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Vie de La Brochure
3 octobre 2021

Encore sur l’immigration aux Amériques et le Mexique

Je reprends ici cet article d’Espaces Latinos sur un problème crucial aux Amériques. Le Mexique aime son histoire et aime la célébrer (je l’ai vérifié dans ce pays pour le bicentenaire de la révolution) car en effet ce pays est aux Amériques une figure originale. Il est dirigé à présent par un président de «gauche» (AMLO) qui se trouve embarrassé pour réaliser la nouvelle révolution promise, embarrassé par la persistance du pouvoirs narco, par le phénomène de l’immigration et par les politiques du grand voisin les USA. Comme indiqué, tous les matins, il tient une conférence de presse jugeant qu’en fixant ainsi l’agenda politique il tient le pays. Bizarrement il préférait Trump à Biden car Trump disait clairement ce que Biden masque, une politique anti-immigrés. Or, et là aussi l’article est précieux, les immigrés qui sont aux USA font souvent vivre, par l’argent envoyé, des milliers de familles dans leurs pays d’origine. Il faut se souvenir qu’ils sont au moins 10 millions de clandestins qu’Obama avait promis de légaliser, au moins en partie. Ce sont les couches populaires qui, déçues par Trump, ont fait élire Biden mais si à son tour Biden déçoit que peut-il se passer ? Et c’est ce qui inquiète aussi AMLO qui constate lui aussi qu’il est en passe de décevoir les dites couches populaires, comme sont déçues celles d’Argentine (avec le nouveau pouvoir de «gauche»).

La clé de la question s’appelle la crise de l’emploi. L’immigration en période de développement de l’emploi n’est pas la même, en période de crise de l’emploi. Une réflexion s’impose de manière urgente en dehors des sentiers battus pour travailler la question de la division internationale du travail. J-P Damaggio

Article d’Espaces latinos

Alors que la traditionnelle cérémonie du « Cri de l’indépendance » s’est déroulée, le 16 septembre, dans les grandes places de chaque ville mexicaine, depuis plusieurs mois des dizaines de milliers de migrants s’entassent aux frontières nord et sud du pays. Le président Andrés Manuel López Obrador a demandé à Joe Biden un plan d’action urgent pour éviter une catastrophe humanitaire.

En 2021 le Mexique célèbre trois anniversaires multiséculaires. Les sept siècles de la fondation de Tenochtitlan – capitale de l’empire aztèque (aujourd’hui Mexico) –, les cinq siècles de la conquête espagnole d’Hernán Cortés (rebaptisée par les mexicains « résistance indigène »), et les deux siècles du dernier acte de proclamation de l’indépendance vis-à-vis de la couronne espagnole. C’est un calendaire approximatif, plus ou moins arrangé pour faire coïncider la rondeur des chiffres. Ce qui a donné au gouvernement l’occasion de redorer une fierté populaire en berne sous les auspices du passé.

Cependant, dans les annales de la postérité mexicaine, cette période de festivités restera surtout marquée par la crise migratoire la plus importante que l’Amérique centrale n’ait jamais connu auparavant. Pourtant, pendant la récente célébration du bicentenaire de la révolte contre le joug espagnol, ce sujet majeur en cette région charnière du continent américain est resté dans l’ombre des feux d’artifices. Ainsi le 16 septembre, jour de la fête nationale, l’ambassade de Washington au Mexique a diffusé un message du président Joe Biden : « De la part du gouvernement et du peuple des États-unis d’Amérique, je félicite le Mexique et tous les Mexicains pour la célébration de deux siècles d’indépendance. »

Dans le même communiqué, le locataire de la Maison Blanche a également rappelé la coopération entre les deux États. Point d’orgue : la signature du traité de libre commerce entre le Mexique, les États-Unis et le Canada (ACEUM, ex ALENA), sans oublier les « défis globaux » que les deux pays voisins doivent relever ensemble. « Je suis certain que grâce à une étroite collaboration nous pourrons faire des progrès en matière de sécurité et de prospérité dans la région », a-t-il ajouté mentionnant au passage « le phénomène de la migration ».

Or, quatre jours après ces vœux d’amitié, le traditionnel « Cri de l’indépendance » lancé le jour de la fête nationale s’est transformé en un premier cri d’alarme de la part de Andrés Manuel López Obrador. Le président mexicain a carrément demandé de l’aide à Biden, pour apporter une solution urgente au flux migratoire qui traverse le Mexique en direction des États-Unis. C’est une crise d’une ampleur inédite dans l’histoire des deux pays. À tel point que López Obrador parle, dans une lettre qu’il a lue à la presse le 20 septembre, d’un phénomène qui « nécessite un traitement totalement nouveau » avec des investissement concrets dans tous les pays de l’Amérique centrale.

Deux jours plus tard, le 22 septembre, pendant sa conférence de presse matinale quotidienne, AMLO a exprimé ainsi son cri de colère : « Assez parlé, il faut agir ». Car depuis plusieurs semaines des dizaines de milliers de migrants sont cantonnés dans les villes de Ciudad Acuña (frontière nord avec le Texas) et de Tapachula (au sud avec le Guatemala). Bref, environ 30.000 migrants s’entassent aux abords des frontières mexicaines après avoir traversé une douzaine de pays. Le 18 septembre Joe Biden avait annoncé l’accélération du rythme des expulsions, alors que le gouvernement mexicain dépêchait 27.000 soldats pour endiguer le flux de migrants vers les États-Unis.

Avec l’élection de Joe Biden, l’Amérique latine espérait un changement, plus humaniste, de la politique migratoire des États-Unis dans la région. Mais si le discours est certes mieux réglé que celui de son prédécesseur Donald Trump, les dernières mesures de restriction montrent que la rhétorique reste la même. Par exemple, la semaine dernière, l’expulsion vers leurs pays d’origine, et d’autres destinations, de deux mille sans papiers prétendants à l’Eldorado a suscité l’indignation de ses adversaires républicains mais aussi de son propre parti démocrate.

Le Mexique est devenu ainsi la plaque tournante de l’exode vers les États-Unis. Depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche, plus d’un million de migrants ont été interpellés à la frontière. Et l’ampleur de cette catastrophe humanitaire ne cessera d’augmenter sans l’application d’un ‘’plan Marshall’’ dans le Cône Sud. L’espoir d’un changement concret s’amenuise élection après élection : sans création d’emplois, centres de formation, lutte efficace contre la corruption, soutien à des entreprises locales (et non à des multinationales dont les capitaux générés sont rarement réinvestis dans les pays de production).

C’est pourquoi la solution se trouve a terme entre les propres mains des expatriés : d’après un rapport de la Banque mondiale, l’Amérique latine et les Caraïbes se situent en troisième position dans le monde, derrière l’Asie de l’Est-Pacifique et l’Asie du Sud, des régions bénéficiaires de transferts financiers effectués par des migrants à leur proches restés au pays (60 milliard de dollars). Ces devises, qui entretiennent le tissu des entreprises familiales et des petits métiers, constituent la dernière soupape de contention contre l’explosion de la pauvreté. Mais pour combien de temps encore ? Eduardo UGOLINI

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