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Vie de La Brochure
25 décembre 2021

Céline et l’extrême-droite

Céline

Je n’ai de Céline qu’une connaissance très superficielle mais mon intérêt pour son assistante Marie Canavaggia m’oblige à chercher plus loin même si mon propos sera noyé dans les nombreux travaux sur l’écrivain. Pour faire simple : le « grand écrivain » peut-il faire oublier son engagement à l’extrême-droite ou inversement son engagement à l’extrême-droite peut-il faire oublier le grand écrivain ? Ou bien est-il possible de séparer les deux questions ?

Pour devenir moins bête je suis allé consulter sur Gallica l’Italie nouvelle, journal à la solde de Mussolini s’adressant en France à l’immigration italienne. En 1940 Céline y apparaît en octobre quand un journaliste s’étonne de son silence :

 

17 octobre 1940 L’Italie nouvelle

« Et Céline ?

APHONSE de Châteaubriant, Henri Jeanson, Marcel Béat, Drieu la Rochelle, tous ceux qui, bien avant la défaite, avaient souhaité le rapprochement franco- allemand et tous ceux qui contre l'hypothèse de ce rapprochement n'avaient rien entrepris, sont depuis quelque temps à l'œuvre. Mais Céline ? Où est-il passé, Céline ? C'est la Gerbe qui, la semaine dernière, a transcrit du Céline. Et c'est de la Gerbe que nous reproduisons les passages suivants :

 Moi, disait Céline en 1938, je veux qu’on fasse, une alliance avec l’Allemagne... Et tout de suite... Et pas une petite alliance, précaire, pour rire, fragile, palliative ! Quelque pis aller ! Pas du tout ! Mais non ! Mais non ! Une vraie alliance, solide, colossale, à chaux et à sable ! A la vie ! à la mort ! Voilà comme je cause !

Voilà comment qu'il « causait », Céline :

Je trouve que sans cette alliance on est rétamés, on est morts, que c’est la SEULE SOLUTION. On est tous les deux des peuples pauvres, mal dotés en matières premières, riches en courage batailleur... Séparés, hostiles, on ne fait que s’assassiner. Séparés, hostiles, côte à côte, on sera toujours misérables, toujours les esclaves des bourriques, des provocateurs maçons, les .soldats des juifs, les bestiaux des juifs ! Ensemble on commandera l’Europe. ÇA VAUT BIEN LA PEINE QU’ON ESSAYE... .

 Est-ce parce qu'il ne s'agit plus de commander l'Europe, avec les Allemands, que Céline se tait ? Pouvons-nous croire cela de l'auteur du Voyage au bout de la nuit ? N'est-ce pas Céline qui nous a appris comment le Français avait fait la guerre de 1914 ? Bourrage de crâne et coups de pied au derrière ? Ce n'est pas avec de tels alliés que l'Allemagne aurait pu dominer l'Europe. N'en déplaise à Céline, qui écrivait ces lignes en 1938, oubliant trop facilement l'existence de l'Axe, il ne s'agit pas de domination de l'Europe, mais de reconstruction européenne. Devons-nous croire que Céline, qui était pourtant prêt à commander l'Europe avec les Allemands, est moins pressé de collaborer avec ces mêmes Allemands (sans oublier les Italiens, cette fois-ci) à la reconstruction de l'Europe ? Bien qu'il ne faille pas oublier que, pour le moment, entre la France et l'Allemagne (ainsi qu'entre la France et l'Italie) il n'y a de signé qu'un armistice. »

 Il est frappant de constater que c’est sa position vis-à-vis de l’Allemagne qui est mise en question et non sa position vis-à-vis des juifs. Avec cette manœuvre : mettre son silence en contradiction avec des déclarations antérieures pro allemandes. Sauf qu’il y a une confusion organisée : en 1938 toute l’extrême-droite française chante : « Plutôt Hitler que le Front populaire »mais avec deux courants : ceux qui veulent un Hitler français (genre Colonel de la Rocque) ceux qui veulent la version originale ! Etrangement les plus collaborateurs seront l’extrême-droite venue du PCF avec Doriot, du PS avec Déat ou des Radicaux avec Bousquet (je prends des figures emblématiques). Pourquoi faudrait-il confondre « alliance » et « soumission de la France à l »’Allemagne » ?

Il faut se souvenir qu’en 1918 il y a le courant d’extrême-gauche qui dénonce la guerre capitaliste mais qui au nom de l’internationalisme ne se veut pas antiallemand, et le courant d’extrême-droite nationale et restera antiallemande.

Pour Céline qui a construit sa grandeur littéraire avec Voyage au bout de la nuit, les Allemands resteront des boches !  A suivre. J-P Damaggio

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