Le concert a eu lieu
On peut dire que Dick Annegarn est presque venu à Maubec en voisin puisqu’il vit quelque part dans le sud de la Haute-Garonne dans les Comminges. A quelques jours près, c’était son 70ème anniversaire.
Seul sur scène, avec sa guitare, il a amené avec lui bien des pays, bien des émotions, et autant de drôlerie que de sérieux, la drôlerie en tant que chanteur météo, le sérieux en tant qu’étranger revendiquant le droit de vote en France. J’ai retenu une chanson pour cause d’interrogations personnelles sur les frères.
Un peu comme les Québécois, il met ses chansons en situation quand souvent en France on considère que, si la chanson est bonne, elle se suffit à elle-même, sans commentaires.
Annegarn aime faire partager les conditions de la création et cette chanson sur Théo et Vincent Van Gogh rappelle le décalage incroyable entre des tableaux jamais vendus, et des tableaux aujourd’hui protégés derrière des vitres, qui leur font perdre leur lumière propre.
J’évoque les frères et si celui du chanteur est absent, il a pourtant existé. J’évoque les frères car j’ai connu le rugby au temps où il était plein de frères, et c’était donc un rugby familial.
J’évoque les frères quand je viens de découvrir qu’Antonio Machado en avait un, poète lui aussi.
Existe-t-il une photo de Vincent avec Théo ?
Sur le livre d’Annegarn (Paroles) malgré les nombreuses photos il n’y est pas avec son frère.
Un dernier mot : je discutais mercredi avec un ami qui me faisait observer que les organisateurs de la vie sociale des villages étaient une génération en voie de disparition et le nombreux public était là pour le confirmer. L’animateur de l’association est un ancien instit.
J-P Damaggio
THÉO
Théo, c’est beau un tableau vivant
Théo, il faut que tu m’envoies de l’argent
Faudrait que j’achète de la peinture bleu azur
Faudrait que je trouve des tubes de jaune chrome citron
J’ai un grand besoin de noir et de vert Véronèse
Faudrait que je trouve de la toile de trente sur quarante-treize
Théo, c’est beau un tableau vivant
Théo, il faut que tu m’envoies de l’argent
On peint à deux, c’est ce qu’on s’est dit chez nos neveux
Nos âmes proviennent de la même mère
On peint à deux et tu nous vends si tu le veux
Toi et tes visionnaires
Théo, c’est beau un tableau vivant
Théo, il faut que tu m’envoies de l’argent
Je dois mon mois à la mère d’Adeline Ravoux
Faudrait peut-être que je règle le compteur d’eau avant mardi pardi
Faudrait que je paye la boisson jaune au poison vert clair de lune
Faudrait peut-être que je touche terre
Théo, c’est beau un tableau vivant
Théo, il faut que tu m’envoies de l’argent
Penser tableau à l’aune de l’univers
Voilà le lot de mon âme frère
Tremper pinceau dans l’eau de la rivière
La plaine de Crau comme phalanstère
Théo, c’est beau un tableau vivant
Théo, il faut que tu m’envoies dans le vent
ANTONIO ET MANUEL