Fabien Roussel et la NUPES

Au moment où je critiquais la NUPES, Fabien Roussel faisait de même et les diplômés du contre-sens ont pu croire à une parenté entre les deux positions. En soi ça ne me gênerait pas être d’accord avec Roussel (ça m’arrive) mais sur le sujet en question nos positions sont inverses.

Il veut dépasser la NUPES pour aller vers plus d’union de la gauche.

Je propose de mon côté d’aller au-delà de la gauche comme le tenta LFI en 2017.

Suite aux élections en Ariège le débat est relancé. J’observe en passant qu’en Tarn-et-Garonne les membres du PCF qui participent le plus à la vie de la NUPES sont ceux-là même qui au Conseil régional sont les plus grands supporters… de Carole Delga !

Prenons quelques thèmes.

Je me bats depuis des années contre le projet de LGV – GPSO. Que pense la NUPES ? PS-PRG-PCF sont les plus grands défenseurs du projet et je vois mal la NUPES s’y opposer.

La bataille des retraites ? Le programme dit bien, retour à la retraite à 60 ans avec 40 ans d’annuités. Qui peut croire que le PS-PRG est favorable à cette revendication quand on se souvient de la politique d’Hollande ?

La question du nucléaire ? Comme pour la LGV, la majorité des membres de la NUPES est pour le nucléaire.

On me répond : n’insistons pas sur les divisions, elles ont toujours existé au sein de la gauche et sans la NUPES il n’y a pas d’alternative aux politiques actuelles.

Les divisions sont partout, et elles ne me dérangent pas non plus. Toute la question est de savoir comment démocratiquement peuvent se régler les divisions. Je suis prêt à être minoritaire dans un mouvement qui pose clairement les questions.

La position au-delà de la gauche (dans un cadre démocratique) serait plus facile. Après des années d’action, je peux affirmer sans crainte de me tromper que dans la société les projets de LGV sont minoritaires. La question dépasse gauche/droite. Les dirigeants du FN sont favorables à la LGV mais les électeurs non. Une position au-delà du clivage historique permet de marginaliser des dirigeants sous la pression des lobbies.

Et cet autre point crucial : la laïcité. Il est instrumentalisé par les uns et les autres, dans un sens ou dans l’autre. Valls joue la carte de la laïcité pour se donner une image. Donc quand on est contre Valls il faut être contre la laïcité. De même avec le RN.

La laïcité dépasse le clivage droite/gauche et elle reste un des fondements de la conscience politique.

J’en suis conscient, dépasser le clivage/droite a toujours servi dans l’histoire l’extrême-droite. Sauf que ces dernières années le dépassement a servi Macron !

Il appartient à l’histoire des gauches de s’en servir dans une société où faut-il le rappeler l’histoire des gauches a souvent servi à conforter le système qui avait besoin de révolutionner la société pour se pérenniser.

Tout nous ramène à la question de fond : contre quel type de système nous battons-nous ? Macron et Le Pen refusent le clivage pour conforter le système. Pour le mettre à mal nous devons le refuser aussi, sans imaginer un seul instant que c’est la baguette magique qui peut tout résoudre. La leçon de la lutte des gilets jaunes s’inscrit dans cette réflexion. Et le chemin ne peut être que très long pour construite une alternative !

Et là on me répond : mais il y a urgence ! L’urgence est le prétexte permanent pour empêcher toute réflexion. Sauf que cette fois l’urgence est réelle ? Oui mais l’invoquer ne nous amène nulle part.

Pour Mélenchon il y a urgence car 2027 sera cette fois sa dernière chance d’être au second tour et pour ce faire il se rêve en candidat unique de la gauche car en effet, sans candidat écolo, PS ou PCF il est qualifié mais le cas de l’Ariège le démontre, il se retrouve alors sans réserve de voix pour le second tour ! Mitterrand n’a gagné que quand le PCF a présenté un candidat contre lui. D’une part ça lui permettait de marquer des points au centre pour le premier tour, et au second tour une bonne partie des personnes mobilisées par le PCF ont continué de se mobiliser pour le PS.

Une présence diversifiée au premier tour est d’autant plus nécessaire quand le RN reste toujours très fort.

J-P Damaggio