Yachay, écuador
Après les folies d’un samedi commercial, la ville d’Otavalo semble vide, morte en conséquence nous avons décidé d’aller visiter Yachay. Pour ce faire il faut 40 minutes de bus jusqu’à la capitale d’Imbabura, Ibarra et de là prendre un autre bus pour Yachay. Dans l’immense terminal d’Ibarra le balayeur que nous interrogeons nous conduit aussitôt au bon guichet mais nous ne comprenons rien en conséquence on préfère passer par le bureau de l’office du tourisme qui est juste en face.
Les deux jeunes employées s’étonne que nous voulions aller à Yachay et pas parce que c’est un dimanche mais parce qu’elles pensent qu’il n’y a rien à voir. Ceci étant elles nous confirment qu’il faut prendre un bus jusqu’à Urcuqui (encore quarante minutes) et de là un taxi pour, en dix minutes, rejoindre la « cité de la connaissance ». Nous revenons donc au guichet précédent, achetons le billet pour un véhicule qui va partir dans l’instant.
Le dépliant publicitaire indique :
« La cité de la connaissance se construit dans le canton de San Miguel de Urcuqui dans une vallée entourée de collines et montagnes dans la partie nord-occidentale de la province d’Imbabura, sur 4500 hectares.
Yachay signifie en quechua la connaissance. Cette ville est planifiée pour l’innovation technologique et les affaires en matière de connaissance, où doivent se combiner les meilleurs idées et talents humains en infrastructure de pointe qui génèrent les applications scientifiques de niveau mondial nécessaires pour atteindre le « bon vivre ».
A l’intérieur de cette ville se construira la première université d’investigation en technologie expérimentale, avec les institutions publiques et privées, les centres de technologie, les entreprises de haute technologie et la communauté agricole et agro-industrielle d’Equateur permettant la création du premier centre de connaissance d’Amérique latine. »
Pour résumer ce grand projet se veut l’équivalent de la silicon valley !
En arrivant par un beau soleil en ce lieu spécial on a eu la chance d’être dirigé vers un guide qui a tenté de nous faire comprendre – y compris en utilisant un français imparfait – le fonctionnement du lieu.
A l’origine il s’agissait d’une grande entreprise sucrière dont il reste quelques vestiges rénovés et d’abord une immense maison d’habitation. On verra même la cheminée inévitable dans de telles entreprises. Nous sommes à mi-hauteur sur la colline d’où on observe en bas les constructions toujours en cours. La bibliothèque est peu fournie en livres papiers mais largement pourvues de matériel informatique devant lesquels quelques rares étudiants travaillent. Pas très loin la cantine pour les repas. De là on va remonter vers les divers laboratoires. Peut-être parce que nous sommes un dimanche matin, tout semble neuf mais bien peu utilisé. On envisage la présence de 1000 à 2000 étudiants, autant dire un campus relativement modeste. En remontant on croise la petite rivière qui servait de force motrice à l’entreprise sucrière et autour de laquelle il existe une végétation bien agréable. Le guide tient à nous montrer la belle maison des autorités du lieu qu’elles se doivent d’occuper. On peut aisément imaginer en cette belle nature des promenades agréables mais nous sommes loin de tout !
On termine par un coin rempli de statues en bois : l'un d'elles porte une bible ce qui n'a pas l'air d'enthousiasmer notre guide, à moins qu'il n'ai pas voulu heurter notre indifférence.
Pour le retour il y a peu de taxis qui passent par là, mais le guide nous informe qu’il y a camionnettes ou bus qui ne vont pas tarder à nous ramener à Urcuqui pour reprendre la route vers Ibarra. En effet, une dame passe avec sa camionnette, Marie-France monte devant et Jean-Paul derrière où il peut bavarder un peu avec un étudiant pendant que deux gamins de moins de cinq ans se tiennent debout, cheveux au vent, dans ce moyen de transport sommaire.
Ce grand projet n’est-il pas un pari fou ? Vouloir rassembler en un lieu adapté, nouveau, les éléments de l’intelligence actuelle pour créer des synergies semble judicieux pour que toute la connaissance ne viennent pas sans cesse des pays développés. Mais loin de tout n’est-ce pas risqué ? Nous sommes environ à 3 h de Quito et nous vérifierons souvent que les employés susceptibles de se « décentraliser » à Urcuqui font grise mine. Les étudiants bénéficient d’études gratuites et c’est un atout de poids, mais les professeurs ?
Pendant notre séjour un des projets liés à Yachay a échoué : mettre en place une entreprise de production de médicaments génériques. C’est en 2014 que sur 20 hectares cette tentative de construction d’un complexe pharmaceutique a été lancée avec l’idée d’atteindre l’auto suffisance en génériques mais sans que je puisse dire pourquoi en 2016 elle est en liquidation.
Ce détour peu touristique nous a permis de découvrir un paysage du nord et un lieu emblématique qui, de toute façon va faire parler de lui. Nous pouvons y mettre dessus un souvenir concret. J-P Damaggio

