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Vie de La Brochure
29 octobre 2022

Guerre nucléaire Ukraine-Russie en Octobre 1991 ?

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Au moment de l’effondrement de l’URSS le bras de fer Ukraine/Russie est de suite devenu évident. L’Ukraine en optant pour l’indépendance met la Russie en difficulté aussi la Russie veut neutraliser cette indépendance par un accord économique à son avantage. L’Ukraine veut imposer ses conditions. Et là, Les Nouvelles de Moscou publient un article saignant : « Nous avons appris de source absolument sûre que la question d’un possible échange de tirs nucléaires entre l’Ukraine indépendante et la Fédération de Russie avait été débattue la semaine dernière dans les couloirs du Parlement russe. » L'article est repris par le Courrier international du 9 octobre 199 avec la réponse du premier vice-ministre ukrainien qui confirme par la bouche d’Eltsine que le projet a bien été discuté ! J-P Damaggio

 “Une frappe nucléaire préventive”

Boris Eltsine a étudié avec des militaires la possibilité de porter un coup nucléaire à l’Ukraine, déclare Konstantin Massik, premier vice-Premier ministre ukrainien, qui confirme ainsi l’information de l’article des Nouvelles de Moscou.

Vitali Portnikov - Nezavissimaïa Gazeta (Moscou)

NEZAVISSIMAÏA GAZETA : A la suite du refus de votre République de signer l’accord économique*, les médias de Moscou ont commencé à parler de dissensions entre nos dirigeants et aussi de la position particulière de Vitold Fokine, le Premier ministre, qui se prononçait en faveur de la signature de ce document...

KONSTANTIN MASSIK : Plus généralement, depuis la prononciation de l’Acte d’indépendance, on assiste à une puissante campagne anti-ukrainienne. Tous les médias y ont pris part, que ce soit la télévision, la radio, les Izvestia, et même un journal démocratique (du moins était-ce l’opinion que j’en avais) comme les Moskovskie Novosti. Cet hebdomadaire a publié à la une des informations recueillies dans les couloirs de la direction russe selon lesquelles un coup nucléaire préventif contre l'Ukraine était possible. Lorsque Ivan Pliouchtch et moi-même étions à Moscou, j’ai posé des questions à ce propos à Mikhaïl Gorbatchev et à Boris Eltsine. Le premier m’a répondu : “Tu sais, Kostia, tu devrais moins lire les journaux, tu te sentirais mieux. " Eltsine, lui, m’a dit qu’il avait examiné ce problème avec des militaires, mais que les possibilités techniques étaient insuffisantes. Aucune de ces deux réactions ne peut me satisfaire, ni moi ni les Ukrainiens. Si l’on parvient à effrayer, avec des petites phrases sur une frappe nucléaire préventive, notre République meurtrie par Tchernobyl, peut-on encore parler de relations entre pays civilisés ? On veut nous terroriser, nous rendre obéissants comme nous l’avons été soixante-treize années durant, quand nous signions tout ce que l’on nous fourrait entre les mains. On tente de brouiller les Ukrainiens avec les autres nations, de jouer la “carte russe”, de diviser les personnes qui déterminent la politique ukrainienne. Mais Kravtchouk et Fokine sont d’accord. Nous sommes tous dans la même équipe.

 —      Lorsque vous vous êtes adressé aux dirigeants russes, avez-vous réussi à comprendre la position des uns et des autres ?

—      Nous ne faisons pas en sorte de nous critiquer mutuellement. Pourtant, j’ai été stupéfait de voir comment, durant son intervention au Conseil d’Etat, en présence de Kravtchouk et de Fokine, Eltsine s’est prononcé en premier lieu pour la signature de dix-sept accords, et seulement ensuite pour celle du traité, alors que c’est exactement le contraire qui s’est produit. Notre position est beaucoup plus constante, sincère, pesée, et obéit à des principes. Mais la Russie est notre partenaire principal. Eltsine nous a ensuite appelés pour annoncer qu’il avait réuni son cabinet et ordonné de préparer l’accord économique avec l’Ukraine en deux jours.

C’est une victoire pour nous. On nous prend en compte. On comprend que ne pas signer l’accord signifie porter préjudice à la fois à la Russie et à l’Ukraine. Il a donné un délai de deux jours. Ma foi, on va encore lui faire confiance.

 —      A l’ouverture de la session du Soviet suprême de l’URSS, le président Gorbatchev a de nouveau abordé les problèmes ukrainiens...

—      Il a dit qu’une union politique sans l’Ukraine serait comme un homme privé de ses jambes. Mais pourquoi nous comparer à des jambes ? C’est insultant pour notre peuple. L’Union soviétique existe-t-elle ? Non. Alors, comment cette Union sans réalité peut-elle avoir un Soviet suprême ? Oui, il faut un Soviet des Républiques, il faut régler les conflits. Mais Gorbatchev est le président d’une Union qui n’existe pas. C’est pourquoi sa première initiative a consisté en un accord économique, et la seconde prévoit la signature d’une union politique, la rénovation de Novo- Ogarevo**. Et à nouveau, nous aurons une union d’Etats souverains. Vous verrez que dans un mois ce sera fait. ■

 

* Voir Courrier International n° 51 : Pourquoi l’Ukraine a refusé de signer.

** Novo-Ogarevo (du nom de la datcha de Gorbatchev près de Moscou) désigne la première ébauche d'un traité d'union entre les Républiques, en avril dernier.

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