Bernanos ou l’anti-Maurras par Michel WINOCK, 1973
Bernanos a souvent été sur ce blog.
De temps à autre le mystère Bernanos sort de l'ombre.
Ici Michel Winock évoque un choc de jeunesse. J'extraie ce passage de l'article d'Esprit 1973.
"La vocation de Bernanos est autre, elle est d’un maître à frémir au spectacle du mensonge politique, d’un maître à protester, d’un maître à refuser l’os et la niche promis aux chiens de garde des ordres établis. En ce sens, son œuvre n’est pas d’un architecte mais d’un réfractaire. A travers ses chimères, ses préjugés, ses pesanteurs, il clame quelques vérités dont ne s’accommode en général aucun pouvoir. Quoiqu’il se défende d’être un révolté (« parce qu’il y a dans l’esprit de révolte un principe de haine ou de mépris pour les hommes », — Français, 630), son cri est en permanence la révolte de l’esprit contre l’entreprise humaine qui le nie. Prophète contemporain, il interpelle le pouvoir, les puissants, les riches, les chefs pour dénoncer leur commerce. Mais il ne peut accepter la logique révolutionnaire (ou contre- révolutionnaire) parce qu’elle suppose un nouvel ordre, un nouveau pouvoir qui sera à son tour justiciable de sa protestation. Le seul ordre social et politique dont il accepte finalement l’idée est celui des temps révolus, — âge d’or d’une chrétienté d’enluminure, au nom de laquelle il vitupère la société moderne et fustige ses contemporains."
J-P Damaggio