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Vie de La Brochure
14 avril 2025

De Tilly à La Boétie, en passant par Bordeaux

Les USA ont connu une vague d’historiens grands connaisseurs de l’histoire de France. Depuis les années 1990 cette vague est remplacée par des nouvelles générations portées vers l’étude de la civilisation chinoise. Il m’est arrivé d’inviter à Montauban un couple de cette vague ancienne, M. et Mme Margadant et j’ai d’ailleurs vérifié le peu d’intérêt pour leur travail, et leurs rares traductions. Mais au Seuil en 1992 Jacques Le Goff directeur d’une collection invita Charles Tilly (professeur à New York) a écrire un livre sur les Révolutions européennes 1492-1992. Avec ce premier souci de l'auteur : qu’est-ce qu’une révolution ? Il distingue les situations révolutionnaires et les issues révolutionnaires et son travail à l’échelle européenne me semble majeur. Mais comme aujourd’hui je ne me penche que sur un moment précis de cette histoire l’année 1549 j’évite de m’égarer par une présentation générale.

En 1549 La Boétie a 19 ans et il n’a pas pu être insensible à la révolte des Pitaux aux conséquences majeures pour la ville de Bordeaux. Tilly mentionne seulement cette révolte (cette situation révolutionnaire) aussi pour en savoir plus je me suis reporté au livre Révoltes populaires en Occitanie (Editions La Monédiaires). J’ai eu le plaisir de constater que la première référence est faite à mon cher Mary-Lafon et la révolte est détaillée avec cette conclusion : l’ignoble répression qui a suivi dans les campagnes a été un terreau favorable au protestantisme sur lequel Tilly se penche largement. Pourquoi Luther en Allemagne et Calvin en France ? Mais ici encore, pas question de m’égarer pour expliquer en quoi le protestantisme fut ou pas une révolution.

Je dois en rester à La Boétie et à Claude Lefort, ce dernier ayant le plus insisté sur le lien entre les Piteaux (la révolution en Guyenne) et la « servitude volontaire ».

Sa publication du discours en 1976, en Livre de Poche, avec Marcel Gauchet, fut plus qu’une publication du discours, puisqu’elle a été accompagnée d’outils pour réfléchir aux diverses lectures la « servitude volontaire ».

Et Lefort insiste dans un dernier texte, Le nom d’Un :

« Ne saurions-nous rien des circonstances du Discours, ignorerions-nous la répression qui frappe Bordeaux et la Guyenne en 1549, après la révolte des gabelles, la mise à sac des campagnes par les armées d’Henri II, la ruine des paysans, les exécutions dans les villes, la fermeture du Parlement, l’abaissement des magistrats, bref la terreur qui a manifesté la toute puissance du prince et l’impuissance entière de ceux qui se voulaient ses sujets, nous nous sentirions mis en demeure d’interroger de notre place, nous recevrions les choc de la question de la servitude volontaire. »

La fermeture du Parlement, l’abaissement des magistrats concernent directement la famille La Boétie et le jeune Etienne avec.

Le point de vue de Lefort sera fortement contesté surtout en lien avec son analyse de Machiavel dont il est un spécialiste.

Pour La Boétie, avec Gauchet (qui fut son élève), ils contestent la lecture militante réductrice (par les protestants au départ) faite du Discours. Tout comme la lecture universitaire.

Voici une présentation de Claude Lefort (référence sur Le Maitron) : né le 21 avril 1924 à Paris (VIIIe arr.), mort le 3 octobre 2010 à Paris (VIIe arr.) ; agrégé de philosophie (1949), professeur au lycée de Nîmes, puis de Reims (1949-1951) ; professeur à l’Université de São Paulo, Brésil, 1953-1954 ; assistant à la Sorbonne, 1954-1956 ; chercheur au CNRS ; directeur du département de sociologie à la faculté des lettres de Caen, 1965-1971 ; docteur ès lettres et sciences humaines (1971), directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (1976-1990). Ami de Castoriadis et surtout de Merleau-Ponty il a joué un grand rôle sur la scène philosophique. Son travail sur La Boétie me semble précieux. J-P Damaggio

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