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Vie de La Brochure
11 janvier 2022

1981-2021 qu’est-ce qui a changé ?

Dans un message précédent je rappelais qu’entre 1981 et 2021 la France électorale a bien changé. Comment et pourquoi ?

D’une part il a une constante : en 1981 pour la première fois il faut 500 signatures d’élus pour être candidats à la présidentielle. Un point de détail ? Auparavant seulement 100 signatures étaient nécessaires, ce qui fait qu’en 1981 ni les écolos ni le FN de 1974, ne purent être candidats. Le changement de règle visait à les éliminer. Ce fut temporaire.

Et autre constante, le candidat de la gauche est là pour la troisième fois et, Mélenchon n’ayant jamais cessé de s’inspirer de Mitterrand car il faut s’inspirer des gagnants, croit cette fois en sa chance !

Le plus gros changement s’appelle la disparition des partis politiques, fait trompeur puisqu’ils sont toujours là, sauf qu’ils ne sont que l’ombre de ce qu’ils étaient !

En 1981 j’étais secrétaire de la section PCF de Nègrepelisse avec des cellules à Monclar, Bruniquel, Montricoux, Nègrepelisse, Albias, Saint-Etienne. Cette implantation concrète était aussi celle, un peu moindre, du PS, sauf que l’histoire est claire : ce lien avec la société n’était pas de nature à alimenter la réflexion des dits partis, sinon il aurait permis le maintien de leur présence.

La politique ayant horreur du vide par quoi a été remplacé ce fait ?

L’histoire est faite de petits et grands moments et j’aime bien les détails. C’est le pouvoir de gauche qui a décidé que le financement des partis se ferait par l’Etat et donc les petites mains qui apportaient leur obole sont devenues négligeables. Dans le fond, me direz-vous, ça ne change rien puisque les «militants» n’étaient là que pour le décor. Sauf que parfois le décor n’est pas totalement inerte.

En décidant du financement public des partis le PS a-t-il mesuré qu’il se mettait à la remorque des grands médias ?

Il y a eu une histoire parallèle entre création des partis et création des journaux au service des partis. Jaurès participe à la création de l’Humanité et du PS en 1905. Quand en 1920 c’est la scission, le PCF est heureux de récupérer l’Humanité et le PS est obligé de créer un autre quotidien, Le Populaire. Les journaux étaient au service de l’organisation et après 1981 les partis vont devoir se plier aux ordres des médias. Sauf le PCF, les autres partis abandonnent leurs journaux y compris le FN qui au départ dans le 82 tenta de produire son journal local !

Mais le maintien des journaux propres au PCF n’a pas permis le maintien de l’influence de ce parti.

 Pendant un temps les partis désignaient leurs candidats et à partir des années 2000 les médias vont se charger de cette opération en finançant sondages sur sondages. Les partis de gauche eux-mêmes jugèrent bon, à partir des municipales de 1977, d’ouvrir les listes «à la société civile».

 Je pourrais aligner des pages de constats sauf que la question cruciale est ailleurs : par quel mécanisme les partis de gauche sont-ils devenus l’ombre de ce qu’ils étaient ?

 Pour comprendre il suffit de se rappeler que la droite n’a jamais eu besoin de partis authentiques puisqu’elle se contente de vivre de l’air du temps.

La gauche elle, à vouloir sortir du capitalisme avait besoin d’une machine de guerre.

Or le constat est troublant : plus le capitalisme s’est imposé, et plus la gauche s’est désarmée !

Alors que la gauche était la mieux armée pour faire une analyse concrète de la situation concrète, elle s’est égarée dans diverses forêts : celle des dogmes, celle des opportunismes, celle des renoncements.

Comme on le demande pour le communisme (Staline était-il présent dans Lénine ?) l’échec de la gauche était-il intrinsèque à la gauche ? Je pense que oui et je donne un exemple.

 En Amérique latine la gauche fut urbaine avec pour mission de faire la leçon aux sauvages des campagnes. Le phénomène fut classique, mais là il devenait plus voyant, plus sidérant, plus fou. Les paysans des montagnes aux origines souvent préhispaniques étaient autant méprisés par les droites que par les gauches pour des raisons inverses. Pour les gauches ils étaient le passé, pour les droites ils étaient sans passé ! Avec la victoire de la Révolution à Cuba et la stratégie des guérillas, un habit nouveau apparaît mais ne change pas la nature des faits.

Pour la France il suffit de s’interroger sur les liens entre la gauche et les populations indigènes des colonies.

 Voilà pourquoi je considère que la question cruciale de la gauche tient à son rapport à la paysannerie. Le communisme est arrivé en célébrant la classe ouvrière (d’où son rejet des stratégies de guérilla y compris à Cuba) mais en fait il ne s’agissait pas de la classe ouvrière mais de la classe que le communisme se fabriquait, car sans la conscience de classe que peut une classe ! Laz réalité réduite à un dogme. Or le capitalisme sera plus sérieux que la gauche dans son analyse concrète de la situation concrète !

La gauche n’a pas voulu prendre en compte le fait que le capitalisme avait pour fonction de bouleverser la société, certes dans un sens différent du sien, mais de manière plus appuyée sur le réel !

L’idéologie du self made man n’est pas qu’une vue de l’esprit capitaliste, c’est une réalité encore aujourd’hui, et une réalité plus vivante aux Amériques, là où les costumes classiques ont eu moins de pouvoir.

Le marxisme a mis en lumière (pour le capitalisme aussi) le rôle majeur de l’infrastructure mais en retour cette mise en lumière s’est faite contre l’infrastructure elle-même, puisqu’elle fut le produit d’intellectuels (donc d’acteurs de la superstructure !).

L’infrastructure n’est pas qu’une donnée économique, quand il s’agit aussi du savoir populaire qui fait vivre l’univers de la production.

Voilà pourquoi après la question paysanne celle de l’instituteur aurait dû être étudiée avec minutie car comme le maire ou le curé il était face à un dilemme : ou se faire l’écho du savoir populaire, ou se faire le porte-parole du savoir supérieur, ou proposer une synthèse.

A partir de 1981 des économistes communistes tentèrent de mettre au point une stratégie communiste d’intervention dans la gestion, c’est-à-dire une stratégie où l’ouvrier n’est pas seulement un exécutant défendant ses droits, mais un acteur global. Cet effort était d’autant plus nécessaire que le secteur nationalisé était élargi. Et de la gestion à l’autogestion la marche était possible. Mais comment ne pas tomber dans la cogestion ?

Je repense souvent au Breton Anicet Le Pors qui avait su analyser le double échec, celui du communisme entraînant celui de la social-démocratie et il avait cru que de cet échec assumé surgirait un mouvement nouveau sauf que le dit échec n’a jamais été assumé ! Chacun renvoyant la faute sur l’autre, l’auto-destruction de la gauche devenait inévitable si bien qu’en 2022 la lutte sera au couteau entre le score du PS et celui du PCF (l’extrême-gauche étant proche) deux partis qui partout gèrent en grande amitié quand ils sont aux commandes ! J’ai toujours eu beaucoup d’attention pout la dite extrême-gauche qui n’est jamais sorti de la zone marginale car elle s’est inventée une réalité inexistante, ce que PS et PCF font à présent pour en arriver au même point !

Alors la gauche ? Socialement une histoire, politiquement un fantôme ! Le problème n'est pas son union mais sa révolution ! Mais paradoxe des paradoxes : son mal lui interdit d'écouter "la base" pour se soigner.... J-P Damaggio

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