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Vie de La Brochure
4 octobre 2025

Mélonio Tocqueville face à Snégaroff sur France Inter (1)

Mélonio Tocqueville face à Snégaroff sur France Inter (1)

Au face à face aujourd’hui sur France inter, Thomas Snegaroff a invité l’auteur d’une bio de Tocqueville par Françoise Mélonio. Présentation  officielle : « professeure agrégée de littérature et grande spécialiste de son œuvre. Elle restitue avec finesse l’unité entre l’homme privé et l’acteur politique. Figure incontournable de la pensée politique, Alexis de Tocqueville n’a cessé d’explorer les promesses et les fragilités de la démocratie. Derrière l’auteur de De la démocratie en Amérique et de L’Ancien Régime et la Révolution se dévoile aussi un homme aux multiples facettes : voyageur curieux, aristocrate enraciné, observateur inquiet mais confiant dans l’avenir des sociétés libres. »

Mais avant d’en arriver à Tocqueville j’en profite pour indiquer que Thomas Snégaroff vient de publier La Conspiration, un nouveau roman paru aux éditions Albin Michel qui fait froid dans le dos. France Info le présente et l’interroge :

« Il a décidé de nous dépeindre l'Amérique des années 30 avec l'élection de Franklin Delano Roosevelt, que beaucoup d'hommes influents n'ont pas vu venir et l'urgence pour ces mêmes banquiers, riches industriels et généraux, humiliés, d'élire un remplaçant plus enclin à nourrir l'attirance pour le fascisme, le nationalisme et le nazisme venus d'Europe. Son nom, Smedley Butler, le général du Corps des Marines des États-Unis. Au centre de cette trouvaille, il y a effectivement un coup d'État, celui de renverser le pouvoir et surtout la démocratie américaine.

Cela semble être un scénario de film, mais en fait pas du tout, c'est issu de la vraie vie.

Thomas Snégaroff : Oui, c'est un événement méconnu, cela a été oublié, lessivé par l'histoire, par la Seconde Guerre mondiale, par le fait que c'est l'Amérique qui a sauvé les démocraties européennes.

Roosevelt va prendre des décisions qui vont d'abord toucher très fort au portefeuille de ces milliardaires-là, et puis, il va générer une ambiance que ne supportent pas ces gens-là, faite de progressisme, d'aide aux plus pauvres, de solidarité et de considérer que l'argent ne fait pas le bonheur. Un petit groupe de banquiers et d'industriels milliardaires va avoir cette idée folle, mais ô combien actuelle aujourd'hui aussi, d'organiser un coup d'État fasciste aux États-Unis, et ce n'est pas moi qui l'ai inventé, mais l'histoire l'a largement oublié.

Votre écriture pose le décor sombre de cette triste Amérique des années 30. Vous écrivez : "Le monde des possédants était petit, celui des dominés immenses".

Thomas Snégaroff : Ce sont les années 30, c'est la crise de 29. Le livre s'ouvre avec tous ces vétérans qui vont arriver devant la Maison Blanche parce qu'ils demandent juste un bonus d'un dollar pour survivre. Les élus américains leur ont dit, non, vous les toucherez en 1945 seulement. Eux, ils veulent juste survivre. Imaginez, c'est une bande de soldats qui ont été héroïques pendant la Première Guerre mondiale et qui arrivent avec des vêtements trop grands pour eux parce qu'ils sont tellement maigres. Ils n'avaient que leurs familles, et c'est ce contexte-là qui rappelle aussi un peu ce qui se passe en Europe, un ressentiment des soldats qui considèrent qu'on les a oubliés. C'est sur ces braises-là que vont souffler ces agents du désordre, que sont ces milliardaires qui se disent, "Tiens, ces gens-là, est-ce qu'ils ne peuvent pas faire comme en Europe, servir peut-être d'une base extraordinaire à une révolution fasciste ?"

Le seul remerciement qu'on va leur formuler à ces vétérans, c'est d'avoir sauvé la démocratie. On se rend compte à quel point la démocratie est à la fois très solide, mais en même temps très fragile.

Thomas Snégaroff : La démocratie, c'est un peu comme l'amour, c'est seulement si on y croit qu'elle existe. Alors bien sûr, il y a des contre-pouvoirs, bien sûr il y a des institutions, mais on se rend compte à quel point l'état de droit est fragile si des gens décident de ne plus y croire. Dans les années 30, c'est très puissant aux États-Unis, chez nous aussi, et ne pas croire en la démocratie, cela veut dire, ne pas croire en sa promesse d'égalité et de liberté. Quand on commence à ne plus y croire, eh bien, elle n'existe plus.

Dans cet ouvrage, vous nous ravivez la mémoire aussi. Vous nous racontez par exemple que Samuel Untermyer s'est opposé au troisième Reich, fondant, en 1933, la ligue non-sectaire anti-nazi pour défendre les droits humains. C'est important justement de redonner vie, de redonner corps à des personnes qui ont disparu, mais qui ont contribué à maintenir entre guillemets cette démocratie et l'importance d'avoir le choix de vivre en paix ?

Thomas Snégaroff : C'est très important de raconter l'histoire des individus. Quand j'ai fait, Putzi, le pianiste d'Hitler, l'idée, c'était de raconter l'histoire d'un homme et à travers cet homme, de raconter toute la fascination que l'Allemagne avait pu éprouver envers Hitler. Raconter la naine qui est sur les genoux de JP Morgan, c'est une histoire folle, mais ces trois lignes. C'est ça aussi l'histoire, ce n'est pas que des grands mouvements avec des opinions publiques, un peu déshumanisés. Je trouve que de raconter la vie parfois en peu de lignes de quelques individus, cela nous permet d'être en empathie, de comprendre mieux les périodes. Et c'est peut-être ça la force du roman par rapport aux essais et aux livres d'histoire. Je trouve en plus, que le roman a une vertu, dans un moment comme aujourd'hui.

 

On sent le passionné que vous êtes, est-ce que de monter sur scène, d'aller à la rencontre des gens, c'est une suite logique ?

Thomas Snégaroff : J'ai une espèce d'obsession, c'est de raconter des choses. Effectivement, j'avais fait un livre qui s'appelait Little Rock 57 sur neuf élèves noirs qui sont les premiers à être rentrés dans un lycée blanc de l'Arkansas en 1957. Cela s'est très mal passé et je raconte l'histoire de neuf personnes pour raconter l'histoire de la ségrégation raciale. Maintenant, je le joue sur scène. On l'a créé avec un clarinettiste, Xavier Bussy, à Avignon, en 2023. Donc, j'ai très hâte d'aller raconter cette histoire. C'est aussi faire œuvre de pédagogie, de raconter une histoire, mais là, c'est au théâtre.

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