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Vie de La Brochure
7 décembre 2020

Cassou, Zadkine et l’anticléricalisme.

christ sans croix

A la fin de son livre de témoin, une vie pour la liberté (1981) Jean Cassou revient sur son lien à Zadkine :

 «D'autres figures surgissent. Il en est qu'on aura déjà croisées. Zadkine par exemple. A moins que cette impression me vienne de ce que j'ai souvent parlé de lui. En particulier je lui ai consacré un long texte pour présenter une très soigneuse réédition par les éditions Erker (Saint Gall, 1978) de l'un de ses tout premiers ouvrages, une suite d'eaux-fortes de la guerre de 14. Je dis en ce texte que, si loin que remontent mes souvenirs, ils trouvent Zadkine. En effet il a été une de mes toutes premières rencontres de Montparnasse, ce Montparnasse où il était revenu après s'être fait gazer à la guerre. Déjà ses longs totems abrupts témoignaient d'une humeur fantasque, qui ne se laisserait pas démentir et demeurerait imperturbable. Elle devait le mener aux plus magnifiques degrés du tragique, à la glorification des nations prisonnières et des villes détruites. Il était en tout poète, et superbe et audacieux poète, et le compagnon le plus drôle qui soit. D'une drôlerie toute en explosions métaphysiques de même style que son génie.»

 Cette amitié née en 1918 et qui s’est prolongée jusqu’à la mort de l’artiste et même au-delà vue la préface évoquée de 1978, amitié liée à tout un groupe qui réalisa des revues comme, Lettres parisiennes, tenait grâce à un ciment l'anticléricalisme. Et, aujourd’hui, je suis obligé de rappeler qu’il est impératif de distinguer le clergé et la religion. Zadkine justement en est un bel exemple qui offrit à la cité qui l’accueillit pendant des années (Caylus), une magnifique statue du Christ installée dans l’église du lieu (un christ sans croix, j'ai envie de dire sans clergé). J’ajoute que Cassou évoque ce terme d’anticlérical pour le définir, le jour très précis où il rencontra aimablement le dirigeant communiste François Billoux qui suite à son voyage en Yougoslavie lui rappela que dans ses écrits il y avait une ligne rouge à ne pas franchir : dire du bien de Tito. Il a franchi la ligne rouge et a aussitôt découvert la pluie d’insultes tombant sur lui et venant d’abord, politesse oblige, de son beau-frère ! Le communisme fut une religion et en cela elle pouvait apporter du mieux à la société, sauf qu’elle produisit son propre clergé pas plus tendre que les autres.

Pour en revenir à ce groupe de 1918, uni par l’anticléricalisme, au nom de la production culturelle, il ne tomba pas non plus dans la religion du surréalisme, du cubisme etc. Il pouvaient être surréalistes, cubistes dans la mesure où il s’agissait de moyens pour mieux exprimer ce qu’ils avaient à dire.

Depuis toujours les clergés s’acharnent à montrer que toute critique les concernant est une critique de la religion (et c’est vrai pour toute les religions d’où le terme d’islamophobie). Aussi quand dernièrement sur France 3 Midi-Pyrénées, à la question du journaliste sur le blasphème, l’évêque de Toulouse répondit : «Oui, il faudrait interdire le blasphème», ça m’a rappelé qu’il y avait encore beaucoup de travail pour les anticléricaux. J-P Damaggio

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