L’oxymore et sa double face

Avec des amis danois de passage nous bavardions au sujet de Montaigne et donc de La Boétie. Existe-t-il un oxymore plus oxymore que la servitude volontaire présentée par La Boétie ?

J’étudie en même temps le cas de César Vallejo qui utilise en poésie l’oxymore à des fins révolutionnaires.

Or nous sommes dans une société qui utilise à tour de bras (et à tour de bars) l’oxymore à d’autres fins.

Jean-Jacques Rosé, François Lépineux dans Recherches en Sciences de Gestion 2015/4 (N° 109), pages 125 à 146 se penche sur cet oxymore : le business peut-il être éthique ?

«Ainsi se trouverait confortée la séparation entre le business (contingence de l’utilité) et l’éthique (nécessité du devoir être). Cette coupure confère à l’oxymore de la Business Ethics la force logique d’un syllogisme non explicité qui pourrait se formuler ainsi :

 l’éthique dit le nécessaire ;

 or le business relève du contingent ;

 donc le business est hors du champ de l’éthique. »

 En 2009, dans une interview au magazine Terra Eco Nicolas Hulot dénonce l’abus que l’on fait du terme «développement durable» et a « l’impression qu’il ne s’agit plus que d’une camomille mielleuse destinée à nous faire ingérer nos excès ». Ainsi, aujourd’hui les États, les entreprises, en passant par les institutions internationales, tout le monde récupère ce concept devenu à la mode, n’est-ce pas suspect ?

Selon Bertrand Méheust, auteur du livre La politique de l’oxymore « le développement durable est un oxymore tout comme la croissance verte afin pour que la société se cache à elle-même cette horrible vérité, que son projet fondamental est insensé et intenable, et qu’il mène l’humanité aux abymes. Plus la tension va s’accroître, plus les usines de communication s’alimenteront aux ressources des sciences humaines et produiront des oxymores raffinés. Rappelons que l’étymologie grecque d’oxymore : « folie aiguë ». La Révolution est-elle un folie aussi aïgue que le capitalisme actuel ? J-P Damaggio