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Vie de La Brochure
19 janvier 2021

Railcoop pour le Bordeaux-Lyon

Au premier abord le projet Railcoop enthousiasme des défenseurs du rail. Il vient de donner lieu à un long reportagre d'Envoyé Spécial. Oui, il faudrait activer la ligne Bordeaux-Lyon mais passer par une coop c'est valider la privatisation du rail car la coop va se trouver en concurrence avec d'autres projets. Deux cheminots font des observations l'un en caractères normaux et l'autre avec des compléments en gras. Je ne dis pas que je suis totalement d'accord mais je dis que le débat s'impose. J-P Damaggio. 

 

Petite réaction au reportage d’hier et aux articles sur le « miracle » Railcoop. 

comme tu dis, s 'agit-il du "Miracle " (.....aux allouettes ??)

Mise au point sur Railcoop :

1) Les initiateurs véhiculent un certain nombre de poncifs sur la SNCF (structure trop lourde, on fera plus circuler les rames avec moins d'entretien...). comme beaucoup d'autres détracteurs du chemin de fer. Au départ, ils présentaient leur modèle comme totalement autonome, c'est exactement ça  avec du matériel neuf... ça ne semble plus être le cas. c'est l'effet "kis-kool" , lorsque tu parles de certaines sujets que tu ne maitrises pas totalement ! Petit à petit on se rapproche d’un principe de réalité : l’entreprise publique SNCF ne gaspille pas de moyens, au contraire. S’il y avait des solutions techniques pour faire mieux à moindre coût, ça fait belle lurette qu’elles seraient en place de la part de mes Camarades Cheminots certainement, de la part de la direction j'ai encore quelques doutes !  Mais chaque décision technique a des conséquences qu’il faut peser: si l'utilisation très intensive du matériel est confirmé, elle va provoquer un vieillissement accéléré qui se chargera de l'entretien ? à quels rythmes ?avec quels personnels? qui remettra en cause la qualité de production et le modèle économique. Donc c’est loin d’être une solution miracle. et oui il faut bien connaitre le sujet, tous les paramètres, les contraintes et la complexité de l'ensemble ! C'est notre coeur de métier

Plus généralement, sur la lourdeur de la structure SNCF, qui est souvent mise en avant par ses détracteurs, elle est pour partie le résultat de la gestion d'un système complexe. Par exemple, au niveau de la vente, si Railcoop décide de se limiter à la commercialisation de ses trains uniquement, cela peut restreindre l'attractivité pour les usagers souhaitant des correspondances avec d'autres trains. ils vendront "des prix",  par forcément des services........... c'est aussi un peu ce que les gens recherchent (comme dans l'alimentaire) Si la SCOP veut étendre sa commercialisation, il lui faudra des moyens de négociation, de suivi, de gestion supplémentaires, donc une structure plus lourde. et oui et c'est là où ils risquent tomber de l'armoire à mon avis : je ne dis pas qu'ils ne soient pas capables d'y arriver, mais comment vont-ils s'y prendre ?   Militer pour des "structures légères", c'est en fait défendre l'atomisation de l'offre ferroviaire peut-être aussi l'automatisation d'une partie de la production... en de multiples compagnies, sans liens entre elles. On s'éloigne là effectivement de l'esprit "COOPERATIF" et de l'intérêt Général !  A termes, ce n'est pas l'intérêt des usagers, comme le montre l'exemple suédois où 70% des habitants réclament le retour à un système public unifié car ils ne se retrouvent plus dans le fatras des tarifs et des correspondances. Au Royaume-Uni aussi avec aussi quelques catastrophes ou accidents passés..

Désormais, Railcoop semble vouloir demander des ouvertures de guichets à Gares&Connexions, d'où le DANGER de "canibalisation" donc se reintegrer petit à petit dans le modèle existant...  mais du coût il faudra assumer ses contraintes et ses contradictions............... !! c’est une sorte de leçon pour les libéraux qui sont tous pleins de « bonnes » idées pour faire du train moins cher parce qu’ils ne connaissent rien aux contraintes techniques. on en a eu l'éclatante démonstration avec  le FRET !  Ce sont les mêmes arguments qui justifient la mise en concurrence donc on peut imaginer qu’un certain nombre de démarches vont faire pshit.

C'est ce que je disais à mon excellent Camarade " B " hier après avoir visionné le reportage: ça fera pshittt ! il m'a répondu qu'ils trouveraient sans doute les fonds : très certainement, car ils sont d'excellents communicants (comme les Macroniens) mais ce n'est pas la Com' qui fait rouler les trains et fonctionner correctement le Chemin de Fer.

