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Vie de La Brochure
1 décembre 2022

1941 : Alexis Carrel vu par Maurice Garçon

Maurice Garçon a été un avocat qui pendant toute sa vie a tenu un journal dont la partie 1939-1945 a été publiée grâce à Pascale Froment et Pascal Fouché. Je l'ai déjà évoqué. Et ici aussi. Il n’était ni collaborateur ni résistant mais un observateur attentif et plutôt démocrate de la vie sociale (pour schématiser). Ce qu’il dit d’Alexis Carrel est significatif. Il est conscient de la triste et dangereuse évolution raciste du pays et sous-estime peut-être le fait qu’Alexis Carrel en a été un précurseur avant même l’arrivée des germains. JPD

9 décembre 1941

Une loi qui paraît à L'Officiel qu’on me distribue ce matin et qui porte la date 5 me laisse rêveur.

On crée une Fondation française pour l’étude des « problèmes humains » et l’on nomme comme régent le docteur Carrel. Il faut évidemment voir là le résultat des propagandes germaniques à propos des idées raciales. Elle fait chez nous de grands progrès.

La masse qui est à courte vue se laisse séduire par des idées simples dont elle ne fait pas la critique et qui, sous prétexte de nouveauté, nous imposent un terrible recul.

Vouloir mettre les questions raciales au premier plan des questions nationales, c’est pour ceux qui ne réfléchissent à rien, rendre le pays fort en entretenant des citoyens forts. Autant dire, pour aller au bout du système et en ne s’occupant que du point de vue scientifique, qu’on nous fera vivre dans un haras ou une basse-cour sélectionnée.

On compte pour peu l’individu, la biologie règne en maîtresse. Les hommes deviennent des animaux de laboratoire, rien de plus. Aux bords de l’Eurotas [le fleuve qui arrosait Sparte], on ne pensait pas autrement avant même que la science eût ajouté sa pierre à l’édifice pour lui donner une apparence de justification.

Les hommes, en se civilisant, avaient changé ces notions. Les uns avaient considérés que l'homme, possédant une âme, ne pouvait être traité comme une bête et échappait en quelque sorte au règne animal. Disons seulement, pour faire plaisir à tout le monde qu’il s’en sépare par l’esprit et que, par là, les notions raciales perdent la plus grande partie de leur légitimité.

S’il ne s’agit que de dire qu’il est bon, pour conserver au corps sa souplesse, son agilité, sa santé, de l'entretenir par une gymnastique ou un régime appropriés, tout le monde sera d’accord. Si l’on convient de lutter contre l'alcoolisme, la tuberculose, la vérole ou le cancer, bravo.

Mais s’il faut, négligeant jusqu’au droit de vivre libre que tout homme acquiert en naissant, stériliser les uns, supprimer les autres, organiser des unions et des copulations rationnelles, négliger l’intelligence, fût-elle d’un dégénéré, au profit de la roideur des muscles et de la transparence des poumons, on aboutit à un système social indigne de l’humanité.

Peut-être qu’on fera un peuple de conquérants, mais que serait la brute si l’esprit ne la dirige ? L’esprit est sans rapport avec les données, fausses d’ailleurs, de la race.

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