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Vie de La Brochure
30 mai 2023

Le Biscayen premier adversaire de Don Quichotte

Suite à un message de René Merle j'avais cherché un Galicien dans Don Quichotte et ce fut une Galicienne mais en fait René Merle a trouvé : le premier adversaire du chevalier fut un Biscayen. Et il est amusant de pointer comment Cervantes traite le parler de cet homme : "une langue qui n’était pas plus du castillan que du biscayen" mais la vraie phrase me semble un peu différente : "en mala lengua castellana y peor vizcaína". Et le parler du Biscayen est ensuite très original. J-P Damaggio

Don Quichotte première partie, ch VIII

Tout ce que disait Don Quichotte [à une dame dans un carosse] était entendu par un des écuyers qui accompagnaient la voiture, lequel était Biscayen ; et celui-ci, voyant qu’il ne voulait pas laisser partir la voiture, mais prétendait, au contraire, la faire retourner au Toboso, s’approcha de Don Quichotte, empoigna sa lance, et dans une langue qui n’était pas plus du castillan que du biscayen, lui parla de la sorte :

« Va, chevalier, que mal ailles-tu ; par le Dieu qui me créa, si le carrosse ne laisses, aussi bien mort tu es que Biscayen suis-je. »

Don Quichotte le comprit très-bien, et lui répondit avec un merveilleux sang-froid :

« Si tu étais chevalier, aussi bien que tu ne l’es pas, chétive créature, j’aurais déjà châtié ton audace et ton insolence. »

À quoi le Biscayen répliqua :

« Pas chevalier, moi ! je jure à Dieu, tant tu as menti comme chrétien. Si lance jettes et épée tires, à l’eau tu verras comme ton chat vite s’en va. Biscayen par terre, hidalgo par mer, hidalgo par le diable, et menti tu as si autre chose tu dis.

— C’est ce que nous allons voir, » répondit Don Quichotte.

Et jetant sa lance à terre, il tire son épée, embrasse son écu, et s’élance avec fureur sur le Biscayen, résolu à lui ôter la vie.

Le Biscayen, qui le vit ainsi venir, aurait bien désiré sauter en bas de sa mule, mauvaise bête de louage sur laquelle on ne pouvait compter ; mais il n’eut que le temps de tirer son épée, et bien lui prit de se trouver près du carrosse, d’où il saisit un coussin pour s’en faire un bouclier. Aussitôt ils se jetèrent l’un sur l’autre, comme s’ils eussent été des ennemis mortels. Les assistants auraient voulu mettre le holà ; mais ils ne purent en venir à bout, parce que le Biscayen jurait en son mauvais jargon que si on ne lui laissait achever la bataille il tuerait lui-même sa maîtresse et tous ceux qui s’y opposeraient. La dame du carrosse, surprise et effrayée de ce qu’elle voyait, fit signe au cocher de se détourner un peu, et, de quelque distance, se mit à regarder la formidable rencontre.

 

En espagnol :

Todo esto que don Quijote decía escuchaba un escudero de los que el coche acompañaban, que era vizcaíno [un basque], el cual, viendo que no quería dejar pasar el coche adelante, sino que decía que luego había de dar la vuelta al Toboso, se fue para don Quijote y, asiéndole de la lanza, le dijo, en mala lengua castellana y peor vizcaína, desta manera:

—Anda, caballero que mal andes; por el Dios que crióme, que, si no dejas coche, así te matas como estás ahí vizcaíno.

Entendióle muy bien don Quijote, y con mucho sosiego le respondió:

—Si fueras caballero, como no lo eres, ya yo hubiera castigado tu sandez y atrevimiento, cautiva criatura.

A lo cual replicó el vizcaíno:

—¿Yo no caballero? Juro a Dios tan mientes como cristiano. Si lanza arrojasXVI y espada sacas, ¡el agua cuán presto verás que al gato llevas! Vizcaíno por tierra, hidalgo por mar, hidalgo por el diablo, y mientes que mira si otra dices cosa.

—Ahora lo veredes, dijo Agrajes —respondió don Quijote.

Y, arrojandoXVII la lanza en el suelo, sacó su espada y embrazó su rodela, y arremetió al vizcaíno, con determinación de quitarle la vida. El vizcaíno, que así le vio venir, aunque quisiera apearse de la mula, que, por ser de las malas de alquiler, no había que fiar en ella, no pudo hacer otra cosa sino sacar su espada; pero avínole bien que se halló junto al coche61, de donde pudo tomar una almohada, que le sirvió de escudo, y luego se fueron el uno para el otro, como si fueran dos mortales enemigos. La demás gente quisiera ponerlos en paz, mas no pudo, porque decía el vizcaíno en sus mal trabadas razones que si no le dejaban acabar su batalla, que él mismo había de matar a su ama y a toda la gente que se lo estorbase. La señora del coche, admirada y temerosa de lo que veía, hizo al cochero que se desviase de allí algún poco, y desde lejos se puso a mirar la rigurosa contienda, en el discurso de la cual dio el vizcaíno una gran cuchillada a don Quijote encima de un hombro, por encima de la rodela, que, a dársela sin defensa, le abriera hasta la cintura.

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