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Vie de La Brochure
13 septembre 2021

Lydie Salvayre ; Rêver debout

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Après Pas pleurer, Rêver debout.

Pour dire que la lamentation ne mène à rien.

J’ai bien aimé Pas pleurer, vais-je aimer Rêver debout ?

Voici  le dos de couverture ?

« « Pourquoi, Monsieur, expliquez-moi pourquoi, vous moquez-vous de votre Quichotte lorsqu'il ne s'accommode pas de ce qu'on appelle, pour aller vite, la réalité ? »

Une femme d'aujourd'hui interpelle Cervantes, génial inventeur de Don Quichotte et du roman éponyme, dans une suite de quinze lettres. Tour à tour ironique, cinglante, cocasse, tendre, elle dresse l'inventaire de ce que le célèbre écrivain espagnol a fait subir de mésaventures à son héros pourfendeur de moulins à vent.

Convoquant ainsi l'auteur de toute une époque pour mieux parler de la nôtre, Fautrice de Pas pleurer brosse le portrait de l'homme révolté par excellence, animé par le désir farouche d'agrandir une réalité étroite et inique aux dimensions de son rêve de justice.

Un livre-manifeste, autant qu'un vibrant hommage à un héros universel et à son créateur. »

N’y a-t-il pas un absent ?

Une coïncidence a voulu que je tombe en même temps sur Vazquez Montalban et le Quichotte à travers un article sur le quotidien La Reppublica en l’an 2000. Cet été là le Catalan a publié par épisodes un texte sur le roman de Cervantès, un feuilleton qui n’est jamais devenu un livre ! Par hasard, à la fin d’un voyage en Italie j’ai acheté un numéro du quotidien où à ma grande joie j’ai lu un épisode pensant qu’ensuite nous aurions le livre.

Pour MVM, au fil du roman de Cervantès, Sancho est devenu le héros tout comme dans le face à face Carvalho-Biscuter, Biscuter est devenu le héros.

Oui il est très beau de garder le moral face aux épreuves de la vie mais il y a deux postures : l’inconscience de la réalité ou tout au contraire la conscience de la réalité. Face à une réalité, cause de tant de déprimes, se réfugier dans le rêve devient la solution ? Pourquoi pas. Cependant une autre posture est possible : face à une réalité, cause de tant de déprimes, il est possible d’agir debout. De l’action au rêve le chemin est à double sens, et une chose est sûre Lydie Salvayre ne se contente pas de rêver, elle écrit. Mais avec le portrait du bandeau je crains que Sancho passe à l'as.

J’ai lu et relu le Quichotte mais seulement le premier tome car j’ai eu peur d’être déçu par le second.

Nous verrons où est Sancho chez Lydie. J-P Damaggio

En attendant ma lecture voici la présentaion de France info

Avec Rêver debout, publié le 19 août aux éditions du Seuil, Lydie Salvayre propose dans cette rentrée littéraire un livre inattendu. Dans ce court roman en forme de manifeste, la lauréate du prix Goncourt 2014 interpelle le créateur de Don Quichotte dans une suite de missives aussi engagées que drolatiques, qui évoquent l'Espagne de Cervantès, mais renvoient également de manière cinglante à notre époque contemporaine.

 Ce nouveau roman de l'autrice de Pas pleurer est une invitation à "rêver debout", à défendre ses convictions coûte que coûte, tel le "vaillant chevalier à la triste Figure", quitte à se prendre les pieds dans le tapis, se relever, et repartir à l'assaut des noirceurs du monde pour tenter de les vaincre, encore et encore, envers et contre tout.

 "Le promontoire des songes"

Dans un fervent plaidoyer, Lydie Salvayre défend Don Quichotte, en tous points. "En un mot, je suis fan", dit-elle à Cervantès. Pourquoi l'aime-t-elle autant ? D'abord pour son "goût immodéré pour la liberté et la justice". Don Quichotte ne se satisfait pas "de cette plate, cette pauvre, cette piteuse réalité".

 Loin d'être un doux rêveur cherchant à "imposer une illusion spécieuse en lieu et place de la réalité", Don Quichotte au contraire "perçoit parfaitement la réalité", nous dit-elle, "mais il la perçoit depuis ce que Victor Hugo appelle le promontoire des songes".

 Ainsi, à travers ses yeux, c'est une réalité "élargie" qui s'ouvre à nous, une réalité "qui se transmue, qui se déploie, s'exorbite et prend parfois des aspects fantastiques". Toujours prêt à en découdre, Don Quichotte n'est pas un calculateur, il veut "la fin sans disposer des moyens", d'où ses nombreux déboires.

 Amoureux inconditionnel de sa Dulcinée (même si cette jeune fille d'extraction paysanne, sans pedigree, "cocotte", il "l'aime dans son entièreté"), ami fidèle de son compagnon de route, Sancho Panza, qu'il traite comme son égal, Don Quichotte est un vrai rebelle, un personnage subversif, doté d'une bonté et d'un courage sans limites.

 Subversif

Au fil du texte, c'est à Cervantes que Lydie Salvayre adresse son admiration, en montrant à quel point ce texte, à l'époque, était audacieux et subversif. Derrière Quichotte se cache un auteur courageux, qui pour faire passer le message sans risquer la censure ou la condamnation, n'hésite pas à ridiculiser son personnage. "J'ai l'impression que vous lui faites endosser tout ce que vous ne pouvez formuler ouvertement". Contre l'Eglise catholique, apostolique et romaine, "méchante", contre l'oisiveté de la bourgeoisie, mais pour l'égalité des hommes et l'émancipation des femmes…

 "Je suis éblouie au-delà du pensable par le soin malicieux que vous mettez à déguiser votre pensée et par les ruses que vous imaginez pour accroître; en démultipliant les points de vue, les pouvoirs de votre fiction", lui dit la romancière. Car il s'agit bien de cela aussi dans ce livre, de la puissance de la littérature, de ses fonctions vitales, de sa capacité à élargir le monde. Cette littérature qui "bouscule les morales établies et toutes les polices de l'esprit".

 Et de s'interroger sur une censure "plus insidieuse" qui s'exerce aujourd'hui, imposée par des impératifs économiques qui "condamnent certains livres au silence pour ne promouvoir que ceux supposés rentables, autrement dit ceux qui, sous couleur de toucher le grand nombre, fricotent sans vergogne avec l'esprit du temps et ne reculent devant aucune lècherie". Fille de Républicains espagnols réfugiés en France, Lydie Salvayre ne mâche pas ses mots.

 Dans l'esprit de Cervantès, la romancière déploie ce texte épistolaire d'une écriture à la fois lyrique et prosaïque, charriant aussi bien les enthousiasmes que les révoltes qui sourdent derrière ce livre aux apparences légères, en réalité rageusement à contre-courant. Du très bel ouvrage plein de vitalité, qui interroge sur ce qu'il convient de tenter pour rester vivant, à savoir, "rêver debout", avec l'aide de la littérature.

 "Rêver debout", Lydie Salvayre (Seuil, 208 pages, 18 €)

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