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Vie de La Brochure
4 décembre 2022

Fin de la police des moeurs en Iran : une réaction

Mahnaz Shirali

Voici sur La Dépêche une réaction

Mahnaz Shirali, politologue spécialiste de l'Iran nous explique ce qui pourrait changer.

La police des mœurs vient d’être abolie en Iran. Quelle est la portée de cette décision ?

 C’est une annonce très importante pour les Iraniennes. Cela montre en effet que les jeunes femmes, armées de leur colère, qui se battent à mains nues, peuvent être plus fortes que le gouvernement. C’est un signe de faiblesse du régime, une victoire pour celles qui luttent.

 Est-ce le signe d'un changement à venir dans le pays ?

 Il faut rester très prudent. Ce n’est pas la première fois dans l’histoire de l’Iran que la police des mœurs est abolie. Et à chaque fois, cela n’a été qu’une mesure cosmétique. En réalité, la police des mœurs ne disparaît pas, elle se métamorphose. On change les uniformes, le nom, mais elle a toujours le même but : contrôler les femmes et leur façon de porter le voile. On sait que la République islamique ne sait pas gouverner sans répression. La stratégie du pouvoir dans ce cas présent, c’est surtout de lâcher du lest pour que les gens se calment. Mais il est fort possible que les contrôles reviennent...

 Cette décision peut-elle faire bouger les choses dans d'autres pays du Moyen-Orient ?

 Non, les peuples voisins n’ont pas réagi et n’ont jamais fait preuve de solidarité depuis le début de la révolte. Les femmes afghanes sont les seules à avoir montré leur soutien à leurs sœurs iraniennes. Cela montre surtout que la société iranienne est en avance, plus progressiste, par rapport à ses voisins.

 Le mouvement de révolte dure depuis trois mois en Iran. Est-il d’ores et déjà historique ?

 Oui à plusieurs égards. D’abord de par son ampleur et sa pérennité. C’est la première fois que toutes les catégories sociales et toutes les villes du pays s’unissent pour contester le pouvoir. La durée de ce mouvement est elle aussi historique, cela fait effectivement trois mois maintenant que les Iraniennes sont dans la rue. C’est une première et de loin, puisque jusqu’ici le plus long mouvement de protestation du pays avait duré une semaine, en 2019. Le meurtre de Masha Amini a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Entre la corruption, des dirigeants violents, un système économique paralysé... la société iranienne est très en colère. J’ajoute que le mouvement de contestation n’a pas de coloration religieuse. Pas un seul slogan religieux n’a été scandé depuis le début. Tout aussi historique, les hommes soutiennent pour la première fois les femmes du pays.

 Mahnaz Shirali est l'auteur du livre "Fenêtre sur l'Iran - Le cri d'un peuple bâillonné", publié le 22 avril 2021 dernier aux Éditions Les Pérégrines. 20€

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