belle Lucietta avec le mercier ambulant Anzoletto. Avec le Chevalier Astolfi, de timides et impétueux adolescents, de vieilles et acerbes mères, un oncle et sa nièce d’origine napolitaine, tous vont laisser s’exprimer leurs différends, leurs jalousies et surtout leur défiance envers le nouveau venu désireux de partager la vie d’une communauté haute en couleur. Après cette trépidante journée, le destin de certains aura pris un autre chemin.

 Contrairement à Molières dont la vie fut le théâtre, Goldoni ne devint artiste qu’une petite dizaine d’années. C’est que dans le labyrinthe italien de l’époque l’exil était souvent au bout du chemin, exil intérieur, ou fuite vers la France. Combien sont-ils ces Italiens de légende morts en France ?

J-P Damaggio

Compte-rendu du journal La Provence

Le temps d'une pièce, la cour du Barouf est transportée au XVIIIe siècle, dans la sérénissime Venise où une ribambelle de personnages hauts en couleur se chamaille pour des histoires d'amour et d'argent. Ils sont ainsi 11 acteurs franco-italiens, élèves de 3ème année de l'Académie internationale des arts du spectacle de Versailles (AIDAS) à nous jouer ces frasques d'outre-Alpes en costume et dans un décor digne de la commedia dell'arte.

Pendant près d'une heure quarante, entrecoupée d'un entracte et ponctuée de chants italiens, la joyeuse troupe nous entraîne dans les folles aventures de plusieurs familles vénitiennes. La pièce, écrite par Carlo Goldini en 1756 pour le carnaval de Venise, a pour unité de lieu une placette populaire de la cité lacustre. "Il campiello, ça veut dire petite place explique le metteur en scène Carlo Boso. Et il n'y a pas d'histoire à suivre... On joue ! Ce sont en fait des histoires de jeu, d'amour, de bagarres... Il n'y a pas de protagonistes, c'est le style de Goldoni, tout le monde est un protagoniste ! C'est bien, ainsi les acteurs ont tous un rôle à jouer." 

"Carlo Boso aime beaucoup Goldoni et ce spectacle" explique Cindy Sebastian, l'ingénue Gasparine sur scène. "Ce spectacle a été un choix qui correspondait au nombre de comédiens disponibles et aussi à nos caractères" semblables à ceux joués sur les planches. Il campiello fait d'ailleurs partie de toute une programmation de l'AIDAS proposée à la cour du Barouf. "AIDAS est une école particulière" d'où les élèves, pendant leurs trois années d'étude, jouent des spectacles devant le public, "jusqu'à 250 fois en tout !"