2) Le projet n'est pas mené par des amateurs ou des idéalistes.

Dominique Guerée, le Président de Rail Coop a déjà monté le même type de projet à l'occasion de la libéralisation de l'énergie (Celewatt, spécialisé dans les parcs solaires). Philippe Bourguignon, administrateur, a été directeur régional EDF-GDF, puis Directeur GDF-SUEZ Hongrie. Ils peuvent parfaitement avoir des convictions, mais elles sont plus sûrement libérales qu’égalitaristes... bien entendu, les Bus "Macron" devaient aussi révolutionner les transports : nous en sommes où aujourd’hui ? Combien à coûté cette vaste fumisterie ?

3) La stratégie de communication a beaucoup mis en avant la nature de l'entreprise (SCOP) et le fait qu'il n'y avait pas de recherche de profit, qu'il n'y aurait pas de dividende aux sociétaires. Puis le discours a changé pour se centrer sur les dessertes envisagées à condition qu'ils rentrent tout de même dans leurs fonds : nous en reparlerons.

Cela tient probablement aux enjeux économiques et surtout aux perfusions qu'ils recevront de fonds publics, Régionaux, Territoriaux et Municipaux mêmes (c'est déjà le cas !) etc.

Fin août 2020, 500000€ ont été collectes parmi 2000 sociétaires. Il faudrait au minimum 5m € pour lancer la desserte.

Or cette somme ne pourra être atteinte qu'avec le financement de collectivités locales qui mettront la main au pot mais ne risqueront sans doute pas de goûter la crême ou d'investisseurs institutionnels (qui n'accepteront pas de le faire gratuitement, d'où le changement de posture sur la possibilité de rémunérer les investisseurs) les élus Picto-Charentais ont crachés au bassinet pour la LGV Liséa Tours Bordeaux.............. en savent quelque chose et ce sont eux les cocus dans l'histoire !

La tactique semble être de faire le buzz médiatique pour attirer un grand nombre de sociétaires et finir d'enterrer un peu plus le chemin de fer pour mieux le dévorer ensuite ! il suffira d'appeler l'état à la rescousse, lorsque tout ça se cassera la gueule !  et ensuite, faire jouer cette "mobilisation" pour influencer des collectivités. Le reportage d’hier soir va tout à fait dans ce sens.

NE NOUS FAISONS PAS AVOIR !

4) aujourd'hui, les TER et TET sont sous la responsabilité d'Autorités Organisatrices qui doivent passer une convention avec un opérateur (pour l’instant la SNCF) avant qu'une liaison soit lancée. Il n'y a pas d'open access, chaque compagnie ne peut pas décider seule de faire ses trains. Donc soit Rail Coop milite pour le changement de la loi dans un sens encore plus libéral, soit il cherche une décentralisation des financements qui va tout à fait dans le sens de ce que veut le Gouvernement : un report total sur les Régions.absolument  Railcoop va même plus loin en sollicitant les départements et les communes. Pour moi c’est donc une vision très libérale puisque n’ayant pas officialement la compétence pour le faire, ces collectivités rogneront sur d’autres budgets (qui sont eux bien de leurs compétences) pour financer un service public qui dépend théoriquement de l’Etat. J’irais même plus loin : dans cette vision les métropoles auront les moyens d’avoir tous les services publics, alors que les petites communes devront choisir le service public le plus essentiel à leur territoire pour lui attribuer leurs maigres moyens. ce fut déja un peu le cas pour les LGV ! 

Bref, je ne suis pas convaincu du tout par le projet Railcoop et moi non plus !

Et je regrette que beaucoup de militant.e.s se laissent avoir par une vision romantique de l’autogestion pour tomber dans le panneau. Tout ce qui brille n’est pas or... surtout sans débat ! sans échange ! sans avis de tous les intéressés et utilisateurs, des Cheminots eux-mêmes, des politiques "locaux". Ne voilà t-il pas là non-plus un beau sujet d'échanges et de projections syndicales sur la reconquête sociale de nos métiers comme de nos territoires ?

 

Dans un système ferroviaire public qui fonctionne, avec une autorité organisatrice du TET (l'Etat) qui se préoccupe de répondre aux besoins, Rail Coop est inutile.

Réouvrir cette liaison avec la SNCF permettrait de l'intégrer au réseau de Vente, d'organiser des Correspondances ferroviaires efficaces, d’avoir une vraie vision de l’aménagement du territoire qui ne serait pas déléguée aux initiatives privées, etc.

Mieux vaut un projet politique progressiste et un changement de cap du Ministère des Transports, qu’une aventure libérale  ça c'est une autre paire de manches ! un peu comme pour faire face à une pandémie .... Merci. JP

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