Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Vie de La Brochure
29 septembre 2022

La révolte iranienne : réflexions

Les commentateurs hésitent : révolte ou révolution ?

Pour comprendre il faut revenir au tout début en 1979-1980 ? Le peuple révolté a pu produire une révolution au prix de grands sacrifices humains. Pourquoi la révolte s’est transformée en révolution ? Pour une raison très simple : elle était relayée par diverses organisations politiques très solides : le clergé musulman, le Parti communiste (Toudeh) et les Moudjahidin. Tous unis ils ont réalisé l’impossible : chasser le pouvoir made in USA.

Oui, mais après ? Le clergé a pris le pouvoir et a imposé le foulard aux femmes. Des manifestations monstres se sont déroulées. Les autres tendances de gauche ont tenu ce langage même en France pour le PCF : « Pour le moment les USA ont été chassés, c’est l’essentiel, et pour les femmes on verra plus tard. »

L’islam politique a d’abord éliminé les Moudjahidin et les communistes n’en furent pas mécontents car ils allaient pouvoir occuper toute la place à gauche. Mais ce fut leur tour ensuite.

C’est là, en 1980 que je noue la suite de l’histoire. Certains on lancé : « entre les Mollahs et les USA, vive les Mollahs qui crachent sur les USA ». Comme s’il était impossible de dénoncer les Mollahs sans tomber dans un soutien aux USA ! Comme s’il était impossible de dénoncer le Hamas en Palestine sans tomber dans les bras d’Israël (là aussi les deux pouvoirs s’adorent).

Des pouvoirs US qui finalement n’étaient pas mécontents des Mollahs car ils pouvaient dire : «Voyez ; avec eux, c’est le retour au Moyen âge ». La complicité fut telle entre les deux ennemis que les USA ont soutenu l’Irak pour qu’il fasse à la guerre à l’Iran ce qui ne pouvait que souder le peuple iranien autour des Mollahs !

Ce fut là une erreur stratégique de la gauche dont elle refusa de tirer les leçons. Au contraire, elle ajouta plusieurs autres erreurs.

Mais revenons, à partir de ce souvenir (je l’avais mis dans un cahier où je découpais alors les articles sur le sujet), à l’actualité.

La révolte m’est d’autant plus émouvante qu’elle ne pourra se transformer en révolution. Je ne joue jamais au savant lisant dans les lignes de la main, mais à l’observateur qui juge le présent.

Est-ce que la révolution démocratique en Syrie a pu réussir ? Non, pourtant elle s’appuyait sur des forces organisées. Quand les pouvoirs n’hésitent plus à massacrer en sachant que leurs massacres vont à la fois tuer les démocrates et alimenter les extrémistes religieux, il ne reste plus que l’énergie du désespoir pour se révolter !

C’est exactement comme quand les Mollahs lancent la « République islamique ». Un oxymore cher au pouvoir. Par définition, une république ne peut pas être islamique, chrétienne où j’en passe. S’il y a République alors le religieux reste dans les lieux de culte. Oui mais « la démocratie chrétienne », n’est-ce pas un autre oxymore ? Par définition là aussi, la démocratie chrétienne ne se place pas au-dessus de la république mais en dessous. Ce ne fut jamais elle qui au-dessus de la République a eu le droit de choisir TOUS les candidats à une élection.

Même si les femmes ne gagnent pas en IRAN, elles relancent l’indispensable débat sur la place des religions dans nos sociétés (et je parle de toutes les religions) qui ne peut que se conclure ainsi : quand une contre-offensive laïque va-t-elle permettre d’inverse la tendance dramatique que nous voyons à l’œuvre depuis 1980 ? La France étant un des pays phares (et non une anomalie) en matière de laïcité, les forces émancipatrices devraient être en pointe unanimement. Nous en sommes lois ! J-P Damaggio

Commentaires
Vie de La Brochure
Archives
Newsletter
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 1 055 434