Minorque en février 1939, opinion des communistes

J'ai donné une première opinion de cet événement. Voici à présent celui du PCF à travers son journal de Marseille. Même à trois mois de la fin, la lutte est jusqu'à la victoire ! Le texte communiste ne veut pas voir la réalité et en l'occurence le fait que le gouvernement espagnol a été d'accord avec la reddition ! Mais il a été soudoyé... Disons que l'histoire ne donne pas raison à ce texte mais pointe un élément  utile : l'accord a permis de "sauver" des républicains de Minorque qui se retrouvent dans des camps à Marseille. JPD 

Rouge Midi 14 févrfier 1939

Minorque n'a pas été prise par les Italiens et par Franco . Minorque a été livrée par le gouvernement anglais, en accord avec le gouvernement de Daladier-Bonnet.

On a donné Minorque, cette citadelle campée sur les routes françaises de la Méditerranée occidentale, à Mussolini, comme on avait livré la Tchécoslovaquie à Hitler : par la trahison de Londres et de Paris. Minorque était trop redoutable pour les compères de « l’axe ». Les canons de 380, la D.C.A. de cette ile, auraient obligé les fascistes à livrer une bataille navale de plusieurs jours et il aurait sans doute fallu l’appui des plus puissantes unités de la flotte italienne. C’était, pour Mussolini, une opération grosse de dangers qui aurait pu provoquer la  réaction des opinions publiques des pays démocratiques. Tout comme la résistance pour la Tchécoslovaquie, aurait été grosse de difficultés insurmontables pour Hitler.

Comme en Septembre, Chamberlain et Bonnet sont entrés en scène. Le croiseur britannique «Devonshire » a provoqué la trahison et a décapité la défense de l'ile espagnole en soudoyant le gouvernement civil, et en enlevant les meilleurs défenseurs de Minorque, sous la menace, cependant que l'aviation italienne semait le désarroi. Le coup était bien monté.

A Marseille, c'est l'armée qui a coopéré avec la marine britannique pour acheminer, vers le camp de concentration, les soldats minorquais traités en prisonniers de guerre. Les militaires qui opérèrent le débarquement vendredi au môle G avaient des ordres qui montrent bien la préoccupation du gouvernement Bonnet, de ne pas laisser les espagnols communiquer avec les Marseillais. Terreur compréhensible !

 Les bas insulteurs de la presse marseillaise s'indignent des « frais » pour les réfugiés espagnols. Ceux-là pourront-ils dire pourquoi le croiseur britannique, son mauvais coup réalisé, n'a pas déposé les républicains minorquais à Valence et les a amené à Marseille à grand« frais» de mazout et à grand « frais » d'entretien ultérieur ? LA VERITE EST QUE LES GOUVERNEMENTS FRANÇAIS ET BRITANNIQUE CONTINUENT A FAIRE BEAUCOUP DE «« FRAIS » POUR HITLER ET MUSSOLINI, POUR LA PERTE DE LA FRANCE !

Pour Marseille, pour la Corse, le « coup de Minorque » est gros de conséquences. Les porte-paroles de Mussolini voudraient faire croire que Minorque n'est pas aujourd'hui aux mains de l'aviation et de la flotte italienne. L’aviation italienne a joué son rôle dans la «reddition » de l’île. Elle a été le facteur de démoralisation alors que le croiseur anglais était le facteur de trahison. Aujourd'hui c’est Franco qui occupe Port-Mahon. Or Franco n'est pas son maître. A quelques milles de Minorque, Majorque abrite les hydravions et les sous- marins du «« Duce ». A N'IMPORTE QUEL MOMENT, MINORQUE SERA LA BASE D'ATTAQUE DE CES UNITES.

Qu'en pensent les marins de notre grand port ? Contre la République espagnole, pour Mussolini, Paris et Londres ont fait cette semaine, le « coup de Minorque ». C'est ce que souligne la résolution publiée ici du Bureau Politique du Parti Communiste. C'est ce que chaque marseillais, chaque provençal, chaque français, doit comprendre pour réclamer la fin immédiate de la politique scélérate, de la politique de trahison. Fernand Pauriol

P.S. On notera qu’un mauvais coup contre Minorque a correspondu le mauvais coup japonais contre l’île Heinan, en face de l’Indochine. Dans ces deux cas c’est la France qui est atteinte et la politique des Chamberlain-Bonnet qui est responsable.