LGV : le chaud et le froid
Avec ces deux articles de La Dépêche on mesure le chaud et le froid qui continue de souffler sur la LGV. D’un côté Les Amis de la Terre perdent à nouveau en matière de demande de suspension des travaux sur AFNT. De l’autre l’Autorité environnementale fait des critiques sur la LGV (fait déjà évoqué ICI de manière plus détaillée). Le feuilleton continue et on se demande si un jour un gouvernement va pouvoir proposer un budget au pays avec ou sans le financement de la LGV. Facile de constater que le chaud prend plus de place que le froid ! Et je ne fais plus l’inventaire des mensonges. JPD
Article du 29 coup de froid
L’Autorité environnementale souligne les points noirs de la demande d’autorisation environnementale, déposée par la SNCF Réseau pour le chantier de la Ligne Bordeaux-Toulouse.
Voilà une nouvelle qui va donner du grain à moudre aux opposants à la Ligne à grande vitesse (LGV) Bordeaux-Toulouse. Soucieux des conséquences sur l’environnement, ils ont déposé un recours en urgence au tribunal administratif, le 22 septembre, contre le chantier de la ligne à grande vitesse qui a commencé au nord de Toulouse. Le train permettra de rallier Paris en 3 h 30 d’ici 2032, soit une heure de moins que le trajet actuel.
Impact sur la biodiversité
Mais la demande d’autorisation environnementale déposée, le 5 mai dernier, par la SNCF Réseau sur les opérations préalables à la construction de la Ligne à grande vitesse (LGV) Bordeaux-Toulouse, présente un document incomplet selon l’Autorité environnementale (Dreal).
Jeudi 25 septembre, la préfecture de la Haute-Garonne, qui prend acte des remarques de l’Autorité environnementale (82 pages), indique que l’avis de cette dernière "fait part d’un certain nombre d’observations techniques sur le dossier porté par SNCF Réseau, concernant le dossier présenté, mais également les autres demandes d’autorisation encore à venir".
Les services de l’État assurent qu’ils veilleront "à ce que la SNCF prenne [les remarques] en compte et apporte les meilleures réponses possibles, tant dans le cadre de la procédure en cours qu’à l’occasion des prochaines demandes d’autorisation environnementale, prévues pour la poursuite de l’opération".
Que dit le document de l’Autorité environnementale (Ae) en substance ? Il porte notamment sur la première étape du chantier : sondages géotechniques, diagnostics archéologiques et défrichements. Ces opérations préalables nécessitent déjà une autorisation environnementale, car elles peuvent avoir un impact direct sur les milieux naturels. Dans une séquence intitulée "éviter, réduire, compenser" (ERC), l’Ae note plusieurs aspects à corriger : "L’application de la séquence ERC […] traduit un engagement réel du maître d’ouvrage recherchant le gain écologique […], mais le bilan reste encore trop mitigé. […] Ces efforts ne suffisent cependant pas à protéger les zones humides, les corridors écologiques, certaines terres agricoles et sylvicoles de grande valeur." L’Ae relève enfin un impact sur les espèces sensibles et sur les émissions de gaz à effet de serre, détaillant un bilan "partiel", qui "ne tient pas compte des consommations énergétiques des trains, des avions ou des poids lourds […] ne permettant pas d’avoir une vision pour l’ensemble du projet".
Article du 30 coup de chaud
LGV Bordeaux-Toulouse : le tribunal rejette la demande de suspension
Publié le 30/09/2025
Ce mardi, le tribunal administratif de Toulouse a rejeté la demande de suspension de l’autorisation environnementale accordée aux aménagements ferroviaires du nord de Toulouse, maillon clé de la future LGV Bordeaux-Toulouse. Les associations de défense de l’environnement estimaient qu’il existait une alternative à ce chantier de modernisation.
Les associations de défense de l’environnement espéraient que le tribunal administratif de la Ville rose leur donnerait raison et que sa décision leur permettrait de faire stopper le chantier des aménagements ferroviaires du nord de Toulouse (AFNT), démarré l’an dernier. Mais les juges viennent de rejeter leur requête en référé visant à suspendre l’arrêté préfectoral du 9 février 2024, qui avait octroyé l’autorisation environnementale nécessaire à sa réalisation.
Le tribunal a estimé que les arguments avancés par les requérants ne permettaient pas, en l’état de l’instruction, de remettre en cause la légalité de l’arrêté préfectoral. "Les moyens soulevés ne sont pas de nature à créer un doute sérieux", ont conclu les magistrats administratifs.
Jugement sur le fond dans les prochains mois
L’avocate des associations, notamment des Amis de la Terre, Me Anne-Sophie Barrère, avait souligné, lors de l’audience du 23 septembre, une "méconnaissance de la réglementation relative aux espèces et habitats protégés". Ella avait indiqué que la SNCF n’avait "pas recherché d’alternatives satisfaisantes" au doublement des voies sur cette partie importante de la future Ligne à grande vitesse du Sud-Ouest, qui doit relier Toulouse à Bordeaux d’ici à 2032. Cette décision ne constitue toutefois qu’un avis provisoire. Le tribunal administratif de Toulouse rappelle qu’il "reste saisi du dossier et jugera dans les prochains mois la légalité de l’autorisation environnementale pour la réalisation de l’opération d’aménagement ferroviaire au nord de Toulouse".
Le préfet de la région Occitanie, Pierre-André Durand, a indiqué prendre acte de cette décision. "Les travaux vont se poursuivre dans la perspective maintenue d’une mise en service en 2032 et ce dans le respect des prescriptions édictées par l’autorisation délivrée. Les AFNT ont pour objectif de répondre aux enjeux de desserte du territoire face à l’augmentation du trafic voyageurs. Ils constituent la première étape de la construction de la ligne nouvelle Bordeaux-Toulouse-Dax et d’amélioration de l’offre de service des trains du quotidien", a-t-il réagi.
La satisfaction des élus locaux
Du côté des élus, les réactions au jugement vont toutes dans le même sens. Alors que la présidente du conseil régional Carole Delga considère que le verdict du tribunal administratif "réaffirme l’importance des aménagements ferroviaires au nord de Toulouse pour répondre aux besoins de mobilité quotidienne des habitants de la région", son homologue de Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, estime que "retarder ce chantier engendrerait nécessairement des coûts supplémentaires pour les contribuables, ce qui n’est pas acceptable".
En Haute-Garonne, les AFNT ont également de solides soutiens, à commencer par Sébastien Vincini. Le président du conseil départemental espère que le doublement des voies ferrées au nord de Toulouse "permettra de faciliter les déplacements quotidiens". Même son de cloche du côté du maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole, Jean-Luc Moudenc : "Il est indispensable de mener à terme ces aménagements […] pour offrir de nouvelles solutions de mobilités aux habitants de notre métropole", a-t-il indiqué.
L’opération AFNT, contestée par plusieurs collectifs citoyens et associations environnementales, représente une étape incontournable dans le déploiement du Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest. Pour les opposants, la bataille judiciaire n’est donc pas terminée.