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Vie de La Brochure
20 février 2024

La mort d'Auguste Quercy

Dans une vie antérieure j'avais prévu d'éditer un livre sur Augustin QUERCY  né à Lafrançaise, 04.06.1853  et mort à Montauban, le  25.01.1899 à l'âge de 45 ans. Il est né dans la maison de Mary-Lafon, il est devenu un soutien de Léon Cladel et je voulais écrire ce livre pour le sortir de l'image de Félibre. Oui il fut un grand défenseur de la langue d'oc mais en tant que militant républicain créateur du journal Le Petit Montalbanais devenu La Tribune et il a été conseiller municipal. Un républicain indépendant, sincère, honnête et même si La Tribune a beaucoup évolué (en mal) voici l'article que le journal lui consacre à sa mort. JPD. 

  Auguste Quercy

C’est l’ami de dix-sept années, mieux encore au compagnon intime des luttes quotidiennes, des jours bons ou mauvais, dont l'affection vigilante, dévouée fut toujours appui solide, guide avisé et précieux réconfort, qu’au nom des nôtres, nous apportons ce dernier souvenir.

Auguste Quercy nous aimait comme nous l’aimions, et sa mort foudroyante en pleine force, en pleine santé, en pleine vie, a été auprès du déchirement des siens, pour nos cœurs aussi un cruel déchirement.

La surprise émue de la cité en apprenant au réveil la fin de son poète, emporté à 45 ans par un mal inconnu, imprévu, est le plus juste comme le plus touchant hommage. Fils respectueux et dévot de notre vieille langue « mayralo », butinant au jour le jour les vocables oubliés ou perdus, il avait su intéresser à son patient labeur et l’érudit, et l’homme simple, comprenant enfin la valeur, la fruste saveur de l’héritage trop longtemps dédaigné ou méconnu.

Il allait distrait à travers son rêve, cueillant aux fleurs du passé, dégageant des mœurs effritées les curieuses légendes, passionné pour tout ce qui a été de la vie et de l’histoire, pour tout ce qui a conservé l’empreinte plus ou moins effacée des hommes de notre race, des choses de notre sol. Il redonnait à cette cendre éteinte chaleur, couleur, et comme un frisson d’actualité, en empruntant à la sève des grands chênes, au parfum de nos prés, à la monotonie sévère de nos causses, comme à la richesse plantureuse de nos moissons blondes un peu du meilleur de ses vers.

Mais le poète ne nous appartient pas. L'œuvre qu’il laisse, en partie ébauchée, est cependant assez complète pour dire — ce qu’elle seule peut dire — la valeur réelle de l’artiste. Cette œuvre posthume apparaîtra plus touchante encore, elle sera mieux et plus impartialement goûtée, étant déjà chose du passé. Elle aura le charme que donne le regret et le mystère d’une existence inachevée.

Ce qui nous appartient, ce qui est bien nôtre par l’effort commun, par la communauté de but et de pensée, c’est l’homme, l’homme d’énergie, de volonté et de caractère. C’est ce trait distinctif de la physionomie si particulière et si attachante d’Auguste Quercy, pour rendre un juste et fidèle hommage à sa mémoire, que nous devons ici mettre en lumière.

Au milieu des incertitudes, des hésitations calculées, des habiletés plus ou moins menteuses ou perfides, des indolences ou des apeurements qui semblent être la sagesse et la méthode préférée du temps présent, Auguste Quercy voulut et sut être quelqu’un. Il avait ses affections et se3 antipathies. Il avait encore, chose plus rare, et très rare, le culte de ses amitiés ; il leur resta toujours fidèle.

Dans l’âpre et souvent dure mêlée quotidienne où il aimait à se jeter, car il était combattit, il savait rendre coup pour coup et manquait rarement l’adversaire. Mais, la lutte close, il n'en conservait aucune rancœur, prêt, le lendemain, à tendre la main, à rendre service à qui lui avait nui la veille. Il occupa des situations enviées et sut les quitter sans amertume. Il avait le droit de se sentir supérieur.

Il ne fut pas, comme d’autres, grisé par le succès, ni aigri par la défaveur. Il sut être toujours égal à lui-même, n’élevant pas ses désirs, ni ses ambitions au delà de ses moyens, ni de ses forces. Se sentir inférieur à sa tâche aurait été pour cette nature délicate et fière chose insupportable. Et cela encore était et demeure en exemple.

Dans le flot incessant, tourmenté, des opinions qui passent, il sut également choisir et se fixer. Il n’allait pas à l'actualité pour briguer des caprices. Il crut à la vérité nécessaire, seule féconde, malaisée à saisir, mais d’autant plus précieuse. Il sentait qu’une parcelle de cette vérité vaut tous les sacrifices. Il avait la raideur d’une conviction ferme et la souplesse qui écarte les difficultés, séduit, conquiert, forces nouvelles à la Cause.

Celte Cause, léguée par nos morts, — car leur liste s’allonge, - nous est plus chère encore. Auguste Quercy avait puisé dans l’intelligente recherche du passé, dans l’observation aiguisée des traditions et des coutumes, la connaissance plus complète de ce qui convient plus spécialement aux intérêts comme aux aspirations du pays qui est le nôtre. En reconstituant la langue, il avait mieux aperçu l’esprit quercynol, et ce qui reste immuable, vivace, sous les générations tour à tour descendues vers la nuit. !

Il fut un homme de son temps, en demeurant un homme de sa race. Et cela est un enseignement et peut-être la solution du problème angoissant pour tous les esprits. Peut-être n’y a-t-il qu’à se pencher pour mieux entendre la voix et le battement de cette terre où il repose, de cette terre qui sera douce à ce fils qui l’a tant aimée, et dont l’amour seul peut suspendre et guérir les querelles vaines et stériles, plus vaines encore devant les tombes. LaTribune

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