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Vie de La Brochure
29 septembre 2020

Edmond Paravel témoigne pour Peyrières et Durou

Paravel

Voilà encore une face du travail réalisé entre 1980 et 1985 : récupérer des livres rares (disponioble sur Amazone). Celui-ci évoque un parcours qui passe par la Centrale d’Eysses et va jusqu’à Dachau. A Eysses et ensuite dans les camps il a croisé Peyrières et Durou qu’il présente ainsi.

 « MARC PEYRIERES

Marc Peyrières, né en 1893, condamné à 5 années de travaux forcés, habitait la commune de Septfonds, à petite distance de Montauban.

Cette commune de Septfonds fut choisie pour y installer un camp d'internement à l'usage des Républicains espagnols vaincus, réfugiés sur notre sol.

Au préau 4, Marc Peyrières habitué au commandement, ancien sous-officier de l'armée française assurait pour nous l'autodiscipline que nous nous étions imposée.

Et il s'acquittait parfaitement de cette tâche.

Notre regretté camarade resta un certain temps en notre compagnie à Dachau puis il fit partie d'un «Transport» qui le conduisit au camp d'Auschwitz, cet horrible camp des camps de l'Allemagne hitlérienne.

Jugé «trop vieux» pour y travailler et par conséquent, pour survivre, Marc Peyrières y fut ignominieusement assassiné et disparut en fumée par la gueule noire et puante des crématoires.

Ce combattant de la première guerre mondiale, ce volontaire de la liberté, était âgé de 50 ans.

 AIMÉ DUROU

Aimé Durou, lui aussi Tarn-et-Garonnais, était né à Caussade en 1891, et exerçait à Septfonds la profession de boucher.

Condamné à 15 années de travaux forcés, il était entré de plain-pied dans la Résistance, au même titre que Marc Peyrières, son meilleur ami.

Très bon camarade, à l'abord facile, aimant conter histoires drôles et mots poivrés, Aimé Durou était, en outre, doté d'un assez remarquable organe vocal.

Fin musicien, possédant toute la gamme du répertoire classique, nous aimions beaucoup l'entendre «nous pousser» quelques grands airs, toujours fort appréciés de tous.

Il ne resta que peu de temps à Dachau et fut dirigé sur un des kommandos du camp de Buchenwald.

Nous l'avions donc perdu de vue à la libération et nous ignorions tout de lui, lorsque nous le vîmes réapparaître début mai 45, rare rescapé d'un convoi arrivant du grand camp proche de Weimar.

Transformé en véritable squelette ambulant, Aimé Durou n'avait plus que quelques jours à vivre.

Sa mort fut précipitée par une réalimentation trop rapide, trop importante et trop riche en calories.

Il ne fait aucun doute qu'un service médical, compétent sur les problèmes de dénutrition et fonctionnant dès les tout débuts de la libération des camps, aurait sauvé de très nombreux détenus.

L'erreur fatale du service de santé de l'armée américaine à Dachau fut d'avoir alimenté les survivants comme des hommes normaux, sans contrôle, trop vite et trop lourdement pour nos organismes délabrés et notre système digestif totalement inadapté à la surcharge subite qui lui était imposée.

Aimé Durou fait partie de nos camarades, physiquement et psychiquement morts d'épuisement, qui eurent l'immense joie de connaître leur libération mais qui ne purent en profiter que l'espace d'un matin. »

 Je lui avais écrit pour préciser le prénom de Peyrières. Il m'avait répondu :

« Je crois que le véritable prénom de notre regretté camarade était Marc, car c’est ce qui figure en annexe sur l’ouvrage collectif de la Centrale d’Eysses « Le Bataillon d’Eysses ». L’autre prénom de Raymond ne serait donc qu’une confusion de texte.

« En ce qui concerne Durou je crois être un des très rares survivants à la Centrale d’Eysses à avoir assisté à son arrivée du camp de Buchenwald et à son agonie, à la libération du camp de Dachau. Durou était alors d’une effrayante maigreur et pratiquement mort d’épuisement et de faim. Cette image, parmi tant d’autres, me torture toujours et je ne me sens pas le courage de revenir sur ces macabres détails.»

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