Décès de Bernard Ouardes

Fin novembre il m’a appelé pour me redemander un numéro ISBN pour une publication en préparation. J’ai compris aussitôt qu’il s’agissait d’un prétexte pour m’annoncer de tristes analyses au sujet d’un cancer qui ne pardonne pas.

Cette publication était prévue pour septembre suite au travail réalisé au sujet de l’histoire de la Halle de Castelsarrasin et, vu le retard, j’ai compris qu’elle resterait une œuvre inachevée parmi tant d’autres.

Je prépare un livre hommage pour rappeler son parcours de chercheur local qui a changé bien des regards des citoyens sur leur commune.

Je l’ai connu pour de raisons très concrètes.

J’avais étudié la grande grève de Castelsarrasin et dix ans plus tard il fit de même avec de nouvelles sources.

Puis il étudia le cas de Pottevin dont le père avait été ouvrier à l’usine de Bruniquel… que j’avais moi-même étudié.

Il n’en fallait pas davantage pour lancer notre coopération de chercheur.

Sauf qu’une autre coïncidence nous unissait : j’étais de Réalville et il avait une part de sa famille à Réalville ! Une part de sa famille que j’avais connu personnellement en suivant mon père chez le communiste Bouchet.

Bernard était un rebelle à sa manière qui est aussi la mienne. Célébrer une grève ouvrière n’empêche pas de célébrer le patron de l’usine ! Au contraire. Et c’est en pensant à lui que j’ai réalisé une étude sur Genieys comme il étudia de son côté le fabuleux Secretan.

Pour traduire ce côté rebelle la formule est connue : "il avait mauvais caractère" !

Je retiens seulement ici son immense générosité qui l’unissait profondément à sa compagne et la dernière œuvre inachevée en témoigne parfaitement : plutôt que de se consacrer à ses propres passions, il répondait aux commandes des autres souvent municipales ou un anniversaires. Combien de fois l’ai-je entendu évoquer une étude qu’il envisageait sur la Série noire ? J'ai une pensée émue pour son épouse, ses enfants et son père aussi qui fut l'ultime sujet de nos conversations, un père rebelle ça va de soi et qu'il admirait tant.

Son décès change ma vie : le même jour le compte bancaire des Editions La Brochure est clôturé, et les Editions disparaissent totalement. A suivre en septembre. Jean-Paul Damaggio