Gorbatchev, une révolution ?
Gorbatchev lui-même a présenté son projet comme une révolution dans la révolution. Comment nier qu’il s’est bien agi d’une révolution, sur le plan économique, politique et culturel ? Sauf qu’il était face à une contradiction : agir par en haut en étant pris entre deux feux dans les cercles du pouvoir : les conservateurs et les réformateurs. Il tenta l’appel au soutien populaire avec la création en 1989 d’un Congrès des députés du peuple qui dans la limite du pouvoir du PC devait élire une nouveau Soviet suprême.
Je ne vais pas écrire toute l’histoire pour seulement insister sur un point : les révolutions en Pologne, RDA, Tchécoslovaquie, Hongrie furent des révolutions citoyennes inscrites dans l’histoire de l’Europe quand celle de l’URSS était autocratique inscrite dans l’histoire de la Russie.
Le cas de la révolution type USA s’inscrit dans l’entre deux. Pour une part une révolution d’autocrate (comme celle de la libération du joug espagnol en Amérique latine) et pour une part une révolution citoyenne.
A partir des années 1980 l’autocratie a marqué de plus en plus de points aux USA (la chute de l’URSS n’y est pas pour rien) et sa force de frappe a permis de faire reculer la citoyenneté en Europe avec la complicité de forces internes à divers pays.
Nous vivons la victoire totale de la révolution US de 1775 sur celle de France et d’Europe du XIXème siècle à partir d’une mise en œuvre par le sommet de mesures radicales. Attention je ne rejoins pas ceux qui divisent la société en un face à face entre peuple et élites. La révolution citoyenne en Europe au cours des deux siècles précédents a été l’œuvre d’une union entre une part du peuple et une part des élites, union rendue possible car cette part des élites était souvent issue du peuple.
L’entente actuelle entre Trump et Poutine n’est pas un accident de l’histoire, ou pire un contre-sens de l’histoire mais la suite logique des histoires des USA et de la Russie ayant cherché à prendre en étau l’Europe, entendez la vieille Europe incapable de mesurer le sens de l’histoire.
Dans cette histoire de l’Europe il faudrait pouvoir analyser ce que la social-démocratie a apporté par rapport au courant communiste ou en lien avec lui.
Pour moi y compris l’appel du 18 juin de de Gaulle est une traduction de la tradition citoyenne de la France. De Gaulle sait très bien qu’une part du peule ne peut que se jeter dans les bras de Pétain (d’autant qu’il s’appuie sur le fait qu’une guerre terrible est évitée avec l’Allemagne) mais qu’il existe aussi un peuple rebelle.
En 1944-1945 les dirigeants des USA ne s’y sont pas trompés : il fallait marginaliser cette France rebelle qui pouvait être de droite ou de gauche.
Dans ces conditions nouvelles, partout en Europe l’appel à l’autocratie se généralise, un appel qui n’est pas circonstanciel mais structurel et qui de ce fait traverse tout l’éventail politique comme la Résistance traversa tout l’éventail politique en France y compris une part de l’extrême-droite.
Mélenchon a besoin d’avoir contre lui Marine, et réciproquement, pour bien s’inscrire dans le temps présent. Il prétend combattre le RN quand il se positionne en réaction au RN. Son abandon de la laïcité au nom du refus de l’islamophobie tient à ce calcul : Marine dénonce l’islamisme, comme je combats Marine, je fais les yeux doux à l’islamisme.
Fabien Roussel vient de publier un livre. Autrefois un dirigeant du PCF aurait veillé à produire un discours unissant les communistes mais aujourd’hui, peu importe les forces qui le suivent, il avance en chef. Il peut avances des propositions utiles mais c’est lui, et qui m’aime me suive. Il n’y a aucun appel y compris à la citoyenneté communiste dont tout le monde sait quelle est divisée. Et Mélenchon s’en réjouit car il se dit que les communistes mécontents vont sauter dans ses bras.
Les autocrates fonctionnent ainsi : ils amassent les mécontentements y compris contradictoires. Or les partis politiques européens d’hier ont travaillé à construire des citoyennetés actives, cohérentes, et soucieuses du débat démocratique.
Cette mutation s’appuie sur la révolution dans les médias. N’est-il pas symptomatique qu’à sa naissance le parti de Jaurès créa son média L’Humanité, qu’ensuite la SFIO en 1920 créa son média : Le Populaire etc. ?
Mélenchon, après 2017 créa (avec sa collaboratrice Sophia) son média : Le Média, pour dire qu’en fait il était ,tous les médias rassemblés, et ce fut le fiasco pour impossibilité à y faire vivre un minimum de démocratie. Depuis Mélenchon a préféré, comme tant d’autres, créer un institut pour travailler en famille sous direction autocratique. LFI ne manque pas de financements mais l’institut comme les fondations n’est-ce pas aussi un moyen d’accéder à des financements publics ?
Peut-on sortir de cette prison qui nous enferme chaque jour davantage ? Le système économique finira par craquer et des citoyens devront le remonter. La citoyenneté renaîtra par devoir. J-P Damaggio
Je note trois références sur mon blog
Lettre ouverte à Gorbatchev, Bonnafé
Ancien blog
Comment les pays de l’est sont tombés