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Vie de La Brochure
29 septembre 2020

Droit à la différence dans l’égalité ?

Comme chacun sait la différence est naturelle. Un fait sur lequel s’appuie l’ordre existant pour justifier son existence. L’extrême-droite a toujours été la plus friande en différences : parce que les noirs sont différents des blancs il est juste que les blancs soient supérieurs aux noirs. La différence explique toutes les hiérarchies.

Contre cet état de fait les révolutionnaires ont toujours plaidé pour l’égalité. La différence comme fait naturel, l’égalité comme construction politique et culturelle. Telle est l’essence de la révolution française : il n'y a plus trois états mais des citoyens.

Comme toujours dans l’histoire les réactionnaires ont d’abord ridiculisé la révolution pour finir par s’en servir à leur avantage. Face à une égalité qui serait devenue dominante, il était temps de revendiquer «le droit à la différence». Les pauvres différents devenus victimes des égalitaires ! Depuis on n’est pas sorti de ce renversement audacieux qu'on appela la révolution conservatrice. 

Sauf qu’avec les années 1970 il est apparu qu’en effet, à côté des différences naturelles, il existait des politiques imposant des différences sociales d’où la revendication de gauche du « vivre au pays ».

Le PCF a eu du mal avec cette revendication et il a fini par lui donner une tournure plus sociale : « vivre et travailler au pays » sans pour autant se confronter au problème de fond : le lien avec l’égalité.

On a donc vu arriver, surtout avec la gauche au pouvoir après 1981 cette idée vicieuse : il faut donner plus à ceux qui ont moins pour rétablir l’égalité. L’école toujours au cœur des mutations du politique invente alors les zones d'éduction prioritaires (quand partout les bourses sont supprimées !). En soi « le donner plus à ceux qui ont moins » a toujours été au cœur de politiques progressistes avec les bourses, sauf que tout d’un coup ce ne sont plus les familles qui en ont profité, mais des zones géographiques, et là est le vice. L’urbanisme crée des ghettos et ensuite pour soigner les ghettos l’école devient en ZEP. Il y a eu des oppositions à cette mutation mais pour proposer quoi ?

Le philosophe Henri Lefebvre, toujours à l’attention des mutations sociales, a alors proposé le droit à l’égalité dans la différence. Puis, après réflexion, il a ajusté : le droit à la différence dans l’égalité. A chacun d’apprécier la nuance.

Ce qui est sûr c’est que les grands médias ne peuvent entrer dans une telle complexité. Un elle est politique et eux sont là depuis les années 1980 pour tuer le politique. Deux elle est globale et eux sont là pour fractionner, pour désarticuler, pour la loi du micro trottoir qui donne la parole aux différentes opinions ! Notez que les deux points disent la même chose puisque le politique est là pour construire.

Et voilà que subitement le mot créolisation devient médiatique et donc J-L Mélenchon qui est médiatique comme le fut Georges Marchais, nous en fait même une théorie ! Notons cependant une différence entre Marchais et Mélenchon : le premier avait tout un «appareil» et jusqu’à un quotidien pour garder sa propre expression, Mélenchon est médiatiquement seul (et cultive cette solitude). Il a son blog pour le prouver qui est plus important que le blog de son mouvement LFI. Médiatique ne signifie pas : aimé des médias, mais instrument des médias. Même si c’est pour dire du mal de vous, l’essentiel c’est d’être dans les médias qui ont leur propre agenda. Pendant un temps le sous-commandant Marcos était dans les grands médias et il savait en user, puis un beau jour les médias sont passés à autre chose, et il existe donc dans le silence (il a préféré changer de nom).

Donc Mélenchon a fait le bonheur du Nouvel Observateur en se faisant le chantre de la créolisation, bien dans la ligne du journal (il est important parfois de caresser les médias dans le sens du poil). Il lui est arrivé de promouvoir l’écosocialisme comme si l’idée était nouvelle et il fait pareil avec le créole. Bref, dans l’article en question, cherchez où il place le mot égalité ? J-P Damaggio

P.S. On ne combat pas le sens de la différence style extrême-droite par un sens de la différence style Nouvel observateur qui ne fait, en réalité, que conforter le premier, et ça dure depuis des années même si l'Obs vaut parfois beaucoup mieux !

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