7 janvier, Gilets jaunes et médias (encore)
Un gilet jaune découvre cette affiche sur 68 que je ne connaissais pas et il constate que ça n’a pas beaucoup changé. Une affiche ne peut pas tout dire mais en l’occurrence j’en fait une lecture inverse : elle confirme la révolution que nous avons connue.
Hier une télé et une radio nous intoxiquait or la répression la plus considérable qui s’est produite en 68 a concerné… l’ORTF où la grève fut dure !
La télé pouvait interdire «Les jolies colonies de vacances» de Pierre Perret mais pouvait aussi produire Cinq colonnes à la Une. Dans les deux cas de Gaulle tenait les rênes.
La première révolution a été la mise en place des «radios libres» une belle mesure qui, en 1981, a ouvert une ère Mitterrand, qui s’est achevée en 1985 avec la première chaîne télé privatisée confiée à … Berlusconi.
Cette mutation n’est pas seulement financière. Hier la télé et la radio étaient aux ordres directs des pouvoirs politiques, et aujourd’hui les pouvoirs sont aux ordres indirects des médias et donc des lobbies. Tout élu a besoin d’un porte-parole, d’un conseiller en communication, et l’essentiel c’est de produire des sondages qui vont servir, non pas à dicter la politique, mais la présentation des politiques. L’industrie de la communication est devenue aussi considérable que celle du tourisme !
Je ne sacrifie pas au discours classique - c’était mieux avant - mais je tente de mesurer la révolution qui a mis en haut du pouvoir, l’irresponsabilité. Et ceux là même qui alimentent l’irresponsabilité (les rois des médias) vont ensuite s’étonner des bouleversements de la classe politique ! Ne l’oublions pas le livre de Macron pour la présidentielle, sous les conseils de la com, s’est appelé Révolution, pour mieux tromper l’électorat. Imaginons de Gaulle prônant la révolution !
Déjà en 68 les gens n’étaient pas tous des moutons et la révolte des gilets jaunes le confirme pour aujourd’hui. Cette affiche est un peu méprisante envers le peuple et envers ceux qui au sein de la télé et de la radio se battaient pour informer vraiment (et ils furent licenciés en juillet 68).
En Tarn-et-Garonne beaucoup pensaient que le pouvoir de La Dépêche était tel qu’il assurait à jamais le pouvoir de Baylet or il a été deux fois battu. Les médias veulent contrôler le pouvoir, on peut leur échapper, mais pour quel résultat ? Toutes les analyses vont porter sur « l’image » et pendant ce temps rien ne change dans le fond. L’image d’une ville, d’un département, d’un homme etc.
Cette mutation-privatisation est accompagnée par la révolution numérique. Qu’on ne s’y trompe pas : la disparition de ce qu’on appelle «les corps intermédiaires» sous l’effet du virtuel, si elle est logique vu l’incapacité des dits corps à se restructurer face à la révolution en cours, n’est pas qu’une bonne nouvelle tant que d’autres institutions ne seront pas en place. C’est bien beau de faire disparaître d’abord les fédérations associatives (par exemple la Ligue de l’enseignement), puis les partis politiques, les syndicats, mais l’état gazeux qui en résulte porte en lui pas mal de dangers.
En matière de médias, il ne suffit donc pas de dire qu’ils nous intoxiquent, il ne suffit pas de tenter la mise en place de médias alternatifs, il devient indispensable de mettre en place dès règles nouvelles. Transparence sur le système financier, obligation d’accès des associations aux dits grands médias, et protection assurée de la classe politique. Ce que j’appelle des médias laïques car si hier les religions cherchaient à contrôler le politique, c’est à présent les médias… que des religieux savent user comme intermédiaires ! J-P D.