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Vie de La Brochure
3 mai 2025

Ouardes sur La Dépêche

Ouardes sur La Dépêche

Max Lagarrigue en historien conséquent a souvent interrogé Bernard Ouardes en conséquence son article est complet. Je reprends bien sûr la référence au rebelle (en 68 on le trouve sur la liste des membres du PSU). En septembre j'apporterai des compléments. J-P Damaggio. 

La Dépêche Publié le 03/05/2025

Max Lagarrigue

Ancien enseignant, président de l’Association de sauvegarde du patrimoine castelsarrasinois (ASPC), et figure des luttes sociales de Mai 68 à Castelsarrasin, Bernard Ouardes a consacré sa vie à exhumer les figures oubliées et les récits enfouis de sa ville. Il est décédé le 2 mai 2025, à l’âge de 81 ans.

À Castelsarrasin, dans le Tarn-et-Garonne, le nom de Bernard Ouardes évoque immédiatement la défense du patrimoine, le goût des archives, la fidélité aux humbles, une parole franche et une passion sans faille pour l’histoire locale.

Cet homme au parcours atypique, professeur d’histoire – géographie devenu assureur, historien autodidacte et président actif de l’Association de sauvegarde du patrimoine castelsarrasinois (ASPC) pendant plus de quinze ans, est mort le 2 mai, à l’âge de 81 ans, après une longue maladie.

Né le 19 décembre 1943 à Lafrançaise, dans une famille modeste du Tarn-et-Garonne, Bernard Ouardes n’a jamais oublié ses racines. Très tôt attiré par l’histoire et le débat d’idées, il s’engage dès sa jeunesse.

En mai 1968, alors qu’il est surveillant d’externat au lycée Jean-de-Prades, il participe activement aux mobilisations et fonde un syndicat dans le sillage des mouvements étudiants et lycéens. Il conservera toute sa vie cette veine militante, exigeante, souvent critique, mais toujours constructive.

Un détour par l’enseignement et un virage assumé

Ce même lycée deviendra plus tard son lieu d’enseignement. Bernard Ouardes y enseigne l’histoire avec une liberté de ton qui tranche. En 1971, pour le centenaire de la Commune de Paris, il obtient une dérogation rare pour consacrer une année entière à cet épisode révolutionnaire.

Mais c’est une rencontre fortuite avec un assureur local qui bouscule son parcours. Attiré par une vie professionnelle plus autonome, il quitte l’Éducation nationale et reprend un cabinet d’assurances, place Lamothe-Cadillac à Castelsarrasin. Cette bifurcation, loin de l’éloigner de l’histoire, lui offre au contraire un cadre plus libre pour creuser ses recherches et voyager.

Le défenseur du patrimoine local

En 2007, à l’âge de 64 ans, il rejoint l’ASPC. Deux ans plus tard, il en prend la présidence. L’association devient sous son impulsion un laboratoire d’histoire locale. Il en double les effectifs, y développe une série de conférences et de publications rigoureuses, souvent inédites. Il exhume, documente, et interpelle. "Je ne suis pas malléable, j’archive tout et j’assume ce que je dis", confiait-il à La Dépêche en 2021.

C’est dans les archives de l’usine métallurgique Sainte-Marguerite à Castelsarrasin qu’il fait une découverte qu’il considère comme essentielle : celle d’Henri Pottevin, Castelsarrasinois devenu scientifique de premier plan, collaborateur de Pasteur, inventeur d’un masque à gaz pendant la Première Guerre mondiale, et élu radical-socialiste. Bernard Ouardes plaide pour sa réhabilitation publique auprès du maire de l’époque Bernard Dagen : la salle du conseil municipal est inaugurée à son nom en 2008, grâce à ses travaux.

Il redonne également vie à un autre oublié : Paul Vasilières, historien et archéologue érudit, auteur d’un manuscrit monumental retraçant mille ans d’histoire locale. "Une mine d’or", disait-il, trop souvent pillée sans reconnaissance.

L’intransigeance au service de la vérité historique

Bernard Ouardes n’était pas homme à transiger avec l’histoire. Il critiquait frontalement les choix municipaux qui, à ses yeux, trahissaient la rigueur historique. Il s’opposa notamment à la réhabilitation de la maison Despagne, devenue musée Firmin-Bouisset, dénonçant un projet qui ignorait l’héritage architectural et artistique local. Il milita avec persévérance pour faire reconnaître le graveur castelsarrasinois Antonin Delzers, prix de Rome en 1900, plutôt que l’artiste moissagais Bouisset.

L’actuel maire, Jean-Philippe Bésiers, avec lequel il eut des désaccords nourris, finira par lui donner raison en attribuant le nom d’Antonin-Delzers à une salle d’exposition temporaire du musée. Malgré les divergences, le premier édile a salué publiquement sur son compte Facebook la mémoire de Bernard Ouardes : "Merci Monsieur Ouardes pour ce que vous avez apporté par vos recherches et vos connaissances sur Castelsarrasin et son Histoire."

Une mémoire vivante

Bernard Ouardes laisse une œuvre multiple : des publications, des conférences, mais aussi des combats menés pour la transmission et la reconnaissance de la mémoire locale. À travers ses écrits, ses découvertes, ses alertes, il a contribué à écrire une autre histoire de Castelsarrasin : celle des anonymes, des inventeurs oubliés, des trajectoires populaires et scientifiques que l’histoire officielle néglige souvent.

Derrière l’homme aux convictions tranchées, se dessinait un profil plus nuancé : celui d’un passeur de mémoire, d’un archiviste scrupuleux, d’un amoureux sincère de sa ville. "Si on ne fait pas des livres, on meurt", aimait-il dire. Il en a laissé plusieurs dont ce savoureux intitulé Les maisons de tolérances à Castelsarrasin de 1848 à 1946.

À son épouse Jackie, à ses enfants, à ses compagnons de route de l’ASPC, la rédaction de La Dépêche adresse ses condoléances attristées.

Ses obsèques seront célébrées le mardi 6 mai 2025 à 10 heures, en l’église Saint-Sauveur à Castelsarrasin, par l’abbé Georges Passerat, et seront suivies à 14 heures d’une cérémonie au crématorium de Montauban.

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