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Vie de La Brochure
14 novembre 2021

Aguirre, le rugby en plus

Aguirre

Sur la photo : Aguirre, Gachassain, Ara et Bertranne à savoir Bagnères dans toute sa splendeur.

Encore un livre qui est rugby-rugby. La biographie d’un joueur qui, avec Gachassin, fit de Bagnères un quasi champion. C’est à cause de cette ville de Bigorre que j’ai acheté cette ancienne biographie écrite, en 1976, avant les plus gros succès de l’équipe de la petite ville, comme pour les annoncer. J’ai un rapport particulier avec Bagnères à cause de ma première rencontre avec cette petite ville pendant l’hiver 1972.

Dans le livre, l’auteur Jean-Paul Rey y donne largement la parole à Aguirre mais les récits de matchs s’enchaînent trop avec des récits de matchs.

Fils d’instit il deviendra prof de gym.

Jusque là nous sommes dans l’ordre des choses.

Sauf que le père instit est dans le camp du ballon rond !

L’enfant va au lycée et là trois facteurs le poussent vers l’ovale : un copain de classe, le regard des filles plus tourné vers les joueurs de rugby que vers les «fillettes» du foot, et Gachassin vu à la télé dans les matchs du Tournoi.

En août 1970 il se décide pour l’équipe de Bagnères plutôt que celle de Tarbes (les dirigeants ont dû ensuite se mordre les doigts d’avoir raté un tel artiste du jeu).

De la vie de Jean-Michel on ne saura ensuite que ses déboires et joies avec le sport. Victoires, défaites, blessures pourtant le dos de couverture indique : «sa vie et sa philosophie sont aussi une leçon à méditer.»

En guise de philosophie on ne saura qu’une chose : pour lui le rugby est une fête. Encore un qui ne joue pas pour la gloire mais pour le jeu ! Et qui emporte toute une équipe sur ce bateau !

Autant dire qu’aujourd’hui, quand le rugby est devenu un travail très dur, nous sommes sur une autre planète.

Bref, beaucoup de photos mais quasiment toutes sur les stades. Une fois avec son épouse orthophoniste et une autre, circulant dans son lycée de Tarbes. Ceci étant voici un propos du joueur pour évoquer l’aspect qui m’intéresse, les environs du rugby  . J-P Damaggio

 La parole à Aguirre en 1976

Heureusement que dans les mauvais moments traversés au long de ma carrière j'ai eu d'autres pôles d'attraction que le rugby! Ce doit être terrible de ne voir la vie qu'en ovale, d'être obnubilé par ce ballon, par ce jeu! jusqu'en 1974 d'ailleurs, je n'y songeais que le dimanche : à l'armée ou au CREPS! j’avais d'autres centres d'intérêts, d'autres occupations. je n'avais même pas la possibilité d'aller à l'entraînement le jeudi. Alors le rugby, c'était une fois par semaine, et puis bonsoir! je disais que le rugby tenait une toute petite place dans ma vie, cela choquait, et pourtant, c'était vrai... Aujourd'hui que je vis à Tarbes où j'ai été nommé professeur d'éducation physique, je mène enfin une vie de joueur de rugby. Mais pas vingt-quatre heures sur vingt-quatre!

Par contre, il est certain que l'essentiel de cette vie, je l'occupe avec le sport! j'ai besoin de «m'exploser», de me surpasser, de prendre l'air, de sentir la fatigue venir et de la repousser, d'avoir les jambes moulues le soir et l'envie de manger un bœuf entier! Sans le sport, je me demande ce que je deviendrais... En ce moment je me mets au tennis d'une manière sérieuse. Lorsque je serai sur la fin de ma carrière de rugbyman, je viserai même un classement; je veux arriver à quelque chose dans ce sport. j'aime bien aussi le volley : au Bataillon de Joinville, un copain de Montpellier, international, m'avait demandé de venir jouer avec lui en Nationale, je crois que j'y aurais fait une carrière. Mais je me contente de matches corporatifs. Le tennis, le volley, je peux y attaquer, créer: c'est une joie qu'il m'est difficile d'expliquer. Une jouissance.

Et puis, j’ai d'autres distractions. La musique par exemple : je viens de me payer une chaîne stéréo. Alors je découvre tous les genres: pas de chanteurs préférés chez Aguirre ! Cela va d'Yves Montand aux Beatles en passant par Jorge Ben et Louis Armstrong!

Par contre, je lis très peu : entre le travail, le rugby, un bon disque et la vie de famille, il ne me reste vraiment plus de temps! Mais cela viendra plus tard : c'est un plaisir que je me ferai en pantoufles, dans quelques années. Le cinéma? Sans plus : je suis trop sensible. Une goutte de sang, une piqûre, des morts, et je ferme les yeux ! La télévision? Ah non alors! Du temps de mon adolescence, j'en ai « bouffé » du petit écran! Et puis, je me suis rendu compte que ce n'était pas très brillant; ma femme m'a prouvé que la télé tuait toute discussion, tout échange dans une vie de couple. Alors, notre poste, on l'a installé perpendiculairement à notre table. Résultat : il ne marche jamais puisqu'on ne peut pas le voir! Sauf pour le sport, le football notamment! je n'ai pas raté un match des «Verts» : j'ai aimé qu'ils apportent au football français un jeu dans lequel, enfin, nous n'étions plus inférieurs physiquement à nos adversaires. Les Stéphanois ne craignent personne pour la conquête de la balle dans le contact, et c'est nouveau dans notre football. Et puis, ils ont su trouver une ligne directrice: il peut y avoir des blessés, des nouveaux, le style de jeu de l’équipe demeure le même. Le football est assurément un métier pour les Stéphanois: leurs résultats en Coupe d'Europe, je ne pense pas qu'ils les aient ressentis comme nous le Grand Chelem. Ils ont dû avoir le sentiment d'avoir accompli leur métier à la perfection. Nous, nous avons pensé qu'au départ, nous formions une équipe qui ne rassemblait certainement pas les meilleurs joueurs de France à leur poste, mais qu'à force de travail et d'esprit communautaire, nous avions réussi à devenir la meilleure équipe de France possible. Et c'est un sentiment qu'auront difficilement des sportifs professionnels. Cela dit, si j'avais eu la possibilité de devenir footballeur professionnel, j'aurais aimé jouer à Saint-Etienne, c'est évident. D'ailleurs, à l’occasion du 1er  avril 1976, La Dépêche du Midi avait annoncé que Pierre Garonnaire m'avait contacté et que j'avais signé un contrat comme stagiaire chez les «Verts» : j'ai eu toutes les peines du monde à faire comprendre à ma mère (elle avait appris la nouvelle en faisant ses commissions) qu'il s'agissait d'une blague! Elle n'avait pas été étonnée de savoir que je devenais footballeur professionnel à Saint-Etienne !

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