Le mariage de Valentine Prax à Bruniquel
cet article complète la présentation globale du mariage
Dans son livre de souvenirs ‘Avec Zadkine’ Valentine Prax raconte son mariage qui explique bien des points :
1 ) En cet été 1920 elle était à Collioure alors que Zadkine, comme l’été précédent était à Bruniquel. Elle aimait la mer et lui les forêts.
2 ) Elle était avec les Foujita et sans doute avec Manuel Cano heureux de se retrouver en Catalogne et voilà comment ils furent les témoins. En venant de Collioure.
3 ) On a la confirmation de la misère de l’artiste vu la maison habitée.
4 ) On y découvre l’intervention de paysans permettant le mariage !
Un témoignage qui s’ajoute à d’autres. J-P Damaggio
Avec Zadkine Valentine Prax page 41 à 43
Les Foujita m'invitèrent à venir avec eux à Collioure vivre l'été qui s'annonçait. Le charmant et vieillot village catalan qui, à cette époque, jouissait encore de tout son pittoresque — ce qui faisait supporter l'odeur parfois nauséabonde de poissons pourris et d'excréments de toutes sortes —était déjà aimé et fréquenté par des peintres, Survage en particulier.
A Collioure, j'aurais aimé ne penser qu'à la peinture mais ma peine de devoir renoncer à une vie souhaitée en compagnie de Zadkine altérait mon moral et ma santé... Fernande préparait, chaque jour, le même plat: bifteck et pommes frites. Quelques mouches tombaient dans la poêle. Dégoûtée ou trop peinée, je ne mangeais guère et Fernande disait: « Ce sont les mouches qui t'empêchent de manger? Enlève-les, mange les pommes et oublie ton Zadkine. »
Or, un jour, arriva un télégramme : «Viens. Parlerons mariage.» Aussitôt, je partis pour le Tarn-et-Garonne, pour ce pittoresque village de Bruniquel. La Russie ayant changé de régime, il était impossible de communiquer avec ce pays; aussi, Zadkine sans les papiers nécessaires à un mariage, réunit-il une dizaine de paysans qui promirent de jurer qu'il habitait Bruniquel depuis longtemps. Nous passâmes une agréable journée, déjeunant dans le bistrot du chef-lieu de canton avec les paysans qui avaient assuré que nous étions bien des leurs et faisant un amusant voyage dans de charmantes petites carrioles — appelées « jardinières », je crois — traînées chacune par un cheval.
Le mariage fut on ne peut plus modeste, faute d'argent, mais la découverte de promenades à faire parmi bêtes, maisons séculaires, arbres et vieilles pierres, compensa le regret de n'avoir pas même de quoi s'acheter des alliances. On nous en prêta. Les Foujita vinrent et furent nos témoins. Mes parents vinrent aussi.
