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Vie de La Brochure
29 mai 2022

Le manque de médecins en France

La santé fait discussion dans la campagne électorale mais pas autant que le pouvoir d'achat. Or la santé me semble passer avant le pouvoir d'achat (formule d'ailleurs déplaisante comme si la question de la vie, c'était d'acheter).

Macron a décidé la fin du numerus clausus, et comment ne pas s'en féliciter mais là comme toujours il faut aller voir de la décision à son application. C'est comme l'écart dans les médias entre les discussions sur le budget (nombreuses) et celles sur les comptes d'exploitation (rares). Comme si l'intention comptait plus que le bilan de l'action !

Ce n’est que le 13 septembre 2021 que l' arrêté est paru pour passer du numérus clausus au numérus apertus, c'est-à-dire un numérus adapté aux besoins des territoires.

Depuis 2010, la première année commune des études de santé (Paces pour les intimes) regroupe tous les étudiants espérant devenir médecin, sage-femme, dentiste ou pharmacien. En 2017, début du mandat d’Emmanuel Macron, 13.472 étudiants étaient admis en deuxième année – dont 8.124 en médecine – pour 60.000 étudiants inscrits au concours. On est passé à 14.620 places (toutes filières confondues) en 2019, puis 14.800 en 2020. « En octobre 2021, 16.600 étudiants ont commencé leur deuxième année dans les quatre filières de santé, nous précise le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Si on compte également ceux qui ont rejoint cette formation par des passerelles, on atteint 17.284 places. » A cette rentrée 2021, 11.180 d’entre eux deviendront médecins, contre 9.300 l’année dernière. Il y a donc une augmentation réelle même si les effets ne sont pas pour demain.

 Au-delà des chiffres, c’est toute la philosophie qui change. On passe d’un quota national admis en deuxième année à un objectif sur le long terme (via des plans quinquennaux) et défini par le terrain. Une conférence nationale a en effet évalué les besoins pour les cinq prochaines années : « en moyenne, d’ici à 2027, il faudrait former 20 % d’étudiants en plus en médecine, 14 % en odontologie, 8 % en pharmacie et 2 à 4 % en maïeutique », précise le ministère. Mais ce n’est qu’une moyenne qu’il faudra décliner en fonction des besoins locaux.

 Oui, mais les structures de formation peuvent-elles suivre ? A l’université de Caen Normandie, par exemple, « les capacités d’accueil sont passées de 369 places en 2020-2021 à 436 pour cette rentrée », confirme Hélène Bouraïma-Lelong, vice-présidente de la Commission Formation Vie Universitaire. Soit une augmentation de 20 %. Mais cela suffira-t-il pour répondre au problème des déserts médicaux ? « C’est un pas en avant, amorcé dès 2010, mais qui s’est bien accéléré ces dernières années, reconnaît Nicolas Lunel. Il n’empêche qu’un étudiant qui passe en 2e année de médecine n’exercera que dans dix ans. On est dans le creux de la vague pour encore quelques années… » Surtout, « l’augmentation du numerus, c’est une bonne idée, mais ça doit être fait intelligemment et financé », reprend Nicolas Lunel.

 Car derrière le nombre de bras disponibles, il y a la nécessité de former au mieux et pendant des années les futurs généralistes, gynécologues, psychiatres… « Il est nécessaire de fixer des capacités d’accueil réalistes avec les moyens d’encadrement », souligne Hélène Bouraïma-Lelong. « Il faut mettre plus de moyens, notamment en rénovant des universités souvent dans un état bancal, plaide Nicolas Lunel. Nous manquons de mannequins, d’équipements numériques pour faire des simulations. » Le ministère de l’Enseignement supérieur assure pourtant que 6 millions d’euros ont été donnés aux CHU en décembre 2020, et 10 millions sont prévus pour 2021 afin d’acheter du matériel de simulation. De même, 50 postes académiques supplémentaires sont annoncés par an pendant cinq ans. Les problèmes surviennent surtout au moment des stages, qui commencent dès la 2e année de médecine. Quand un médecin doit soudainement former 10 externes au lieu de 5, on imagine bien que la qualité et le suivi peuvent se détériorer. « Le gouvernement a augmenté le nombre de nos encadrants, admet Nicolas Lunel. Mais quand on regarde la courbe des étudiants et celle des encadrants, l’écart continue à se creuser. Si on forme mal un médecin, il va mal exercer. Qui trinque ? Les patients. » L’ambition gouvernementale est de pouvoir envoyer les futurs médecins se former non seulement dans les CHU, mais aussi chez des généralistes, en maison de santé, dans de petits hôpitaux… et dans des déserts médicaux. Là où certains pourraient décider de s’installer à la fin de leur formation.

 « Il ne s’agit pas de brader la formation, mais de diversifier les lieux des stages », insiste le ministère de l’Enseignement supérieur. « L’ouverture des stages en périphérie permet de désencombrer les CHU et de découvrir d’autres pratiques, salue Nicolas Lunel. Le problème, c’est qu’un externe qui touche 200 à 300 euros net par mois va avoir du mal à payer deux loyers quand il fait un mois de stage loin de chez lui. » Voilà pourquoi l’ANEMF propose de créer des hébergements collectifs avec des loyers limités à 200 euros par mois. Et son président d’appuyer : « Ce serait l’occasion d’échanger entre externes, internes, étudiants en soins infirmiers, sages-femmes… »

Comme on le voit les questions s'emboîtent mais ls discussions suiventg peu ! J-P Damaggio

 

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