En 68 il est mort sur la route
Cette année là ils furent 14284 morts d’accidents de la route en France. Et soyons cyniques, ce n’est pas le plus grave car pour les morts il n’y a pas de lendemain, tandis que pour les 317 868 blessés les effets ont pu faire durer le drame. Une manifestation a-t-elle eu lieu pour crier «Halte au massacre !».
Pas à ma connaissance.
Et pour fêter les joies du mai 68, juillet 1968 a battu tous les records du mois le plus meurtrier avec en seulement 31 jours 33 808 victimes !
Qui étaient les plus révoltés contre le phénomène ? Les compagnies d’assurance !
C’est vrai en 68 l’alcooltest était dans les poches des gendarmes mais la loi ne prévoyait aucun niveau d’alcoolémie susceptible d’infraction. Le lobby du vin veillait au grain ! En Grande Bretagne il était de 0,80g pour mille et aussitôt les décès ont baissé de 33% et les accidents de 21%.
Mais pourquoi la révolte contre ce drame a-t-elle été si faible, si tardive, si peu populaire ? Parce que le drame était seulement familial ? Mais quand on approche 15 000 morts en un an, n’est-ce pas social ?
S’agissait-il d’un tribu inévitable à payer au progrès ? Un effet collatéral du développement de la voiture ? Une affirmation de puissance telle chez le conducteur qu’on ne pouvait la légiférer ? Un mépris des constructeurs envers la vie humaine ?
Les mesures tarderont mais finalement ce sont les autorités qui prendront le taureau par les cornes jusqu’à découvrir qu’elles pouvaient y gagner quelques sous ! JPD