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Vie de La Brochure
20 juin 2018

Manif des cléricaux à Angers le 8 mars 1925

Je suis de ceux qui supportent mal que l’Alsace et la Lorraine ne soit pas sous le régime de la loi de 1905. J’étais près à incriminer la nonchalance du Cartel des gauches en 1924 qui n’a pas pris le taureau par les cornes. En fait il a essayé mais je viens de découvrir qu’il s’est heurté à des manifs monstres des cléricaux. Par exemple à Angers, à une époque où le comptage des manifestants faisait la quasi unanimité. Ils étaient donc entre 40 et 50 000 à dire leur opposition à l’application de la loi de 1905 en Alsace et Lorraine. Voici le compte-rendu du journal Le Matin et celui du journal L’Humanité. Pour l’Humanité, il faut se souvenir que le PCF était un adversaire acharné du Bloc des Gauches et le titre ne reflète par l’article qui cependant oublie de signaler que si les cléricaux sont mobilisés c’est parce que le Bloc des Gauches voulait une France laïque. Ce n’est pas la seule fois où la rue a été entre les mains des réactionnaires. J-P D.

  

Le Matin 9 mars 1925

Cinquante mille catholiques manifestent à Angers

Angers, 8 mars. Télégr. Matin. Près de 50.000 catholiques se sont rassemblés aujourd'hui à Angers de tous les points du département. Des discours ont été prononcés par MM. Cocard, président de la Ligue d'Anjou, Dominique Delahaye, sénateur Oberkich, député du Bas-Rhin, et le général de Castelnau. Un immense cortège s'est ensuite rendu place de l'église Saint-Lô où les manifestants ont entonné des chants religieux. Les communistes, au nombre d'un millier environ, ont tenu d'un autre côté de la ville deux meetings de protestation. Grâce à un service d'ordre fortement organisé, il n'y a eu aucun incident regrettable. Indépendamment d'une motion adressée au nonce apostolique, un ordre du jour a été acclamé par les 50.000 catholiques de l'Anjou, réclamant le droit de propager leurs idées et de manifester publiquement leurs convictions flétrissant les criminelles agressions de Marseille, protestant contre la suppression de l’ambassade auprès du Vatican, revendiquant le droit pour les congrégations religieuses de vivre en commun, de posséder et d'enseigner, et exigeant enfin le respect des promesses officielles faites et réitérées par la France à l'Alsace et à la Lorraine.

 Pour l'introduction des lois laïques en Alsace et en Lorraine

METZ, 8 mars. Téléph. Matin Après avoir entendu une conférence sur les forces de division de 1 Eglise cinq cents républicains messins ont voté un ordre du jour « réclamant l'introduction dans les départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Moselle de toutes les lois de la République française, les lois laïques comme les autres.

 

Humanité mardi 10 mars 1925

Castelnau concentre ses troupes à Angers

LES GENDARMES D’HERRIOT AU SERVICE DU FASCISME

Sous couleur de liberté religieuse, les militaristes et les réacteurs de tout acabit poursuivent à travers les  campagnes, dans l'ouest notamment, leur tâche de mobilisation paysanne. Dimanche dernier, la population cléricale du département de Maine-et-Loire, groupée par commune et par arrondissement, était conviée par le général de Castelnau, l'évêque Rumeau -le grotesque  Dominique Delahaye, quelques autres chefs chouans, à manifester dans Angers. La paysannerie abrutie par les feuilles de sacristie, s'était groupée en divers lieux de concentration. Les Castelnau, l'évêque, Delahaye et Oberkich .prirent tour à tour la parole. Un ordre du jour de « fidélité inviolable» au pape fut approuvé et envoyé au nonce. Puis les 40 ou 50.000 manifestants se formèrent en cortège provocateur et se dirigèrent vers, la place Saint-Laud où une dernière concentration des troupes chouannes avait été prévue. D'autres ouailles obtuses les attendaient. Et tous ces-gens d'un passé mort, mais qui voudraient le ressusciter, entonnèrent des cantiques, chantèrent le Credo.

Une contre-manifestation communiste prouva dimanche à Castelnau et ses bandes fascistes que leurs tristes desseins rencontreront la plus vive opposition de la part des travailleurs peu disposés à se laisser brimer par les serviteurs du capital et de l'Eglise. La police et les gendarmes du Bloc des gauches furent mis une fois de plus au service de Castelnau et des ensoutanés. De nombreuses bagarres eurent lieu au cours desquelles les gendarmes chargèrent  sabre au clair. La provocation policière fut évidente.

Nos camarades Dubois, Bernard, Cremet, et un délégué italien avaient pris la parole samedi soir devant une salle comble, à la Bourse du Travail.

La manifestation du dimanche a prouvé que seuls les communistes savent s'opposer au fascisme. Il est à remarquer que les soldats ne se prêtèrent pas volontiers à la triste besogne qu'on voulait leur imposer. Par contre, les gendarmes furent d'une brutalité révoltante.

Il est très étonnant que de nombreuses victimes ne soient pas à enregistrer. Les militants du Parti et de la C.G.T.U. montrèrent beaucoup de sang-froid. C'est ainsi qu'ils dirigèrent, la manifestation vers la salle-de la coopérative où les orateurs purent parler au public.

Malgré tout, il y eut encore, à la sortie, plusieurs bagarres. La police, jusqu’au bout, combattit la manifestation antifasciste.

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