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Vie de La Brochure
26 août 2021

Les pêches en 68

pêches en 68 2

J'avais quinze ans en 68 et je me souviens de cette infâmie : "le retrait". Mon père n'a jamais mené des pêches au retrait, cette action consistant à détruire une part de la production en a couvrant de gazoil pour soutenir les prix. Je découvre un article du Monde qui rappellent es faits. J-P Damaggio. 

Le Monde 11 juillet 1968

La surproduction de pêches pose une nouvelle fois le problème de la destruction des récoltes

Le gouvernement vient de prendre une série de mesures d'urgence pour essayer de remédier à la très grave crise de surproduction qui touche actuellement le marché de la pêche. On s'attend en effet à une récolte record de ce fruit, de l'ordre de 600 000 tonnes (précédent record : 480 000 tonnes), et cela au moment même où - au lendemain des accords de Varenne qui ont porté les salaires horaires de l'agriculture à 3 F - les Italiens annoncent, eux aussi, une récolte pléthorique de 1 400 000 tonnes. Depuis mercredi matin les producteurs français bénéficient d'une aide supplémentaire pour leurs exportations vers les pays extérieurs au Marché commun, et surtout l'autorisation de pratiquer ce que l'on appelle pudiquement le " retrait " des lots invendus, c'est-à-dire, en fait, leur destruction pure et simple. Les premiers " retraits " ont déjà eu lieu : les vergers du Grand-Rhône, à Salin-de-Giraud, dans les Bouches-du-Rhône, ont ainsi détruit 100 tonnes de pêches de première catégorie dès mercredi et continueront au rythme de 50 tonnes par jour. Les experts pensent qu'il faudra faire une " ponction " de l'ordre de 100 000 tonnes sur le marché pour l'assainir. La situation créée par cette nouvelle crise a semblé suffisamment grave au gouvernement pour qu'il envisage la convocation d'un comité interministériel et pour qu'il invite le Fonds d'orientation et de régulation des marchés agricoles (F.O.R.M.A.) à lui présenter d'ici la fin de l'été un plan d'ensemble qui pourrait permettre de sortir de la crise actuelle de surproduction et d'éviter son cortège d'absurdités économiques. On peut en effet estimer à plusieurs centaines de milliers de tonnes au total - on parle même de 600 000 - les quantités qu'il a fallu ou qu'il faudra " retirer " du marché, aux frais du Trésor public, en vertu de la procédure prévue par la loi complémentaire de 1962 pour éviter l'effondrement des cours et assurer ainsi un minimum de revenus aux producteurs.

Par F.-H. DE VIRIEU.

P.S. J-P Damaggio : il doit y avoir une erreur dans le texte car il est dit que la production est de 600 000 tonnes et que 600 000 tonnes ont pu être au retrait.)

Publié le 11 juillet 1968

Pressentant ce qu'une telle situation pouvait avoir de choquant du point de vue moral, les députés avaient en 1962 ajouté à l'article 16 de la loi, que leur présentait M. Pisani, deux paragraphes indiquant qu'"en aucun cas le F.O.R.M.A. ne pourrait soutenir une opération de retrait se traduisant directement ou indirectement par la destruction de denrées alimentaires" et que les excédents devraient être "distribués gratuitement, avec le concours des producteurs, aux vieillards et aux économiquement faibles". Très rapidement, il est apparu que cette position généreuse était intenable et le gouvernement a profité des pouvoirs spéciaux pour extirper de la loi en septembre dernier ces deux paragraphes paralysants.

Le système actuel a-t-il fait son temps ?

Au point où en sont arrivées les choses, le gouvernement se trouve devant un problème politique fondamental qu'il préfère poser lui-même avant que les consommateurs, jusqu'à présent peu informés, ne se hasardent à lui demander des comptes : est-il encore possible de maintenir un système conçu pour assurer le soutien des marchés en période d'excédents "conjoncturels" et limités dès lors que la surproduction devient "structurelle", pour reprendre le jargon des experts, c'est-à-dire permanente et importante ? Est-il possible de garantir le soutien des cours dès lors que les arboriculteurs et les maraîchers restent libres de planter ou de semer ce que bon leur semble ?

Il n'est pas question, certes, de rayer d'un trait de plume la politique de "retraits" de lots invendus : tant que l'agriculture restera une activité dispersée sur le plan géographique et que l'homme ne maîtrisera pas les climats, l'ajustement de l'offre à la demande posera des problèmes, et faute de pouvoir arrêter les "chaînes de fabrication" il faudra se résigner à ne pas commercialiser le produit fini. Mais, évidemment, si cet acte de "non vente", si facile à faire, devient de surcroît lucratif, le risque est grand de voir les producteurs s'installer dans une surproduction de plus en plus coûteuse pour la collectivité. (article incomplet)

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