Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vie de La Brochure
25 juin 2021

Alberto Bayo et Majorque

Alberto Bayo

Quand j’ai noté l’existence de ce livre, j’ai pensé qu’il était inaccessible.

Quand j’ai constaté que je pouvais le commander à un prix modéré j’ai hésité. Le récit d’un combat militaire raconté par un militaire chef de l’expédition, j’ai imaginé une hagiographie. Mais j’avais lu deux livres du camp adverse alors il me fallait bien découvrir le point de vue d’un républicain !

Le livre est fabuleux car Alberto Bayo lui-même est un personnage fabuleux !

Il a appris à lutter contre la guérilla dans le Rif Marocain en 1910 et l'a transposé cinquante ans plus tard dans les montagnes de Cuba !

Le personnage, d’une famille de militaire, fut un militaire mais par le seul fait qu’il se prenait aussi pour un écrivain, il était atypique. Et d’utant plus qu’il fut passionné par l’aviation naissante comme son frère aîné qui laissa la vie dans un accident.

Alberto Bayo fut victime de plusieurs accidents d’avion mais en réchappa chaque fois.

De part sa longue vie dans l’armée il connaissait bien l’institution fortement divisée entre les conservateurs et les républicains chacun étant actifs dans le Union propre.

Le coup d’Etat de Franco et ses amis ne fut pas une surprise sauf pour les myopes de la démocratie. Dès le 18 juillet Alberto Bayo a compris ce qui allait se passer et en particulier à Majorque.

N’oublions jamais que la victoire du Front populaire en février 1936 fut étroite et à Majorque la population vota largement pour les conservateurs. Les autorités républicaines installèrent le factieux général Goded dans l’île ce qui ne pouvait arranger la situation.

Reprendre les Baléares est devenu pour Alberto Bayo une obsession sachant que ce n‘était possible que par une expédition militaire. Le cas de Minorque où la population a pu garder l’île aux républicains ne pouvait se répéter.

En août 1936 l’expédition est allé de victoires en victoires en libérant Formenterra, Cabrera et Ibiza. Mais Majorque ?

Le débarquement y fut aussi un succès avec l’installation d’une tête de pont solide mais la résistance des fascistes fut terrible et quand l’aide des avions italiens est arrivée le combat risquait d’être perdu. Et il l’a été non pas militairement mais politiquement puisque les autorités de Madrid décidèrent de mettre un terme à l’expédition.

Alberto Bayo raconte l’histoire où c’est sûr, il se donne le beau rôle, mais en même temps quand on confronte son récit à celui de ses adversaires on découvre sa clairvoyance.

D’abord sur le fait qu’on ne gagne une guerre que par des mesures militaires et non pas des incantations.

Ensuite si la démocratie est le seul moyen pour développer des avancées sociales, elle peut s’égarer.

Le 6 septembre 1936, à Majorque, les républicains ne perdaient pas seulement Majorque mais la guerre elle-même !

L’exemple de la guerre d’Espagne s’est répété à Santiago du Chili quand Allende a nommé ministre des armées Pinochet causant ainsi sa propre mort. Les erreurs de la démocratie n’enlèvent rien aux immenses mérites des républicains espagnols et d’Allende mais les masquer au nom des dits mérites c’est tuer la démocratie car c’est la conduire elle-même à sa propre perte. La responsabilité des autorités politiques sont immenses surtout en démocratie car la dictature, ne se souciant pas d’avancées sociales, a la tâche plus facile.

Le livre d’Alberto Bayo est une mine de réflexions définitives sur l’histoire humaine. Jean-Paul Damaggio

Publicité
Publicité
Commentaires
Vie de La Brochure
Publicité
Archives
Newsletter
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 1 024 889
Publicité