Encore sur les paysans bretons en 68
Je l'ai vérifié cent fois, la question des paysans bretons et languedociens (avec les vignerons) masquent les autres paysanneries comme celles du Sud-Ouest ou du centre de la France. Et c'est vrai pour 68 avec des études sur ce sujet de Jean-Philippe Martin par exemple or pour réfléchir la vue d'ensemble est indispensable. Le dynamisme éditorial d'Ouest-France a renforcé les études sur le 68 breton. Je donne ici cet article qui donne la parole à quatre paysans quarante ans après. JPD
PS : L'affiche ci-contre dit une part de la question.
Ouest-France Article de 2008
Mai 68 a fait fleurir une autre agriculture
La place Royale, rebaptisée place du Peuple. C'était en mai 1968, à Nantes. « Une pagaille indescriptible », se souvient encore aujourd'hui Médard Lebot. « On criait, on chantait. »
Et dans cette foule balayée par les drapeaux rouges et noirs, des tracteurs conduits par de jeunes militants paysans, souvent passés par la Jeunesse agricole chrétienne. « Certains, effrayés ont quand même rebroussé chemin. » Les autres sont restés.
Quarante ans plus tard, quatre d'entre eux se souviennent. Comme si c'était hier. Fidèles à ce printemps qui les vit jeter par dessus la haie les habits du monde ancien. « Mai 1968 ne nous a pas pris de cours. On avait déjà manifesté avec les ouvriers à Nantes. Beaucoup étaient des fils de paysans. Nous avions les mêmes racines. »
« Je sais bien. Nicolas Sarkozy voudrait liquider l'esprit de mai 1968. Et lui-même y revient. Le Grenelle de l'environnement c'est quoi sinon une référence directe aux accords passés en mai 1968 pour augmenter les salaires lors des rencontres de Grenelle », ironise Henri Baron.
De cette époque, l'ancien président de la chambre d'agriculture de Loire-Atlantique a gardé des amis et le souci du collectif. Mieux, les idées portées alors par la gauche du syndicalisme agricole au sein de la FNSEA donnent des fruits quarante ans plus tard. Finissent par s'imposer. Redonner à l'environnement toute sa place, s'appuyer sur les paysans du Sud pour nourrir la planète...
Le goût de l'engagement
« Ces deux questions faisaient déjà partie de nos préoccupations. » Tout comme les premières critiques sur le modèle productiviste. « Sur le coup, ça passait bien. Après, il a fallu s'expliquer », sourient aujourd'hui Jean Cadiot et Armand Chatellier. Mai 68 va déboucher sur des ruptures. En Loire-Atlantique, Bernard Lambert va claquer la porte de la FNSEA et créer les Paysans travailleurs ce qui débouchera sur la Confédération paysanne.
Tous ont surtout gardé de cette époque le goût de l'engagement. « Avant, il y avait ceux qui savaient. Aujourd'hui encore, je pense que tout individu, aussi humble soit-il, détient une partie de la solution s'il choisit d'être acteur et de s'associer avec d'autres. Appelez ça la démocratie participative ou la démocratie tout court », résume Henri Baron.
Patrice MOYON.