Immigrés au centre des débats ?

Une coïncidence a fait qu’alors qu’un Résistant communiste arménien entrait au Panthéon je présentais à Castelsarrasin l’histoire d’un Résistant communiste Italien. L’heure est-il à la glorification des immigrés qui ont fait la France ? L’histoire est toujours la même depuis longtemps.

D’un côté les gens d’extrême-droite dénoncent ces immigrés qui viennent manger le pain des Français et qui détruisent la culture française.

De l’autre ces gens de gauche qui célèbrent l’apport de ces immigrés que la France accueille à bras ouverts suivant les principes de la solidarité républicaine.

Je l’ai vérifié pour les Italiens : inutile d’évoquer pour les gens de gauche comme de droite, ceux qui furent des Italiens fascistes. Pour la gauche ils méritent l’oubli. Pour la droite aussi, mais pour des raisons inverses. Quand on est de gauche inutile d’évoquer ces immigrés qui firent la France des truands car c’est apporter de l’eau au moulin de la droite et de l’extrême-droite.

Pendant que se poursuit ce vieux débat ridicule (chez les Immigrés comme chez les Français il y a toujours eu de tout monde) le pays change de base. Les questions d’hier ne sont plus celles d’aujourd’hui.

Je prends l’exemple d’un ami qui indique sur facebook que vu le refus de nationalité fait à Michel Manouchian il serait aujourd’hui un sans papiers bon pour l’expulsion. Par divers réseaux contradictoires la figure de Manouchian est devenue celle de l'Etranger... qu'il ne voulait pas être ! Paradoxe : la propagande de Vichy en a fait un Etranger dans un procès médiatique alors que les Etrangers n'étaient jalais jugés ! Et aujourd'hui on retient surtout qu'il était Arménien ! 

Or du temps de Manouchian, l’Immigré à qui on refusait la nationalité n’était pas un sans papier. Il pouvait y avoir quelques exceptions éphémères mais tout Immigré avait en poche un contrat de travail en France, avant de passer la frontière. C’est vrai, il pouvait être faux parfois, d’où le passage de la frontière en des zones reculées mais très vite, il trouvait le travail promis (ou découvert) et obtenait ausitôt une carte d’identité d’étranger, et des sauf-conduits pour voyager. Il lui fallait surtout des papiers !

Du travail ? Oui l’Etranger était exploité sans vergogne et de ce point de vue, rien n’a changé, avec cet autre débat : les Etrangers font les travaux que refusent de faire les Français. C’était vrai hier, mais à gauche il ne faut pas le dire. Sauf qu’à droite on ajoute : en fait ils ne veulent pas travailler mais profiter des aides.

Le discours sur les Etrangers fait souvent le bonheur de personnes qui haïssent la France. A Gauche, pour effacer une honte du passé colonial ou l’idée d’une France raciste, on célèbre des Etrangers qui ne rêvent que d’une chose... s’installer dans la dite France... raciste ! A Droite, pour célébrer une France mythique on dénigre des Etrangers qui vont la salir. C'est pour dire une haine de la France démocrate.

Toute l’histoire démontre que la France se transforme au contact d’Etrangers et que les Etrangers se transforment au contact de la France. Ainsi va la vie.

Le pays a changé de base dans le sens où le travail a changé de base, et les espoirs divers se sont tentés de désespoir. Pour la dernière fois de l’histoire, en 1945, ce fut le temps des lendemains qui chantent et l’augmentation du taux de natalité, en fut la preuve. Merci à la guerre... conduisant à une paix source de soulagements ? Des fascistes comme des communistes italiens se retrouvèrent d’accord pour dire merci à une France qui leur apporta le dur travail qu’ils espéraient, pour vivre mieux. Un consensus qui ne peut plus exister. Victor Massola comme Michel Manouchian luttaient pour la liberté en France et, avec ou sans carte d'identidté (Victor ne l'aura que très tard),... ils étaient Français ! 

Cessons de chercher, s’il faut dénigrer ou célébrer des Etrangers, ou s’il faut désigner qui est le gagnant dans l’immigration, pour mesurer qu'à présent; la vie va devenir inhumaine pour tous. Et quant au Panthéon il ne sert qu’à confirmer la disparition de la politique… dans le spectacle. Ce qui est la négation de toute politique. Bref, vive ceux et celles qui ont fait la France démocrate et peu importe leurs origines, leurs sexes, la couleur de leur peau. D'autant qu'il faudra l'aide de tous pour la reconstruire. JP Damaggio